« Nous ne sommes pas uniquement baguettes et croissants », lance Avraham aux journalistes qui l’interviewent. Avraham Azoulay évoque lui-aussi les fameuses « étiquettes » ou catégories dans lesquelles on a l’habitude de classer les différentes alyot. Il regrette également les qualificatifs peu flatteurs dont sont souvent affublés les olim de France, et reproche à « l’Israélien moyen » de ne voir souvent que du négatif chez eux, alors qu’ils sont travailleurs, loyaux envers l’Etat, paient leurs impôts, et dont les fils s’enrôlent souvent dans des unités combattantes ou d’élite de Tsahal sans hésiter. « Cela vaut la peine d’investir dans cette population, mais l’Etat ne fait hélas pas assez », regrette Avraham. « Cela ne suffit pas de leur sourire et leur souhaiter ‘ Baroukh Haba ‘ ! Il faudrait les accompagner au moins pendant deux ans pour être certains qu’ils ne retourneront pas en France, sans parler des dizaines de milliers qui sont en France et attendent qu’on les aide à monter ». estime-t-il.
Pour expliquer la variété des sujets traités dans le P’tit Hebdo, Avraham Azoulay explique aux journalistes que cela correspond à la culture ouverte et parfois même paradoxale des olim de France : « Les Français aiment bien profiter de la vie, le ‘fun’, y compris parfois les plus religieux d’entre eux. Ils aiment partir en vacances, la culture, le théâtre, la musique, sans rapport avec leur degré de religiosité… ».
Lui aussi regrette la faible force politique que représentent les quelque 200.000 olim de France, « mais la situation pourrait commencer à changer dès les prochaines municipales ». Les raisons de cette faiblesse ? « La division d’une population qui pourtant est majoritairement à droite ». Ayant lui-même tenté sa chance lors des dernières primaires à Habayit Hayehoudi, Avraham regrette que beaucoup d’olim n’aient vu dans sa démarche que les aspects négatifs de la politique et non l’atout qu’aurait représenté un représentant des olim francophones à la Knesset. Un petit reproche : « Contrairement aux Russes, nous ne sommes pas bons pour transformer notre nombre en force politique. Les Russes ne se plaignent pas…nous, un peu plus, car nous avons été davantage gâtés. Mais en religiosité, en sionisme ou en amour d’Israël, il n’y a pas comme les olim de France ! »
Une question taraude les journalistes : « Comment expliquez-vous que la droite israélienne courtise les olim de France et que la gauche libérale les rejette alors qu’ils ont souvent une mentalité proche des idées socialistes ? » Avraham Azoulay : « Effectivement, les Juifs de France ont été éduqués selon les valeurs de justice et du progrès social, mais lorsqu’ils arrivent ici, ils s’étonnent de devoir payer les frais dentaires alors qu’en France c’était subventionné. Ils sont socialement de gauche mais politiquement de droite ».
Avraham Azoulay explique également que les motivations de l’alya française ont changé : « Les « anciens » sont majoritairement venus par idéal religieux et sioniste, alors que les récentes vagues sont arrivées poussées par l’antisémitisme et les attentats, d’où une plus grande difficulté d’adaptation ».
Son rêve ? Que ses enfants restent de bons juifs en Israël et n’imitent pas une certaines jeunesse qui tombe dans divers travers.
Source : lphinfo.com
D’après l’interview d’Avraham Azoulay – directeur du P’tit Hebdo – dans Makor Rishon
Traduite et résumée par Shraga Blum
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