Rire avec des larmes aux Concerts Klezmer de Salomon Bielasiak, par Sarah Cattan

Salomon Bielasiak, né à Lodz, en Pologne, avocat honoraire au barreau de Paris, a appris la langue yiddish et l’histoire juive dans l’école juive laïque de Lodz.

  1. Son père l’emmène assister à une représentation en yiddish avec la grande actrice Ida Kaminska de la Jewish National Polish Théâtre Company : cette expérience aura une grande influence sur son amour de la langue et des chansons.
  2. Salomon s’installe en France avec ses parents. Il continue l’apprentissage du yiddish avec les meilleurs professeurs de Paris.

Chaque 19 avril. Il récite, en l’honneur des combattants du soulèvement du ghetto de Varsovie, des poèmes yiddish.

  1. Salomon commence à collectionner des chansons yiddish du monde entier.

Le voilà membre d’un collectif de cinq associations culturelles juives à Paris. Il obtient Le Pourim-Shpil Unesco.

Il popularise la chanson et la littérature yiddish qu’il emmène de festival en festival, participant, de Berlin à Vienne en passant par Tel Aviv, à des compétitions internationales.

Il invite les nouveaux talents de la chanson yiddish à se produire à Paris et Deauville où il préside l’association DPCJ Deauville pour les cultures juives.

  1. L’Association Deauville pour les Cultures Juives organise un second concert du mythique groupe américain The Klezmatics, groupe new-yorkais fondé en 1985 par le chanteur et accordéoniste Lorin Sklamberg. N’est-ce pas aux Klezmatics que l’on doit d’avoir remis au goût du jour le Klezmer en jouant les standards yiddish aussi bien de façon traditionnelle qu’accommodés dans un style rock, ska ou jazz. La clarinette d’un David Krakauer, celle d’un Kurt Bjorling, le violon d’une Alicia Svigals et la batterie d’un David Licht ? Oui C’est bien avec les Klezmatics que vous avez pu les entendre, comme vous avez pu voir au sein de la formation Frank London, Lorin Sklamberg ou David Krakauer.
  2. Salomon reçoit le prestigieux Prix Max Cukierman pour le Yiddish.
  3. Salomon Bielasiak, outre les concerts, propose des conférences, précisant que tout cela n’est pas confessionnel et que Ces moments de culture sont ouverts à tous. Il organisa ainsi une conférence audiovisuelle en hommage à Théodore Bikel, chanteur yiddish récemment disparu.
Salomon Bielasiac

DPCJ

L’objet de l’association DPCJ est de découvrir les richesse des cultures juives et notamment la richesse musicale du patrimoine juif, témoignage essentiel de la diversité de celles-ci, tout cela par le biais d’un festival réunissant autour de la musique chanteurs, musiciens, acteurs et spectateurs juifs et non juifs dans une volonté d’ouverture et de dialogue.

16 juillet 2018. C’est à Deauville et à l’initiative de Discours de Salomon Bielasiak que fut donné, après un sobre discours du président du DPCJ, un prestigieux concert Klezmer : Sklamberg & the Shepherds, rassemblant trois interprètes renommés de la musique traditionnelle juive d’Europe de l’Est, une toute nouvelle collaboration mêlant la chanson traditionnelle yiddish et russe avec le Klezmer et la musique du sud de la Méditerranée. Lorin Sklamberg, cofondateur et chanteur des Klezmatics, le clarinettiste-compositeur Merlin Shepherd et Polina Shepherd, chanteuse-pianiste-chef de chœur, étaient de la fête.

Pour info, Richard Kenigsman, connu aujourd’hui de nos lecteurs, donna le La coloré à Carnival Conspiracy, l’album CD de Klezmer Brass Allstars de Frank London. Ecoute Pass the Kasha et The Merlin Shepherd Kapelye.

 

 

Lecteur Aimes-tu comme moi L’envoutante L’ensorcelante musique Klezmer. Ces deux mots hébreux kley et zemer qui, mariés, te chantent que les instruments sont les véhicules de la voix intérieure, tu sais, celle qui chante dans l’âme de chacun de nous. Ainsi, un klezmorim parle à son instrument. Il l’implore Le supplie Le console.

Lecteur, Toi l’érudit tu sais que c’est ce klezmer que les baladins juifs ashkénazes colportèrent de fête en fête. Depuis le Moyen Âge. L’enrichissant au fil du temps des apports de la musique slave ou tzigane et puis ensuite du jazz. Rappelle-toi, Lecteur, que suite à un oukase d’Alexandre 1er de Russie vers 1804, l’accès aux grandes villes et donc aux conservatoires fut quasi impossible aux cinq millions de juifs vivant en Europe de l’Est et que, confinés qu’ils furent autour de Kiev, les musiciens parmi eux se formèrent sur le tas, infoutus de lire les notes et jouant d’oreille une musique traditionnelle.

Quand, à la fin du XIXe, nombre d’entre eux s’installèrent aux Etats-Unis, ils y firent prospérer cette musique klezmer en grave danger de mort en Europe du fait des persécutions nazies.

Depuis les années 70, il est popularisé, voire encensé, le klezmer, cette communion joyeuse avec Dieu par le chant et la danse où l’on aime à retrouver à l’oreille les glissandi, Krekhts et autres kvetsh, ces gémissements, soupirs, sanglots et plaintes qui font résonner à l’oreille cette mélancolie déchirante et tout à la fois exubérante, cette spécificité si juive de rire avec des larmes. Tout cela grâce à des musiciens bien décidés à faire resurgir ce monde englouti, éradiqué qu’il fut par la Shoah et refoulé qu’il se tut, par ses survivants marqués à vie : Ce fut notamment le cas des Klezmatics.

Pour info, sache que Mahler, Gershwin, Ravel, Prokofiev ou encore Chostakovitch flirtèrent avec le Klezmer, cette musique d’exil partagée entre nostalgie et espoir et dont l’immensité du répertoire explose grâce au badkhn, le maître de cérémonie lors des mariages, et lors des purimshpil[1].

Klezmer: ce n’est pas seulement une musique – c’est un mode de vie! Aimait à dire Hankus Netsky, alors que Daniel Kahn répondait A kahsene iz azoy vi a levaye, nor mit klezmorim! Un mariage est comme un enterrement, mais avec des musiciens!

Sarah Cattan

 

[1] Jeu d’Esther pour la fête de Pourim.

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