Un stratégiste du courtier INTL FCStone parie sur la renaissance de la France, symbolisée par l’élection d’un président de 39 ans et la victoire des Bleus. Selon lui, l’Hexagone est dans une position très enviable par rapport à ses pairs en Europe.
La Place de Paris était plutôt habituée ces dernières années au French bashing mais, depuis un an, un vent nouveau venu des pays anglo-saxons semble souffler. Dernier exemple en date, le courtier américain INTL FCStone Financial vient de publier une note dithyrambique sur la France d’Emmanuel Macron et de Didier Deschamps.
Presque un mot d’amour pour notre pays, qualifié de « best country in the World », et qui depuis 2017 a réussi « trois exploits : gagner de manière convaincante sa deuxième coupe du monde; être élu pays de l’année par les « superviseurs autoproclamés de The Economist » ; et surperformer tous les grands indices boursiers européens ».
Certes, l’auteur de l’étude, Vincent Deluard, est français, mais il témoigne tout de même d’un changement d’opinion des milieux financiers depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017. « Ce pays _ perçu comme un symbole d’immobilisme et de pessimisme (NDLR certains parleraient de « gaulois réfractaires ») _ a élu un président de 39 ans dont la devise est « le printemps sera à nous ».
« Réformes timides »
Si le stratégiste reconnaît que la reprise économique mondiale a fait plus pour le marché actions que les « réformes timides » de Macron, il se dit « convaincu que les perspectives de la France s’améliorent, en partant de très bas » et, selon lui, la victoire de l’équipe de Deschamps en Russie et l’élection de Macron sont plus les « symptômes » que les raisons d’une « lente mais constante renaissance française ».
Pour ce courtier, qui pèse 1 milliard de dollars à Wall Street et emploie 1.600 personnes dans le monde, la France est en effet dans « une position très enviable, comparée à ses grands partenaires européens ». Ses forces ? Sa démographie, supérieure à celle de l’Allemagne ou de l’Italie, son système politique qui s’est mieux ajusté que celui de la Grande Bretagne à la nouvelle ligne de faille idéologique (montée des extrêmes, de l’euroscepticisme, Brexit), son sens de l’unité nationale bien plus forte qu’en Espagne ou en Grande Bretagne, et enfin son économie très orientée dans les services qui la rend « plus résistante que la machine exportatrice allemande en période de guerre commerciale ».
Capitaliser sur le redressement de la France
Pour la société new-yorkaise, la conclusion est évidente : « acheter l’indice CAC 40 contre les principaux indices européens est la façon la plus simple de capitaliser sur le redressement de la France ». Cette stratégie a déjà rapporté 6 % cette année (dividendes inclus)
INTL FCStone n’est d’ailleurs pas le seul à succomber au charme financier de la France. Holger Schmieding, à la banque d’investissement allemande Berenberg, prédisait peu après l’élection d’Emmanuel Macron « une décennie en or pour la France dans les années 2020 ». Elle est, selon lui, prête pour détrôner l’Allemagne (il ne faisait pas alors référence au football) : « L’Allemagne a eu sa décennie dorée. Maintenant, c’est au tour de la France » de prétendre au titre de « puissance économique du continent », à condition de poursuivre sur la voie des réformes.
Si Berenberg avoue une préférence pour les valeurs de la construction et de l’immobilier, Vincent Deluard s’intéresse plutôt aux banques, qui « procurent une exposition globale à la renaissance française ». Délaissées en bourse, elles ont l’intérêt d’être peu chères, d’offrir un bon rendement, et d’être bien positionnées dans la perspective d’une remontée des taux d’intérêt dans les mois à venir.
Pierrick Fay, lesechos
La France adoubée par les superviseurs autoproclamés des revues financières, voilà qui n’est ni nouveau ni surprenant vu le contexte politique actuel. Quant au couplet « La France va dépasser l’Allemagne », on nous le sort périodiquement depuis 1972, date de notre dernier budget en équilibre, quand les Gaulois commençaient à se disputer pour savoir « comment on allait partager le gâteau ». Il avait fallu que le président de l’époque intervienne à la télévision pour calmer les esprits et ramener le peuple aux réalités du moment. Pour le reste (forte démographie, jeunisme de certains…), ce n’est que démagogie, lieux communs et mensonges pour cacher l’avenir sombre qui se profile à l’horizon.