Et si on parlait vrai, les religions ne possèdent pas de droits, par Christian Rayet

Aujourd’hui, dans les quartiers dits « sensibles » les femmes sont amenées à se cacher ou à y limiter leur présence, en cherchant à être « décentes » soit par conviction, soit pour avoir la paix.

Selon le propos d’André Comte-Sponville (1), la foi, dit-il, « pour un grand nombre de musulmans est plus importante que tout autre chose ». La foi semble motiver les Islamistes. Pour le dogme musulman, la Charia est supérieure aux lois terrestres. Les Islamistes cultiveraient l’idée que la démocratie n’est pas leur culture, que l’Europe est mécréante… Ils récusent l’idée que les lois de nos démocraties sont supérieures et s’imposent à celles de la religion.

Evidemment, en démocratie, c’est le Politique qui a la primauté, l’autorité et le pouvoir, et ne prétend pas définir une fois pour toutes le juste et le bien. Son autorité est indéfiniment révisable et faillible. Il n’y a plus d’absolu et la croyance, en Occident, n’est pas plus sacrée que l’incroyance.

La tentation des Islamistes serait, dès lors, de souhaiter installer, chez nous, une théocratie, ce système politique ou le pouvoir est constitué par de rigides instances religieuses qui feraient table rase de toute forme de démocratie et de laïcité. Notre système politique étant considéré comme une insulte à la toute puissance divine, ces islamistes espèrent une institution religieuse qui soit en conformité avec des textes écrits il y a 15 siècles et ainsi rétablir la peine de mort pour le blasphème et l’apostasie, les mutilations comme punitions, l’élimination des homosexuels, l’interdiction de la musique… réinstaller la suprématie des hommes sur les femmes dans la vie quotidienne et faire régner la terreur au sein des autres systèmes de pensée que les leur.

L’islamisme est, la maladie de l’islam et les germes sont dans le texte lui-même dit Abdelwahab Meddeb.

Islam et islamisme ne devraient pas se confondre. Pour autant, le second procède bien du premier et il prétend incarner l’interprétation intégriste (et non le fondamentalisme souvent confondu avec « l’intégrisme ». Le fondamentalisme, existe mais est purement religieux, et s’attache principalement au respect des traditions de la religion dans le cadre religieux. L’intégrisme veut modeler la société et l’État conformément aux prescriptions religieuses. Il entre donc de plain-pied dans le politique).

Pourtant, il y a quelques dizaines d’années, le « bien vivre ensemble » était présent. Je retrouve ce vécus en lisant Zohra Bitan, rapporté par Zineb El Rhazoui, journaliste et militante des droits de l’homme franco-marocaine (2), qui, pour pointer du doigt le fossé qui existe entre la foi musulmane d’une majorité de citoyens et la revendication islamiste qui broie tout sur son passage, évoque la foi de son père, elle nous rappelle à nous tous ces musulmans auprès desquels nous vécûmes il y a peu en confiance et fraternité…

 

Dans un texte intitulé Mon papa, Allah et moi, Zohra s’adresse à son père en lui répétant à l’envi: « Reviens, ils sont devenus fous. Oh toi, le Sage, le Grand Hadj qui ne savais ni lire ni écrire, mais qui savais la vie mieux que des milliards d’encyclopédies et de poètes réunis, reviens, ils sont devenus fous. »

Elle confie avoir longtemps gardé de l’islam de son père le leitmotiv Dieu est grand comme une phrase bouclier dans ce monde brutal où même les plus forts pouvaient être anéantis : « Je t’ai entendu le prononcer, le nom d’Allah, mille fois. Il s’élevait sans cri, sans haine, sans arme aucune, juste empreint de ta foi et de l’amour que tu y mettais ».

Aujourd’hui, précise-t-elle, « Allah est devenu un cri, un hurlement, et à chaque fois qu’il fait du bruit, j’ai envie d’être sourde, de me cacher quelque part pour ne pas l’entendre arriver, armé jusqu’aux dents pour tuer des innocents. Ils sont devenus fous cher Papa, ils ont fait détester ta chechia, ton tapis de prière, les fêtes de tes retours de pèlerinage, tout ce que nous célébrions ensemble, maman, tous mes frères et sœurs, toi et moi. »

Elle évoque ce temps où sa famille et elle ne parlaient encore qu’un arabe écorché, francisé, drôle quand ils ne trouvaient pas les mots, et compare ce beau croyant qu’était son père à cette génération de fous qui, ayant érigé Allah comme une arme, s’emparent de lui pour maudire, haïr, tuer. »

Zineb El Rhazoui a accordé un entretien au FigaroVox. On ne peut, dit-elle, quasiment plus évoquer la religion musulmane… sans la faire précéder par la précaution d’usage: «l’islam est une religion de paix et d’amour». Cela en soit indique qu’il y a bel et bien un problème. Lorsque la parole est confisquée, cela signifie que nous sommes face à un totalitarisme (L’expression « langage totalitaire » renvoie à un langage excluant toute pensée « autre », un langage qui enferme ce qu’il est seulement licite de dire, un langage qui appelle au meurtre, à l’anéantissement de toute altérité ). (3)

Tahar Ben Jelloun, écrivain, poète, né à Fès (Maroc) est titulaire du prix Goncourt pour son roman La Nuit Sacrée, dit que « de manière générale, la première expression de la sensibilité musulmane, telle que nous pouvons la percevoir aujourd’hui, ce sont des sociétés où les commandements religieux l’emportent majoritairement sur les droits humains, et où l’esprit critique est souvent subordonné à la soumission religieuse. Or, l’individu dans les sociétés occidentales modernes et sécularisées se vit libre de toute détermination religieuse, jouit de droits humains civils et naturels, et du droit de critiques, quand bien même celles-ci seraient ressenties comme offensantes ou blasphématoires par certains. » À la question de savoir ce qui fait le plus peur aux islamistes, Tahar Ben Jelloun répond : « La liberté d’expression, le doute, la liberté de conscience, le fait de croire ou ne pas croire… C’est peut-être d’ailleurs à cause de ce rejet… que certains ne s’intègrent pas… Le débat, le simple débat sur la laïcité y est impossible… L’islam est sacré. On n’y touche pas… La modernité se mesure d’abord par la place qui est faite à la femme dans le système social. La modernité, c’est aussi la reconnaissance de l’individu. Or, dans les sociétés arabo-musulmanes, c’est le clan, la famille, la tribu qui priment, ce n’est pas la personne. D’où l’absence de progrès social, d’où l’attachement à l’islam en tant que référence commune à toutes les couches sociales, devenant aussi une morale, une culture et un refuge identitaire. »
Jean-Louis Harouel, professeur émérite d’Histoire du Droit à l’Université Paris Panthéon-Assas, écrit qu’être « sécularisé implique de faire systématiquement passer la loi civile avant les règles que l’on croit émanées directement ou non de la volonté divine… »

 André Versaille cite l’historien Fernand Braudel qui avait écrit : « L’assimilation a été la clé d’une intégration sans douleur de ces immigrés qui se sont vite confondus dans les tâches et les replis de notre civilisation tandis que leurs cultures d’origine ont apporté une nuance de plus à notre culture complexe. »Levons les yeux vers le passé. Prenons le cas des Juifs venus d’Europe centrale dans les années dix, vingt et trente du siècle dernier. Non seulement ils n’ont jamais rejeté les principes républicains, mais ce sont ces principes mêmes qui les ont attirés…

À la manière dont ils se réclament de la République depuis plus d’un siècle… ces Juifs apparaissent comme des républicains français au carré. Ils n’avaient pas du tout entendu l’assimilation comme un dépouillement de leur culture, mais comme l’offrande d’une culture à partager. Et ce fut une incontestable réussite. Soutiendra-t-on pour autant que ces Français de confession juive ont abandonné ou renié leur judéité ?».

Par contre, au lendemain des attentats de Bruxelles. Les journaux « Le Soir », « Le Peuple », « La Capitale » …(4) nous annoncent qu’après les attentats, qui ont fait 35 morts, le Conseil des Imams Belges a refusé de réciter une prière pour les victimes! Les représentants religieux ont refusé de demander aux imams de réciter la sourate « Al-Fatiha » (l’ouverture) en hommage aux victimes des attentats. Et ce, parce que les victimes ne sont pas toutes musulmanes. L’information a été confirmée par l’islamologue Michaël Privot l’ex-Frère Musulman, directeur de l’European Network against Racism : « Il a été refusé de réciter cette prière en hommage à des mécréants » pour reprendre les propos. « Une minute de silence a également été proposée lors de la réunion, qui a été une nouvelle fois refusée » !

A Amsterdam, un mouvement politique représentant les musulmans néerlandais s’est distingué de presque tous les autres partis de la capitale en refusant de signer un document condamnant l’antisémitisme.

Le parti anti-intégration du Denk, qui a souvent été accusé de faire preuve d’antisémitisme, n’a pas répondu à une demande de la communauté juive de signer le document intitulé « Accord juif d’Amsterdam ». Il stipule que les Juifs ont un droit à la sécurité financé par le gouvernement municipal, que l’antisémitisme doit être combattu et que les éléments juifs de l’histoire d’Amsterdam doivent être enseignés à la population en général. Le parti Denk refuse donc de signer un document disant que la haine des Juifs doit être combattue. (5)

Bruxelles prépare les prochaines élections communales. La DH.net a publié l’interview de Redouane Ahrouch, co-fondateur du parti Islam et conseiller communal à Anderlecht.

Le parti Islam compte se présenter dans 28 communes en Wallonie et à Bruxelles, il présentera une liste dans 14 des 19 communes bruxelloises et a dévoilé des éléments de son programme, basé sur les principes du coran et de la charia et visant à l’établissement d’une « démocratie islamiste ».

« La parité homme-femme aux élections ne m’embête pas », dit-il, « mais nous, ce que l’on prône, c’est qu’il y ait d’office un homme qui soit positionné en tête de liste. Un homme vrai, courageux. J’estime que l’homme doit tirer la liste, c’est logique. L’homme devant, la femme derrière, et comme ça, elle se sent aussi en sécurité. Il est pour moi inconcevable qu’une femme tire la liste sauf si vraiment il n’y a aucun autre candidat de disponible », précise Redouane Ahrouch.

Aucune présence étrangère n’a jamais exigé de changer en profondeur nos sociétés occidentales. Ces gens, habitent-ils mentalement le même temps et le même espace que leur société d’accueil ?

On a dénié l’influence de l’islamisme radical, les prêches haineuses dans les mosquées… par peur de discriminer la majorité de musulmans sincèrement humanistes intégrée dans notre société, en même temps on n’a pas voulu froisser nos liens avec les pays arabes qui prônent le salafisme et avec qui on entretient des liens commerciaux… Alors on a accablé notre propre histoire de tous les maux, notre société de tous les défauts; on a clamé qu’elle dysfonctionne, on a comparé les musulmans aux juifs des années 30… Nous avons été jusqu’à applaudir la détestation de l’Occident renforçant ainsi le sentiment victimaire existant chez une partie des musulmans accueillis chez nous. Comment supposer que l’intégration soit désirable ! Et une police de la pensée et de la parole a accusé systématiquement d’«islamophobie», et d’extrême-droite, toute personne qui émettait une réflexion sur l’islam et son adaptation difficile à la civilisation européenne, réflexion indispensables à la réussite de l’intégration à notre société.

Il y a, de fait, une menace pour la cohésion de nos sociétés européennes, la menace d’une sécession culturelle et celle-ci est tue, combattue.

Il s’agit ici non de l’individu, mais de religion et nous devons pouvoir critiquer un système de pensée ou une religion. N’est-ce pas ce qui a été développé dans nos sociétés depuis plus de deux siècles ? « Les religions en tant que telles ne possèdent pas de droits, ce sont les peuples qui possèdent des droits ». Il faut pouvoir parler d’une vérité qui dérange et la questionner. S’il est toléré qu’une idéologie religieuse soit dans l’espace public peut-on, même temps, exiger la censure de toutes les critiques envers cette même idéologie? Comme l’écrit Boualem Sansal : « la critique de l’islam n’est pas une agression contre lui ou contre les musulmans, l’islam ne peut pas, lui seul, être hors du champ de la critique. »

Quelle mémoire nous est commune ? C’est la volonté de construire ensemble une même Nation qui est nécessaire au « vivre ensemble ».

Gilles Falavigna affirme que « l’exemple le plus flagrant est celui de la communauté juive.

Quand la question juive a été posée de manière rationnelle, et ce fut sous Napoléon, l’objet de cette question, l’intégration à la Nation, fut reconnue sans réserve. Il n’est pourtant pas un peuple dont la relation à une terre autre que celle de France soit plus ancrée dans son existence. Il n’est pas un peuple qui ait, durant son histoire, autant souffert de sa relation avec son hôte. Il n’est pas un peuple autre que le peuple Juif qui ait autant un sens communautaire et qui ait autant le sens religieux. Cette réussite tient à sa spécificité, bien sûr. Mais cela tient surtout à la volonté de partage…. Les Juifs ont grandement participé à la construction de la France comme ils ont grandement participé à la construction de chaque pays. Ce n’est pas une conséquence de l’intégration. C’est une justification de l’intégration réussie.

La communauté juive est un modèle qui prouve que le vivre-ensemble ne dépend pas de valeurs morales imposées mais de concret pour construire la nation. Sans doute était-ce plus facile pour les Juifs. « Tu honoreras ton père » est la loi qui construit le Juif. Et ceci quelque soit la considération du père pour son enfant. Nous sommes les enfants de la France, quoi qu’elle nous rende. Si nous avons le sens du Devoir, nos Droits sont secondaires, question de priorité… ».

La pensée des juifs dans leur société d’accueil a été semblable partout et toujours.

Sans être juif, je me dois de reconnaître que la dignité spirituelle de l’homme est une contribution du judaïsme à la société moderne, et lorsque j’entends expliquer que notre société produit des délinquants parce qu’elle ne leur reconnaît pas leur place… je pense à ces gens rescapés des camps de la mort, dans lesquels leur société les a envoyé, qui se remettent au service de cette même société s’y identifiant membre à part entière.

Napoléon qui convoqua en 1807 une assemblée de notables juifs a effectivement reconnu que l’attitude du judaïsme révèle quels textes de la religion poussent à la citoyenneté. Le Judaïsme a servi au développement éthique de l’humanité, particulièrement de nos sociétés occidentales. Nous sommes la moisson de ses semailles anciennes et quoiqu’on cherche à lui imputer, le déni, le salissement, les accusations sans nombre, des appels aux actes antisémites de toutes natures… que ce soit juste ou injuste, les juifs sont les garants de cette moisson.

Seuls les juifs et les chrétiens ont accepté la laïcité en 1776. Il a été possible à ces deux convictions religieuses de reléguer leur foi pour le bien vivre au sein de la société. L’Islam n’a jamais fait son aggiornamento (c’est-à-dire, sa mise à jour, son adaptation à l’évolution du monde, à la réalité contemporaine).

Nous sommes ce que nous sommes; des êtres libres mus par l’amour de la vie, le respect du droit et l’esprit critique. Notre société laïque, de séparation de la religion, d’égalité et de respect de la femme, avec notre droit de rire, d’écouter de la musique, d’écrire, de dessiner, de dire tout ce que l’on pense et tout ce que l’on veut (enfin, presque tout)…. et du respect de la pensée, et des convictions des autres, signe de notre dignité humaine là où aucune preuve ne peut être appuyée, comme disait déjà (selon ma libre interprétation), le philosophe Pascal!

 Christian Rayet

  1.  Le monde des religions
  2. Le Figaro Vox
  3. Victor Klemperer et le langage totalitaire aujourd’hui
  4. http://le be/islam-de-belgique-ne-priez-pas-pour-les-non-musulmans/63114           http://www.lacapitale.be/1522136/article/2016-03-24/attentats-de-bruxelles-le-conseil-des-theologiens-refuse-de-reciter-une-priere-d    
  5. Par JTA

 

 

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1 Comment

  1. Vous dites : « Seuls les juifs et les chrétiens ont accepté la laïcité en 1776. Il a été possible à ces deux convictions religieuses de reléguer leur foi pour le bien vivre au sein de la société. »
    Or, un Chrétien authentique n’est pas quelqu’un qui « relègue sa foi », c’est-à-dire la met à l’écart. Non ! Un Chrétien authentique vit par sa foi en obéissant aux Ecritures. Or Dieu intime l’ordre à tout Chrétien de respecter les autorités et de se soumettre à elles. Voici un verset biblique dans ce sens :
    « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a pas d’autorité qui ne viennent de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre de Dieu… Rendez à chacun ce qui lui est dû : la taxe à qui vous devez la taxe (…), l’honneur à qui vous devez l’honneur. » (Lettre de Saul-Paul aux Romains, chapitre 13, versets 1 à 7)
    Par contre, dans le livre des Actes, au chapitre 4, lorsque les autorités interdirent aux apôtres de parler de Jésus au peuple et de l’enseigner à ce sujet, ils leur répondirent : « Est-il juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu ? (…) nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu… » Là, il y a désobéissance aux autorités de la part des croyants véritables qui en paient le prix.
    Dans les pays où la liberté d’expression existe, il n y a pas de problème pour les croyants qui peuvent parler ouvertement de Jésus. Mais lorsqu’il y a interdiction, c’est souvent au prix de leur vie que les croyants obéissent à Dieu…
    Donc, un Chrétien authentique, en France, ne relègue pas sa foi mais comme il vit dans un pays ou l’expression est libre, où le débat d’idées existe, il ne rencontre pas forcément de problèmes à ce niveau. Par contre, il peut en rencontrer par exemple lorsqu’il a un employeur qui lui demande de faire de fausses factures et que, en tant que croyant, il refuse… Ces cas existent dans nos pays dits laïcs où la laïcité est souvent synonyme de rejet des valeurs éthiques divines bibliques…

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