S’inspirant du texte de l’écrivain suisse Jacques Chessex, le cinéaste Jacob Berger revient sur un épisode longtemps tu de l’histoire de son pays.1942, l’Europe est à feu et à sang. Mais nous sommes en Suisse, plus précisément à Payerne. C’est loin, la guerre, pense-t-on ici, c’est pour les autres, même si la frontière n’est qu’à quelques kilomètres.
Dans ces campagnes reculées, la terre a le goût âcre du sang des cochons et des bestiaux à cornes, qu’on tue depuis des siècles. L’économie va mal. Usines et ateliers mécaniques disparaissent.
La Banque de Payerne fait faillite. Des hommes aux mines patibulaires rôdent par routes et chemins. Les cafés sont pleins de râleurs. Parmi eux, Fernand Ischi, vantard, rusé, bien renseigné, a prêté serment, avec une vingtaine de payernois, au Parti nazi.
Il rêve d’attirer l’attention de la Légation d’Allemagne, et même – pourquoi pas ? d’Adolf Hitler lui-même. Dans leur ligne de mire: Arthur Bloch, 60 ans. Bernois, il exerce le métier de marchand de bétail. Il connait bien tous les paysans et les bouchers de la région. Ce jeudi 16 avril, se tiendra la prochaine foire aux bestiaux de Payerne. C’est ce jour-là qu’Ischi et sa bande passeront à l’acte. C’est ce jour-là qu’un Juif sera tué pour l’exemple.
Une des réalités qui m’a conduit à faire ce film, c’est précisément la résonance que je ressens, toujours plus fortement, entre les années 1930 et 1940 et les nôtres. Une résonance traumatisante et qui m’obsède, parce qu’elle impose cette question : Que faire de ça ?” Jacob Berger.
Soixante-sept ans plus tard, en 2009, quand l’écrivain suisse Jacques Chessex, le seul écrivain suisse à avoir reçu le prix Goncourt se souviendra de ces faits, c’est lui qui sera désigné comme l’ennemi à abattre.
Au casting, on retrouve Bruno Ganz dans le rôle d’Arthur Bloch.qui a réussi à incarner un Hitler complexe, crédible et monstrueux.
Bande annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19577384&cfilm=251243.html
Un film historique et politique, un film poignant qui marque les esprits et qui nous montre un autre visage de la Suisse sous l’occupation.
Sylvie Bensaid
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