Présent depuis 2015 en Israël, Visa souhaite désormais devenir une organisation très active de la fintech locale. En ouvrant à la fois un incubateur et un accélérateur, le géant des paiements veut intégrer les start-up les plus prometteuses à son réseau international.
Au dix-huitième étage, une mer d’hiver, quelque peu remuée, apparaît au loin entre les gratte ciels toujours plus nombreux de Tel-Aviv. Tout sourire, contemplant leur nouvelle vue, les cadres de Visa regardent avec envie un horizon bien dégagé. Situés en plein de coeur de Tel-Aviv dans l’immeuble très luxueux du 22 Rothschild, les nouveaux voisins du géant des paiements s’appellent Facebook, Autodesk ou le fonds d’investissement Magma. L’immeuble est entouré par les banques d’affaires internationales et les sièges sociaux des banques israéliennes. L’objectif de ce nouveau bureau est “d’accueillir les start-up les plus prometteuses et de les faire grandir avec nous”, soutient Bill Gajda, directeur monde des partenariats stratégiques et d’innovation pour Visa.
“Notre modèle est basé sur la co-création et la collaboration » poursuit-il. « Une start-up vient s’installer, littéralement, dans nos locaux, avec ses designers, ses programmateurs. Nous travaillerons ensemble, avec nos propres équipes, ici et à travers le monde, pour créer un prototype commun. Lorsque cette étape est franchie, nous pourrons faire un pilote promotionnel et le commercialiser. C’est une nouvelle manière de collaborer et de créer très rapidement un produit et de le lancer.”
La formule se veut flexible. Une start-up sélectionnée pourrait aussi être incubée à Tel-Aviv et partir s’épanouir dans les bureaux Visa de Londres ou de Singapour, sur des marchés différents et plus en adéquation avec la technologie ou le service développé. Une opportunité fantastique pour des jeunes pousses israéliennes, toujours en recherche de débouchés à l’international.
“Everything, everywhere”
Bill Gajda a insisté sur la révolution en cours dans le secteur bancaire. « Tous » les domaines sont concernés, « partout” dans le monde. D’où l’urgence de s’adapter voire d’initier les changements. “Les terminaux de paiement sont en train de changer et même de disparaître, le magasin sans caisse, Amazon GO en est l’illustration. La révolution mobile nous oblige à mettre le consommateur au centre de notre attention, surtout que la banque telle qu’on l’a connue est en train, elle aussi, de disparaître. Mon fils de sept ans n’ouvrira certainement pas de compte dans une agence physique…” souligne-t-il dans un demi-sourire.
Depuis l’annonce de la fusion de Visa Europe et Visa Inc en 2015, l’innovation est devenue une priorité absolue et la création de nouveaux bureaux en est la matérialisation. “Le challenge pour toute notre industrie est de continuer et d’améliorer les modes classiques d’opération, mais aussi de favoriser d’autres modes de fonctionnement pour intégrer de nouveaux acteurs comme ceux qui émergent ici en Israël” pointe Gajda. A Tel-Aviv, la priorité sera de trouver des solutions dans quatre domaines, l’open banking , le commerce de détail, les nouvelles formes de paiement et la sécurité. Dans ce dernier domaine, “Israël a prouvé sa grande compétence et nous regardons en ce moment de très près certaines solutions qui pourront donner de la valeur à Visa” révèle Shahar Friedman, directeur du bureau Visa de Tel-Aviv.
Quatre collaborations en cours
Visa ne s’interdit pas d’investir et de financer directement une start-up mais pour l’heure les partenariats sont plutôt collaboratifs et viennent d’être révélés. Quatre start-up israéliennes travaillent dès à présent avec la compagnie financière : AU10TIX, qui automatise l’authentification de l’identité des clients et l’initiation à l’embarquement. HopOn, qui a développé une plateforme innovante de paiement mobile et de billetterie pour les transports publics. Idomoo, qui offre la vidéo personnalisée comme plate-forme de service. Personetics, qui offre des solutions de services bancaires IA pour prévoir les besoins et les comportements du client. Cette dernière start-up a trouvé un partenariat très productif avec Banca Transilvania grâce à Visa. Ce genre de “mariage arrangé” est un modèle que la compagnie aimerait intensifier, une valeur ajoutée comme un service supplémentaire pour ses clients. Visa cherche donc à devenir un partenaire indispensable à la modernisation et l’adaptation des nouveaux outils fintech.
“La blockchain pourrait être une solution”
La blockchain et les autres monnaies cryptographiques sont aussi dans sa ligne de mire. Visa a déjà investi dans une société américaine appelée Chain et expérimente actuellement des démonstrations de faisabilité sur la manière dont elle peut connecter sa technologie, ses terminaux avec la blockchain. “Ainsi, lorsque vous pensez ‘transport d’argent’ ou ‘suppression des terminaux de paiement’, la blockchain pourrait être une solution”, explique Bill Gajda. Il prend pour exemple le paiement international entre sociétés, souvent “long et coûteux”. “On pourrait imaginer un contrat blockchain. L’échange pourrait être instantané et Visa pourrait garantir le transport.” Très réactives sur la cryptomonnaie et ses applications, les start-up israéliennes offrent, là encore, des possibilités pour Visa.
Anthony Lesme
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