Ces jours-ci l’échiquier israélien fut secoué par une crise sans précédent dans les annales politiques. Jamais, le pays n’a connu tant de rebondissements, de déclarations contradictoires et de coups de théâtre.
Dans le charivari de la Knesset, les meilleurs observateurs se trompaient nombreuses fois. Ils changeaient, du jour au lendemain, leurs analyses, et chez certains, les commentaires furent modifiés in extremis et toutes les heures. Les fuites et les fake news étaient bien au menu, journalistes comme politiciens furent déconcertés, pantois, très embarrassés et tourmentés sur la marche à suivre.
La cascade des événements et les décisions hâtives ont plongé le pays dans le brouillard, dans l’inconnu obscur durant plusieurs jours. Les sondages en série ont donné le vertige à certains chefs de partis, tandis que chez d’autres, l’angoisse l’emportait, ils voyaient leurs sièges déjà éjectés.
Durant tous ces jours incertains, les projecteurs se braquaient sur le Premier ministre pour découvrir la solution de l’énigme. Benjamin Nétanyahou observait cette scène avec un regard inquiétant mais aussi avec un sourire malicieux. Comment expliquer l’étrange conduite de l’opposition ?
Bizarre qu’elle ne s’oppose pas à la chute du gouvernement. Pourquoi ne souhaite-t-elle pas de nouvelles élections anticipées immédiatement ?
En analysant l’échiquier politique des deux dernières décennies, on constate que Nétanyahou représente un véritable phénomène qui tranche avec tous ses prédécesseurs. Cet animal politique qui adore la combativité est sans nul doute une grande star de l’Etat spectacle. Il a connu durant sa riche carrière tous les scénarios et tous les méandres de la politique, les succès comme les défaites, les applaudissements et les insultes, mais surtout, il a subi plus que quiconque une obsession machiavélique contre sa personne et sa famille.
Hélas, la politique en Israël a pris une mauvaise tournure, elle est souvent capricieuse, imprévue, et parfois laisse un fort goût amer et une certaine répugnance.
Il n’y a pas un seul jour où Nétanyahou n’est pas critiqué, menacé, insulté et accablé pour n’importe quel propos ou décision.
Cependant, aucun adversaire n’est capable, pour l’heure, de le battre sur le champ électoral et les Israéliens le préfèrent de loin à d’autres candidats potentiels malgré ses défauts.
Le Mal israélien consiste dans son mauvais système électoral. Il est inconcevable que des petits partis charnières continuent à dicter leurs décisions sectorielles et l’ordre du jour du gouvernement.
Certes, le peuple israélien forme une société à multiples facettes, mais il est difficile et compliqué de gérer de la sorte un gouvernement disparate, et de satisfaire tout le monde. L’égalité est une priorité absolue, mais les devoirs des citoyens aussi. Pour y parvenir, ce ne sont pas de sévères lois qui réussiront à mobiliser tous les ultra-orthodoxes à faire leur service militaire, mais un dialogue sincère et constructif selon les besoins sécuritaires et les exigences des militaires. Chacun devrait contribuer, à sa manière, à la construction et à la défense de l’Etat et ainsi alléger le fardeau et économiser des dépenses inutiles.
Nous le répétons une fois encore, tant qu’il n’y aura pas de réforme substantielle du système électoral, les affaires de l’Etat se dérouleront toujours dans un climat tendu et imprévisible.
Jusqu’à ce jour, Benjamin Nétanyahou a su surmonter les problèmes en cours, et ses décisions ont été pondérées et responsables. Il a maîtrisé la situation et mis à l’écart tous les extrémistes et frondeurs au sein de sa propre coalition.
Toutefois, si une nouvelle crise de ce genre éclatait, il n’est pas exclu que Nétanyahou décidera de disperser le Parlement et annoncera, contre son gré, des élections anticipées.
Actuellement, et dans ce contexte volatile, tous ont bien compris que des élections anticipées auraient été onéreuses et auraient plongé le pays dans une violence verbale dangereuse surtout quand une mise en examen est dans l’air. La majorité des Israéliens ont refusé d’aller aux urnes dans ces conditions. D’ailleurs, les résultats du scrutin auraient sans doute permis une réélection de Nétanyahou mais même avec une confortable victoire, il aurait affronté les mêmes difficultés.
Cette coalition, comme les précédentes, n’est pas parfaite et la majorité n’est toujours pas garantie à l’avance, mais elle a réussi durant ces deux années et demie à achever de nombreuses missions dans l’intérêt des Israéliens et sur tous les plans. Elle a aussi réussi à voter un nouveau budget pour l’année 2019. Israël est d’ailleurs le seul Etat de la planète où les budgets sont adoptés pour deux ans. Cela donne une longue stabilité économique dans un pays toujours menacé par ses voisins.
A la veille de Pessah et au moment du « grand nettoyage » traditionnel, nous souhaitons que la sagesse et la realpolitik continueront toujours à l’emporter sur les caprices et les ambitions personnelles.
Seules une stabilité gouvernementale et l’union des familles politiques sont des gages pour pouvoir affronter les nouvelles menaces et relever les nouveaux défis.
Freddy Eytan
Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
M. Netanyahou a su maintenir la stabilité de la question palestinienne quand les rêverie étrangères risquaient de développer une crise mondiale durable. Son maintien au pouvoir est donc dans l’intérêt de la France.
Israël nous offre un exemple de démocratie parlementaire, avec de nombreux partis, quand la France voit ses partis s’éteindre sous le souffle des ambitions particulières, et son Parlement défié par un pouvoir présidentiel sans base légale. Je cherche mes exemples dans notre histoire, non à l’étranger, mais j’éprouve une certaine jalousie.