Malgré l’inquiétude de la communauté internationale et la crainte d’une escalade militaire entre Israël et l’Iran, la population, habituée aux tensions dans la région, fait confiance au système de défense israélien.
Le long de la rue Jaffa, principale artère commerçante de Jérusalem, l’activité n’a pas cessé jeudi. Personne n’a changé ses habitudes. Tous les commerces sont ouverts, les touristes sont nombreux. Comble de l’insouciance, quelques jeunes offrent un spectacle acrobatique improvisé sur les rails du tram.
Ici, peu de personnes évoquent les bombardements en Syrie. « Ça se passe loin, complètement au nord », glisse Manou, étudiante en chimie. « Bien sûr, il peut y avoir des attaques, mais ici, quand on regarde autour de nous, il y a toujours des agents de sécurité, des policiers ou des militaires. C’est très rassurant. » Pour elle, l’Iran est une menace, mais expliquer pourquoi reste difficile.
Les habitants sont peu inquiets
Parmi ces militaires qui patrouillent, Shirelle, 19 ans, profite d’une pause sur la terrasse d’un restaurant du centre-ville. Cette jeune parisienne a fait son « alyah », il y a un an et demi. Elle est partie vivre en Israël et effectue son service militaire. « Les gens en parlent, c’est sûr. Mais tant qu’il n’y aura pas une déclaration de guerre officielle, on est tranquille. Même dans l’armée. »
A Jérusalem, beaucoup n’ont même pas appris la nouvelle, ou l’ont suivie de loin. Dans le calme de sa librairie, Marcel ne reçoit aucun écho des bombardements de mercredi soir. « Ici, les gens sont habitués à ce qu’il y ait des tensions », affirme celui qui habite Jérusalem depuis 22 ans. Il n’en doute pas une seconde : « Les forces armées israéliennes n’auront aucun mal à protéger le pays. »
Confiance aveugle en l’armée
Il faut dire qu’au lendemain des affrontements, le porte-parole de l’armée puis le ministre de la Défense se sont voulus rassurants. Ce dernier affirmait en fin de matinée : « Les forces armées israéliennes ont détruit la majorité des infrastructures iraniennes en Syrie. »
Cette confiance aveugle, en apparence, est également liée à la stratégie de l’armée. « Depuis l’invasion du Liban au début des années 80, Israël a complètement changé sa stratégie », analyse Eldad Pardo, chercheur à l’université hébraïque de Jérusalem. « On est passé d’un système d’attaque à un système de défense. Les gens sont plus calmes aujourd’hui parce qu’ils savent que celui-ci est efficace. Il y a encore 20 ou 30 ans, tout le monde suivait de près les informations. Désormais la majorité des gens sont à peine au courant de ce qu’il se passe. »
Le conflit israélo-palestinien sur la touche
En première ligne de cette stratégie de défense, le système antimissile « Dôme de fer », très sollicité lors des attaques de 2014, et qui aurait à nouveau fait ses preuves dans la nuit de mercredi selon le ministère de la Défense.
Mais tous n’adhèrent pas au principe de cette sécurité renforcée. S’il ne se sent pas menacé, Marcel ne cautionne pas la politique ultra-sécuritaire menée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou. « Concentrer nos efforts sur la sécurité nous distrait du vrai problème du pays : le conflit avec les Palestiniens. » Pour le libraire, une telle politique « ne fait pas avancer le processus de paix ».
Matthias Somm
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