Signature d’un accord de coopération entre le Collège de France et la TAU

Dans le cadre de la Saison France-Israël 2018, un prestigieux colloque interdisciplinaire s’est déroulé au Collège de France en collaboration avec l’Université de Tel-Aviv, le 7 juin 2018.

Y participaient : Dominique Perben, ancien Garde des Sceaux, les Prof. Alain Prochiantz, administrateur du Collège de France, Eyal Zisser, vice-recteur de l’Université de Tel-Aviv, François Heilbronn, président de l’Association française de l’UTA et Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de Physique. Organisé à l’initative des Prof. Antoine Compagnon (Collège de France) et Ruth Amossy (UTA), il a réuni d’éminents chercheurs des deux pays devant une salle comble et a été l’occasion de la signature d’un accord de coopération pour renforcer les liens déjà solides et anciens entre les deux institutions, et ce malgré les attaques sans succès lancées par le BDS contre la prestigieuse institution française.

Les intervenants ont tous relevé les relations de longue date entre le Collège de France et l’Université de Tel-Aviv ainsi que la vigueur et l’ancienneté des liens scientifiques entre les deux pays. « Cet accord signé ce jour porte une symbolique historique puissante. Il est placé sous des traditions pluri-centenaires chères à nos cœurs », a déclaré François Heilbronn. Rappelant les efforts du BDS pour demander l’interdiction de la saison croisée France-Israël, il remercié chaleureusement le Collège de France:  » qui loin de la ‘vulgate’ nous accueille ici dans cette éminente enceinte, collège de Vatable, Renan et Berger. Je veux ainsi voir dans la succession de ces liens d’amitié et de courage au travers de l’histoire, l’expression d’une amitié que rien ne dément et qui trouve sa pleine expression dans la signature de la convention de ce jour ».

Archéologie biblique et littérature

Quatre thèmes ont fait l’objet de tables rondes entre les chercheurs des deux pays: archéologie biblique, littérature et société, énergies renouvelables, physique quantique et théorie des cordes.

Les Prof. Israël Finkelstein (UTA) et Thomas Römer (Collège de France) ont présenté les premiers résultats d’un projet conjoint de l’Université de Tel-Aviv et du Collège de France sur le chantier de fouilles de Kiriath-jearim, lancé en aout 2017 sur un site biblique situé sur l’une des plus hautes collines des monts de Judée à 12 km à l’ouest de Jérusalem, dans le but d’enrichir les connaissances sur le statut, l’étendue et l’organisation des territoires des royaumes de Juda et d’Israël à l’âge du fer (1200 à 1000 av. J.-C., période des Juges et du début de la royauté). La ville biblique de Kiriyat jéarim est en effet le dernier endroit où l’Arche d’alliance a été entreposée par Eléazar pendant une période de vingt ans avant d’être conduite à Jérusalem par le roi David (Premier Livre de Samuel 7:1; I Chron 13, 5-8). Elle fut également probablement le lieu d’un temple de Ba‘al, comme le suggère son nom antérieur, Kiriath-Baal (Jos. 15,60 ; 18,14). La session visait à démontrer le pouvoir de la combinaison de l’exégèse biblique et de l’archéologie moderne dans la reconstruction de l’histoire de l’ancien Israël et à décrire le contexte historique de la composition du texte biblique.

Face à la désaffection actuelle des étudiants pour les Lettres et les Humanités en général, la session suivante tentait de réfléchir sur les manières dont la littérature contemporaine peut servir d’espace de débats, de controverses, voire de polémiques, sur des questions sociétales, et d’analyser ce que la littérature peut nous apprendre sur notre société et sur nous-mêmes. Pour le Prof. Amossy, la fonction des Lettres « ne relève pas du faire, mais de la réflexion sur ce faire, d’un exercice de compréhension et d’analyse critique. Penser, interroger, sonder le monde dans lequel nous vivons est essentiel à la fois pour donner du sens à notre vécu, et pour influer sur nos décisions et nos comportements ». Spécialiste d’argumentation et d’analyse du discours, elle examine comment « le discours littéraire oriente le lecteur vers certaines façons de voir, de comprendre, de sentir la réalité sociale. Le travail de l’analyste est de montrer comment ce discours dit le monde autrement, et ce que chaque œuvre nous invite à interroger et à repenser, dans une remise en question de nos habitudes et de nos certitudes ». Pour le Prof. Compagnon, cependant, « la littérature (la vraie) déjoue tout projet didactique; on la lit malgré lui, elle lui survit, s’en débarrasse comme d’un échafaudage ». Il évoque ainsi une conception postmoderne selonn laquelle « la littérature ne sert à rien, inutile, gratuite (objet esthétique), et c’est pour ça qu’on l’aime… la littérature se revendique comme maudite, étrangère, sans pouvoir ». Il plaide en faveur d’une réhabilitation de la dimension littéraire du travail, souvent passée inaperçue.

Energies renouvelable et gravité quantique

Lors de la session suivante, les Prof. David Andelman (UTA), Guy Deutscher (Collège de France) et Didier Roux (Académie des Sciences) ont discuté du défi crucial posé par la question de la quantité limitée des ressources naturelles sur terre et des dangers qu’elle implique pour l’environnement, en raison du rythme croissant de la population mondiale, de la croissance économique et de l’urbanisation. En outre, utiliser les combustibles fossiles comme principale source d’énergie augmente de manière alarmante la quantité de CO2 et d’autres polluants rejetés dans l’atmosphère, et peut avoir de graves conséquences sur la déstabilisation de la biosphère. Les énergies renouvelables étant souvent proposées comme la solution optimale à ces problèmes mondiaux, les chercheurs ont abordé le rôle et les limites des énergies renouvelables, meilleur futur candidat en remplacement des combustibles fossiles. Ils ont présenté le rôle essentiel joué par l’entropie dans la compréhension de la production énergétique actuelle, de l’augmentation de la pollution et de toutes les tendances irréversibles possibles. En outre, ils ont discuté de l’importance cruciale du stockage de l’énergie, de l’adaptation du réseau électrique et de la nécessité d’une planification de la politique énergétique à long terme (30 à 50 ans). La session s’est conclue sur la nécessité d’avoir une approche plus scientifique dans le domaine des énergies renouvelables et des questions environnementales.

Enfin, la dernière session portait sur la théorie de la gravité quantique. Un des plus grands défis de la physique moderne est de réconcilier la théorie de la gravitation d’Einstein et la mécanique quantique (branche de la physique qui a pour but de décrire des phénomènes que la physique classique échoue à expliquer comme les trous noirs ou l’origine de l’univers), qui constituent deux piliers essentiels de notre compréhension de l’univers. Toutes deux vérifiées avec un succès remarquable, ces théories sont mutuellement incompatibles. Les deux présentations complémentaires de Marc Henneaux et Yaron Oz visaient tout d’abord à expliquer brièvement les principes de la théorie d’Einstein et celles de la mécanique quantique, ainsi que les idées qui ont révolutionné la physique sur lesquelles elles reposent. Puis a été abordé le conflit entre ces deux théories. Enfin les chercheurs ont exposés les tentatives actuelles de synthèse cohérente à travers la théorie des cordes, qui offre à l’heure actuelle les meilleures perspectives de succès pour fournir une description de la gravité quantique, unification de la mécanique quantique et de la théorie de la relativité générale. De plus la théorie des cordes ne s’arrête pas là, et par sa richesse, a jeté des ponts fructueux et parfois inattendus avec d’autres domaines de la physique présentant également des défis passionnants (hydrodynamique et turbulence, physique de la matière condensée et supraconductivité à haute température, information quantique).

Le colloque c’est tenu en dépit des protestations entre autres de l’Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine, dont des membres étaient venu distribuer des tracts devant le bâtiment pendant le colloque, et qui dans un article intitulé « La coupable indulgence du Collège de France », avait qualifié la signature de l’accord entre les deux institutions de « scandaleuse » et la saison croisée France-Israël « d’indigne ».

Source ami-universite-telaviv

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