Un mardi où le froid que l’on dit sibérien était le seul sujet de conversation. Où c’étaient les vacances. Dans deux jours nous serions en mars.
Hier en Israël une cérémonie eut lieu pour les onze mois de la mort de Sarah Halimi. Organisée par des courageux. Des opiniâtres. Le BNVCA. D’autres.
Pas en France bien sûr. Dans ce pays où une juge décréta qu’il était scandaleux que tant de media parlassent de l’Affaire Sarah Halimi. Dans Paris où une Magistrate en charge du dossier fit durer le plaisir. Fit la pluie et le beau temps. Discourtoise avec les avocats en charge de l’affaire. Menant l’un à interroger récemment sur le sens d’un tel mépris : elle n’avait pas même le respect de la robe, écrivit-il. Abus de pouvoir, ajoutais-je bien sûr à tort.
Elle rendait des ordonnances Des fins de non-recevoir et disait non non non non non non comme dans la chanson de Polnareff.
Une juge donc qui donna à tous l’illusion qu’elle décidait seule dans le confort de son bureau. Face à un dossier que tous disaient limpide. Face à u un rapport d’expertise sinon courageux, du moins explicite. Imperméable, nous sembla-t-il, aux états d’âme qui en toute vraisemblance eussent pu traverser tout magistrat qui eût été à sa place.
Elle fit durer le plaisir. Joua une étrange partition. Faisant en sorte que les journalistes apprissent souvent les choses aux avocats en place : l’AFP au courant avant les plaideurs. Ce siècle indécent où l’ordre des choses n’avait décidément plus de sens.
Une relative résignation in fine : sans doute elle serait dessaisie, la juge Ihuellou. Puisqu’elle ne répondait même pas aux demandes d’actes des avocats. Faisait fi des délais réglementaires. Les contraignant à saisir la Chambre de l’Instruction. Quel nom portait-elle, cette désinvolture doublée d’un relent d’arrogance ?
Pourquoi l’assassin n’était-il pas à Fresnes comme tous ils le croyaient. Pourquoi était-il retourné en hôpital psychiatrique alors que le rapport d’expertise n’évoquait en rien une abolition de son discernement. Pourquoi cette porte fermée. Ce téléphone muet. Cette femme en colère. Ce refus d’expliquer.
Qu’elle soit dessaisie et que l’on avance, nous disions-nous donc tous.
Mais contre toute attente, en ce mardi glacé, tomba en fin d’après-midi une dépêche AFP qui ressemblait à une pochette surprise : La juge retenait le caractère antisémite du meurtre de celle qui fut lynchée et défenestrée au son de sourates et aux incantations à Allah.
Quelle mouche aura piqué la juge Ihuellou après qu’elle eût entendu à nouveau Traoré cet après-midi ? Comment s’opéra en son esprit la révélation de ce qui était donc un acte dicté par la haine du juif.
Nous ne voulons même plus le savoir. Nous ne ressentons pas l’émotion de Naomi. Des questions demeureront.
Mais tous nous nous réjouirons de l’essentiel : l’assassin islamiste de la Juive Sarah Halimi comparaîtra aux assises.
Restera à la juge Ihuellou un ultime effort sur lequel elle est attendue : où donc en est la reconstitution ? Pourquoi les 28 policiers présents restèrent-ils dans l’attente ? Comment une femme put-elle être défenestrée en direct et sous leurs yeux en plein Paris ?
Allez Madame la Magistrate. Vous avez fait le plus dur : admettre au bout de onze longs mois qu’une femme fut tuée parce que Juive. C’est peanuts à présent de poursuivre et de déterminer ce qui a permis à un antisémite d’agir sous les yeux de membres des forces de l’ordre que Sarah implora durant 55 interminables minutes.
Moi je rends grâce à ceux qui inlassablement ouvrirent leurs colonnes Dénoncèrent le déni. S’obstinèrent, tels Maître Buchinger. Comptèrent les jours, écrivant chaque matin son nom. Quitte à être tous accusés de crier au loup à tort.
Je rends grâce à ceux qui refusèrent de plier, suspendus aux caprices et aux colères d’une Juge. Qui se moquèrent de la fâcher. Qui refusèrent de plier devant l’argument suprême de son indépendance à laquelle il ne fallait d’évidence pas toucher. Qu’ils ne touchèrent pas. Se contentant d’interroger une méthode qui sans doute fera école au titre de contre-exemple.
Sarah cattan