Après l’inculpation récente d’un employé du consulat général de France à Jérusalem pour trafic d’armes, le ministère des Affaires étrangères impose désormais une inspection des bagages et de la valise diplomatique.
Les autorités israéliennes n’ont pas perdu de temps. Dix jours après l’inculpation pour «trafic d’armes», d’un jeune volontaire employé par le consulat général de France à Jérusalem, le ministère des Affaires étrangères a adressé aux représentations étrangères et aux organisations internationales une note annonçant «un renforcement de la sécurité» à la frontière avec la bande de Gaza.
«En raison des menaces sécuritaires accrues, de la hausse des tensions et à la suite d’évènements récents impliquant de graves atteintes à la sécurité du terminal d’Erez par des personnels et des véhicules officiels, les procédures au point de passage vont être renforcées», peut-on lire dans ce document daté du 29 mars. Les nouvelles mesures, que plusieurs diplomates dénoncent sous couvert de l’anonymat comme «une violation flagrante» des conventions de Vienne, sont entrées en vigueur il y a une dizaine de jours.
En vertu d’un protocole négocié il y a deux ans avec le gouvernement israélien, les diplomates et les chefs d’organisations internationales dotés d’un laisser-passer rouge pouvaient jusqu’à présent se rendre dans la bande de Gaza ou en revenir sans qu’eux-mêmes ni leurs véhicules soient fouillés. À leur arrivée au point de passage d’Erez, géré par l’armée israélienne, il leur suffisait de descendre pour montrer leur laisser-passer à une caméra, avant qu’un chien renifleur fasse à deux reprises le tour de la voiture.
Leurs bagages, de même que la valise diplomatique renfermant leurs documents professionnels, ne passaient à aucun moment entre les mains des agents israéliens. C’est grâce à ce régime spécial qu’un volontaire de 24 ans, employé comme chauffeur par le consulat général de France, est soupçonné d’avoir convoyé 70 armes à bord d’un véhicule diplomatique depuis la bande de Gaza vers la Cisjordanie. Arrêté le 15 février, celui-ci a reconnu une partie des faits et affirme avoir agi par appât du gain.
Les autorités israéliennes, échaudées par cet épisode, n’ont pas encore notifié par écrit le détail des nouvelles règles aux principaux intéressés. Mais elles en ont récemment exposé les grandes lignes lors d’une réunion animée par l’unité de l’armée qui administre les Territoires palestiniens (Cogat). Les services de l’ONU, présents, en ont tiré une synthèse de trois pages, qui a été diffusée ces derniers jours à la communauté diplomatique et dont Le Figaro a pris connaissance.
«Violation des protocoles diplomatiques»
Lorsqu’ils quittent la bande de Gaza et pénètrent dans le terminal d’Erez, les diplomates et hauts responsables de l’ONU doivent désormais sortir la totalité de leurs bagages du véhicule puis les transporter dans une salle de contrôle équipée d’une machine à rayons X, d’un détecteur de métal et d’un scanner corporel. Leurs sacs, y compris la valise diplomatique, doivent passer dans la machine à rayons X.
«Si des articles suspects sont détectés, le propriétaire du bagage sera prié de l’ouvrir pour une fouille approfondie qui se déroulera en sa présence», précise la synthèse de l’ONU. «Il s’agit clairement d’une violation des protocoles diplomatiques les plus élémentaires», déplore le responsable d’une agence internationale qui a récemment dû se plier aux nouvelles procédures. Durant l’inspection du chien renifleur, il a aussi dû laisser les portes de sa voiture ouvertes. «Le seul privilège qui nous reste est que nous n’avons pas à passer dans le scanner corporel – tandis que les agents qui n’ont pas le statut de diplomates doivent désormais s’y plier», poursuit la même source.
Le 11 avril, deux employés internationaux travaillant respectivement pour l’Unicef et l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ont préféré retourner à Gaza que de se soumettre à cette nouvelle procédure. Mais plusieurs autres missions ont depuis lors accepté de passer leurs bagages aux rayons X en attendant que la communauté diplomatique adopte une position commune. «Les documents, la correspondance et les bagages des diplomates, tout comme leurs moyens de transport, sont très clairement couverts par l’immunité, rappelle un diplomate européen. C’est pourquoi nous sommes en train de réfléchir à la meilleure façon de faire reculer les autorités israéliennes – en espérant qu’il ne sera pas nécessaire d’aller jusqu’à imposer les mêmes mesures à leurs diplomates qui sont en poste dans nos pays…»
Dans sa note du 29 mars, le ministère israélien des Affaires étrangères précise qu’il «travaille étroitement avec les services de sécurité compétents pour faciliter le passage de personnels et de véhicules officiels d’une manière appropriée à leurs fonctions et leur statut, tout en prenant les mesures nécessaires pour garantir leur sécurité ainsi que celle des agents travaillant au point de passage d’Erez et des civils israéliens».
Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère, affirme que les nouvelles mesures ne violent nullement les conventions diplomatiques. «Il ne s’agit en aucun cas d’une mesure hostile envers la France ou la communauté diplomatique dans son ensemble», précise-t-il. Un autre responsable israélien ajoute, sous couvert de l’anonymat: «L’immunité, après tout, n’a pas été inventée pour contourner les mesures de sécurité.
Je ne comprendrai jamais pourquoi les diplômates ne doivent pas être fouillés comme tout le monde. Ça me dépasse complètement tout ça. Ce sont des humains comme les autres et comme tout humain vont profiter de leur avantage. Ce chauffeur doit être loin d’être le premier à passer des armes. Je suis français et c’est normal que l’on fouille les diplômates français comme on devrait fouiller tous les diplômates du monde aux frontières. C’est quoi ces protocoles diplomatiques débiles, dans quel monde l’on est, plus on a de pouvoir et plus on en veut.