Les migrants en Europe, un problème politique brûlant, par Raphaël Nisand

De nombreux médias titrent sur l’échec de la réunion des ministres de l’intérieur de l’U.E le 5 juin dernier. Les ministres n’ont pas pu se mettre d’accord sur la réforme du droit d’asile dans l’Union.

Il faut savoir que pour le moment prévaut l’accord de Dublin qui contraint les demandeurs d’asile à déposer leur demande  dans le premier pays européen où ils entrent.

Ce premier pays européen d’entrée devient de ce fait le seul responsable de la démarche d’asile du demandeur.
Ce système certes imparfait avait le mérite de responsabiliser l’état d’entrée mais il fait peser l’essentiel de l’effort sur les pays du Sud européen Italie, Espagne et Grèce et sur ceux de la route des Balkans.

Les Balkans c’est terminé. Ils ont en effet réagi en érigeant des frontières hermétiques y compris avec des barbelés et en votant pour des partis anti-immigration.
C’est désormais le cas de la Slovénie , de l’Autriche et de la Hongrie.

L’Italie est le premier pays du Sud à se donner des dirigeants anti-immigration mais en fait anti-tout , anti-UE, anti-euro et qui bien sûr veulent réformer le principe de Dublin en profondeur.

Pour autant ceux qui incriminent l’Europe en ce qui concerne la crise des migrants se trompent de cible. Ce n’est pas l’Europe qui est fautive de la crise des migrants ni dans le passé ni dans le présent mais bien les pays d’origine de ces migrants ainsi que les mafias profiteuses. L’Europe n’est qu’une mariée trop belle, un feu d’artifice de liberté et de prospérité pour des masses africaines ou moyen-orientales en proie à des régimes politiques  inefficaces ou corrompus.

J’ai entendu le frère de ce jeune tunisien mort dramatiquement dans un récent naufrage en Méditerranée dire qu’il prendrait le prochain bateau quel qu’il soit malgré la mort tragique de son jeune frère parce que tout vaux mieux que la Tunisie. Comment cela est-il possible ?
Comment la Tunisie pays libre depuis des décennies, indépendant et qui organise même des élections ce qui est rare dans la région peut-elle faire autant horreur à ses propres enfants ?

Le problème est là et seulement là. Qu’on ne nous rabatte pas les oreilles avec de prétendus réfugiés climatiques ou avec des guerres qui n’existent qu’en de rares endroits. Il n’y a nulle guerre en Tunisie. Le problème massif, le problème ingérable pour l’Europe c’est cette détestation des jeunes générations africaines et moyen-orientales pour leur propre pays ainsi que leur attrait pour la seule Europe car les tunisiens, les érythréens, les nigériens, les turcs et tous les autres ne cherchent pas à aller à Moscou à Ryad ou à Washington mais rêvent de Paris, Londres ou Berlin.

Et le problème aussi c’est que la situation dans ces pays est tellement terrible que le Yémen en pleine guerre civile devient lui-même terre d’immigration puisqu’on a vu cette semaine un bateau de migrants de la corne de l’Afrique couler dans le golfe d’Aden à l’approche de la côte yéménite .

Il est donc urgent que l’Union Européenne adopte une politique claire nette et précise si possible sans à-coups comme le million de migrants de Merkel.
L’Union doit faire respecter le droit d’asile politique c’est à dire que les gens qui sont mis en danger dans leur pays pour leurs opinions politiques ou religieuses aient le droit d’asile mais  pas les autres.

Non un tunisien ne peut pas avoir le droit d’asile mais il faut aussi que lorsque le droit d’asile est refusé ou lorsque se présente quelqu’un qui ne peut en aucun cas y avoir droit le débouté du droit d’asile soit refoulé sans quoi toute politique d’asile sera immanquablement vouée à l’échec.
En effet, à quoi sert le droit d’asile si les déboutés restent d’une part et d’autre part comment éviter que les peuples européens votent pour les populistes et les anti-immigration si on laisse des millions de sans papiers s’installer parfois à ciel ouvert dans les grandes villes européennes.
Ce débat est central et les partis qui dirigent l’Union Européenne depuis sa création c’est à dire les socio-démocrates, les chrétiens démocrates du PPE et les libéraux seront balayés s’ils ne comprennent pas que la donne a changé.

Raphaël NISAND 
Chroniqueur hebdomadaire sur Radio Judaïca Strasbourg
Avocat du BNVCA

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