Mort de Philip Roth : pourquoi a-t-il été qualifié de « juif antisémite » ?

Agé de 85 ans, Philip Roth est décédé ce mercredi. L’écrivain, mondialement reconnu, s’était mis à dos une partie de la communauté juive, jusqu’à se faire qualifier de « juif antisémite ». Explications. 

Philip Roth, l’un des plus grands écrivains américains, est mort ce mercredi à New York, comme l’ont fait savoir ses proches au New York Times. Le natif de Newark, non loin de là dans le New Jersey, a succombé à ses problèmes cardiaques, sans que l’on ait, pour l’instant, plus de précisions. Alors qu’il avait décidé d’arrêter d’écrire en 2012, l’oeuvre de Philip Roth est principalement portée sur la classe moyenne juive américaine, dont il était lui-même issu. Son style, volontiers cru, ne manque évidemment pas de déclencher les foudres du puritanisme outre-Atlantique et a souvent provoqué l’ire des institutions religieuses.

Petit-fils de juifs d’Europe de l’Est, cet homme à la carrure longiligne et aux sourcils prononcés était aussi provocateur que satirique envers sa propre religion, n’hésitant pas à décrire les obsessions sexuelles d’un adolescent dans Portnoy et son complexe, dont la parution avait autant choqué que permis la renommée mondiale de son auteur. De simples lettres de protestations contre ce « mauvais juif », sa réputation s’aggrave lorsque paraît sa nouvelle « Défenseur de la foi ».

Philip Roth, un « juif antisémite » dont la mise sous silence était réclamée

Selon Josyane Savigneau, journaliste et écrivaine proche de Philip Roth, des rabbins étaient allé jusqu’à le qualifier de « juif antisémite » et sa mise sous silence sera réclamée, un rabbin assurant qu’au Moyen-Age, les juifs « auraient su quoi faire de lui ». Afin de mieux dénoncer les errances de la société américaine, dont il dénonçait les travers, Philip Roth s’était créé un double littéraire, le fameux Nathan Zuckermann, un juif américain amateur de belles femmes… Mais malgré sa réputation sulfureuse, le public suit toujours l’écrivain américain, puisque chacun de ses livres ont atteint des records de vente partout dans le monde.

Philip Roth a aussi bien écrit des nouvelles que des romans, et ses derniers écrits se sont éloignés des thèmes évoqués plus haut. La maladie, par exemple, tient une place importante dans son dernier roman, Nemesis, publié aux Etats-Unis en 2010, qui donne à voir la dégénérescence d’un homme à l’apparence solide, mais qui subira les effets de la polio, cette maladie infectieuse qui a tué des millions de personnes jusqu’au milieu du XXe siècle.

Parallèlement, il fut également professeur universitaire de littérature en Pennsylvanie jusqu’en 1992. Régulièrement évoqué pour remporter le prix Nobel de littérature, Philip Roth n’y aura jamais droit, mais en 2013, il sera fait Commandeur de la Légion d’honneur. Dans un tweet, la ministre de la Culture a rendu hommage à l’écrivain. François Nyssen parle d’une « légende » et d’un « professeur de désir et de vie ».

Source linternaute

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