Qui est El Hadi Doudi, l’imam marseillais expulsé vers l’Algérie?

L’imam salafiste marseillais El Hadi Doudi, accusé de prêches haineux et extrémistes, a été expulsé vendredi matin vers l’Algérie.

Il était depuis longtemps dans le viseur des services de renseignement français. L’imam marseillais El Hadi Doudi a été expulsé vendredi matin vers son pays, l’Algérie. Bien connu des autorités pour ses prêches salafistes, l’homme de 63 ans avait été placé en centre de rétention administrative mardi. Il contestait devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) la décision d’expulsion prise le 8 mars dernier. Sa mosquée, As-Sounna, l’une des cinq plus vastes de Marseille, avait été fermée fin 2017 par la préfecture de police. Une décision entérinée par le Conseil d’Etat le 31 janvier.

Arrivé en France en 1981, père de sept enfants, El Hadi Doudi était considéré comme une « référence » du salafisme en France, notamment sur internet. La police marseillaise s’inquiétait de son influence radicale sur les fidèles. Dans un article que lui a consacré le New York Times début avril, il expliquait : « Bien sur que je savais qu’ils m’écoutaient […] La relation que j’entretenais avec la population et les autorités a toujours été claire et correcte […] Soudainement, ils disent que le salafisme est un danger pour la France », s’indignait-il.

Mécréants, loi du talion et antisémitisme

Les discours tenus par l’imam appelaient notamment « à la défaite et à la destruction des mécréants », incitaient « à l’application de la loi du talion à l’encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète et à l’égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion », a expliqué la préfecture fin janvier. Elle évoquait aussi des propos qui « présentent les Juifs comme des ‘impurs’, ‘les frères des singes et des porcs’ et incitaient à prononcer la formule ‘Allah akbar’ dans les lieux publics pour ‘effrayer les mécréants' ». Plusieurs fidèles de sa mosquée auraient rejoint l’Irak et la Syrie.

Les arguments de la préfecture qui a fermé sa mosquée reposaient notamment sur une note blanche des services de renseignements analysant 25 prêches prononcés entre janvier 2013 et septembre 2017, et reprise ensuite par le ministère de l’Intérieur pour engager, en février, une procédure d’expulsion. Le 8 mars, une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais a donné un avis positif à une expulsion d’El Hadi Doudi.

Des prêches « attentatoires » à la République

« L’analyse de l’idéologie propagée par M. Doudi (…) démontre que l’autre est nié dans sa singularité et son humanité », avait-elle relevé dans son avis. Cet autre « est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République », poursuivait la commission.

Son avocat Me Nabil Boudi avait contesté les pièces produites par l’administration, et notamment la note blanche des services de renseignements, estimant qu’il s’agissait de propos tronqués ou mal traduits. Mardi, il a invoqué le risque que son client subisse des tortures ou « traitements inhumains ou dégradants » s’il était expulsé vers l’Algérie. Mais les juges de la CEDH ont finalement autorisé jeudi son expulsion, « à la lumière des informations fournies par les parties ».

Le deuxième imam expulsé en moins d’un mois

Le New York Times rappelait qu’El Hadi Doudi avait admis avoir été un disciple d’Oussama Ben Laden et d’Ali Belhadj, un leader islamiste algérien emprisonné de l’autre côté de la Méditerranée. Aujourd’hui, il estime n’avoir rien à voir avec ces « extrémistes » : « Dans nos sermons, nous nous opposons à eux », assurait-il.

La semaine dernière, Emmanuel Macron s’était montré intransigeant vis-à-vis de l’islam radical. « Il y a des mosquées où on ne respecte pas les lois de la République, celles-ci seront fermées », avait-il dit face à Jean-Pierre Pernault sur TF1, rappelant qu’en plus de la mosquée As-Sounna de Marseille, deux autres lieux de culte avaient été fermés cette année, à Sartrouville et Aix-en-Provence.

L’expulsion d’El Hadi Doudi intervient moins d’un mois après celle de l’imam suppléant de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne), Mohammed Tlaghi, fin mars. Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait précisé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre « jamais atteint auparavant », selon lui.

Source lejdd

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