Mohamed Louizi : Grève de la faim contre l’entrisme, par Sarah Cattan

Je sais plus. J’en veux très fort à ceux-là qui me disent que d’entrisme il n’y a pas, que d’antisémitisme il n’y a pas, qu’en réalité faut pas faire de vagues, que à force de crier aux loups ben bientôt le loup il viendra.

Quoi ? Dans ce texte intitulé La France et l’islamisme, Mohamed Louizi nous annonce qu’il entame un jeûne de protestation volontaire contre l’infiltration islamiste, et nous, nous ferions mine d’être passés par là sans l’avoir entendu ?

Quoi ? Il n’aurait pas parlé assez fort ? Vous ne l’auriez pas entendu ?

Admettons. Alors laissez-moi vous dire son message aux airs de lettre testamentaire. D’abord, sa décision irrévocable. Celle d’entamer, à l’aube de ses 40 ans, ce jeûne de protestation volontaire.

Mohamed Louizi, il présente cette action comme justifiée et non-violente, puisque ne s’en prenant à personne. Il cessera d’abord de s’alimenter, et se réserve le droit de transformer cette grève de la faim en une grève de la soif. Son jeûne de protestation volontaire deviendra absolu. Il en sait les conséquences médicales irréversibles.

Mohamed Louizi, en somme il jette l’éponge ? C’est qu’il s’est retrouvé mis en examen ce 7 février 2018  dans le cadre d’un 5ème procès pour diffamation, intenté contre son article Présidentielle: Emmanuel Macron, otage du vote islamiste?  Qui s’est plaint ? Rachid El-Kheng, un des proches soutiens du candidat Macron.

Mais le revoilà, 9 jours après, ce 16 février, lessivé par plus de deux heures d’interrogatoire au commissariat de Wattrelos, alors qu’il habite  Roubaix, parce qu’un Parquet francilien a accepté la plainte de l’islamiste franco-marocaine Fatima En-Nehary et a ouvert une 6ème enquête le visant.

Fatima En-Nehary ? Ça vous dit rien ? Sachez juste que cette islamiste ultra-active sur les réseaux sociaux n’avait pas trop aimé le Plaidoyer pour un islam apolitique[1]. Elle te l’avait excommunié publiquement, l’auteur du dit essai, le qualifiant de Zindîq  (زنديق), soit d’hérétique et apostat, et délivrant symboliquement contre lui un permis à tuer. Tout ça sur sa page Facebook suivie par nombre d’ islamistes radicaux.

Bien sûr qu’il avait déposé plainte contre elle, Mohamed Louizi. Le 28 septembre 2017. Mais il est des plaintes qui restent vaines.

Et cette fois, il avait fait quoi, encore? Ben imaginez-vous qu’il avait écrit le papier PJD France: Fatima En-Nehary, un profil radical protégé sous le voile?

Depuis, l’islamiste Fatima En-Nehary, elle déclare vivre dans la peur. La faute au méchant Mohamed. Qu’elle attaque donc de façon cohérente pour diffamation, dénonciation calomnieuse et mise en danger de la vie d’autrui.

Et voilà comment un homme se retrouve pour la 6ème fois consécutive et en moins de 2 ans et demi dans le box des accusés.

Vous savez quoi ? Ça lui rappelle, à lui, l’histoire racontée par le poète irakien Ahmed Matar : ce citoyen mordu par le chien du souverain et qui se retrouva dans le box des accusés suite à la mort du chien. Pour finir condamné à mort par le Parquet au motif que sa chair aurait été empoisonnée.

Et Louizi de s’en prendre ironiquement à ce Parquet si réactif. De dénoncer tous ces moyens de l’État qui, au lieu d’être orientés pour lutter efficacement contre la radicalisation islamiste, le sont, par le fait du dit Parquet, orientés vers ceux qui dénoncent le projet islamiste et ses acteurs.

Ce Parquet qui valide systématiquement toutes les plaintes visant à limiter la liberté d’expression de certains et ordonne des enquêtes alors qu’il est si prompt à classer sans suite d’autres plaintes. Ce Parquet qui à Nanterre osa par exemple requérir sa condamnation dans l’affaire du Lycée Averroès et que les magistrats ne suivirent heureusement pas, déboutant le frère musulman Amar Lasfar et ses potes.

Mohamed Louizi, il n’a cessé de la dénoncer, cette grave dérive pouvant avoir raison de la République et de la laïcité. Il n’a cessé de nous alerter, au prix d’enquêtes toujours étayées.  A preuve : la Justice ne valida-t-elle pas son travail en lui permettant de gagner à ce jour 3 procès. Et son travail, encore, ne fut-il pas validé par d’autres enquêtes ? Mediapart, la qatarie? Qui s’en souvient ? Louizi y fut le premier à interroger le sens politique de la traduction en arabe de Pour les musulmans, l’essai d’Edwy Plenel, par le Qatar ainsi que sa diffusion gratuite à presque 15.000 exemplaires dans le monde arabe.

Et je pourrais comme ça vous rappeler sa recherche sur le réseau de l’islamiste Iquioussen ou encore son enquête sur la quenelle et puis encore La caverne d’Amar Lasfar.

Il se pourrait que ce billet soit le dernier, vient de nous écrire Mohamed Louizi. On espère mon silence. On multiplie les opérations Jihad des tribunaux à mon encontre, aidé d’un Parquet curieusement très réactif, ajoute-t-il, dénonçant toutes ces procédures abusives ayant obtenu, par six fois consécutives et dans un temps très court, l’assentiment du Parquet. Je mesure la gravité de la situation. Face à celle-ci, je n’ai plus ni les moyens, ni les ressources mentales et psychologiques pour y faire face. Depuis 2006, je subis dans la dignité une mort sociale, voulue par les Frères musulmans, coupé de 95% de ma famille. Depuis 2015, mon agenda judiciaire s’accélère frénétiquement. Sans aucune prétention, je sais que mes écrits dérangent bien des projections : les projections des islamistes, les projections de ceux qui veulent vider la République de sa substance laïque, de son essence démocratique, pour la soumettre aux islamistes.

Que demande-t-il ? Que l’État se ressaisisse. Qu’il réexamine toutes ces plaintes et  fasse le tri entre ceux qui veulent protéger la laïcité et la République de ceux qui veulent les détruire pour instaurer, à terme, l’islamisme et ses lois. Si je dois faire silence, conclut-il, mes écrits restent accessibles: Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans[2], Plaidoyer pour un islam apolitique[3]et Libérer l’islam de l’islamisme[4].

Mohamed Louizi. Qui refusa la soumission aux injonctions islamistes qu’il n’eut de cesse de dénoncer. Qui prévient que si la mort l’appelle, il refuse que l’on rapatrie son corps vers le Maroc car il rejette le concept terre d’islam. Il refuse que l’on l’enterre dans ce territoire islamiste nommé carré musulman.

Celui qui quitta en 2006 les Frères musulmans exhorte une dernière fois la République à sortir saine et sauve du guet-apens islamiste qui obscurcit son âme et jette son voile sur son horizon et ajoute que si réforme il faut mener, c’est celle de l’islam et non de la laïcité

Barbecue ou gigot.

En même temps, comme dit l’autre, essayez de vous souvenir que le Parquet ayant fait appel de la relaxe de Georges Bensoussan, eh bien celui-là encore comparaîtra le 29 mars. N’oubliez jamais : l’historien, poursuivi par le parquet pour discrimination, haine ou violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse suite à une plainte du CCIF, avait été relaxé par la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris le 7 mars dernier. Mais retour à la case départ. Cette fois devant la chambre 2 pôle 7 de la  cour d’appel de Paris, avec, aux côtés du CCIOF, SOS Racisme, la LDH et le MRAP.

Il avait fait quoi ou dit quoi, lui encore ? Il avait osé évoquer une intégration en panne. Un autre peuple qui se constitue au sein de la nation française et qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. Et avait ajouté, citant Smaïn Laacher, que c’était une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes en France et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le têtait avec le lait de la mère.

Islamophobe encore que celui-là comme tous on sait. A te condamner 4 millions de nos concitoyens. A inciter à la haine raciale. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris l’avait relaxé ? Eh bien ? Le Parquet est là. Toujours prompt à servir la soupe au CCIF et consorts. 

Ce 25 janvier. Ce même banc qui avait vu s’asseoir Bourbon de Rivarol, Soral, Dieudonné, et faisait asseoir Bensoussan. Assigné à la demande de cinq parties civiles dont certaines, hélas, du camp laïque. Ces conflits à propos d’opinions, aussi extrêmes soient-elles, qui désormais se réglaient devant un tribunal alors qu’il fut un temps où cela aurait fait l’objet de débats contradictoires musclés. Quoi judiciarisation d’affaires de mots et d’opinions ? Quoi des tribunaux déjà saturés ? Quoi une dérive dangereuse.

Ce 25 janvier. Où Jakubowicz au nom de la LICRA se livra sans vergogne à un raisonnement improbable. Aux côtés de plaideurs qui jamais n’intentèrent de procès au PIR.

Ce 25 janvier. Où Nacira Guénif osa nous expliquer que Le Yaoudi hachak, cet espèce de Juif, mes excuses, n’était qu’une expression figée qui en rien ne signifiait nulle haine.

Ce 25 janvier où Georges Bensoussan lui-même évoqua le terrorisme intellectuel pratiqué contre lui par les associations antiracistes.

Ce 25 janvier. Où on tenta encore de faire taire toutes ces voix. Boualem Sansal. Kamel Daoud. Fethi Benslama. Riad Sattouf. Entre autres.

Aujourd’hui où l’un se suicide en direct, alors que le deuxième dit sa fatigue. Son impossibilité d’écrire. Ajoutant Ils ont gagné. Aujourd’hui où tous nous la voyons, cette stratégie d’intimidation visant la censure de toute parole lucide. De toute expression critique.

Aujourd’hui où tous, lâchement, nous baissons la tête devant cette nouvelle police de la pensée parée des plumes de l’antiracisme et cherchant à utiliser les armes de la démocratie pour mieux la contraindre. Devant ces prétoires devenus champs de bataille.

Aujourd’hui où l’on voudrait dire à nos enfants que l’esprit des Lumières n’a jamais existé.

Pascal Bruckner y eut droit. Lui qui avait déclaré, début 2015, qu’il fallait faire le procès des collabos des assassins de Charlie. Djemila Benhabib y eut droit. Pour avoir dénoncé des méthodes pédagogiques des versets coraniques appelant à l’extermination des mécréants. Samuel Mayol paya cher d’avoir voulu mettre fin aux séances de prières découvertes au sein de son Université. Mohamed Louizi. Soufiane Zitouni. Caroline Fourest. Isabelle Kersimon. Alain Finkielkraut. Journalistes. Essayistes. Arabo-musulmans. Laïcs. Tous des esprits libres. Accusés de racisme pour avoir refusé de céder au chantage antiraciste et avoir osé braver le nouveau pêché d’islamophobie.

En même temps, Houria Bouteldja publiait impunément Les blancs, les Juifs et nous. En même temps, les sites internet Palestine solidarité et Oumma.com s’associaient dans un appel à la guerre civile qui ne leur coûta guère : Si personne ne vient crier « halte à la haine », armons-nous et préparons dès maintenant la guerre civile. 

L’indignation à géométrie variable des pseudo antiracistes, titrait une de mes consœurs. Nos media ? Ils te parlent pas de ça. Ils savent pas. Nous ? Nous n’oublions pas que ce fut Mediapart qui hébergea et signa avec une quinzaine de personnes la pétition permettant au MRAP d’entamer la démarche pour faire citer Georges Bensoussan. Dans un texte qui posa la question de savoir comment le Directeur éditorial du Mémorial, cette machine à étouffer la souffrance des arabes et des palestiniens, pouvait encore travailler au Mémorial. Nos media complaisants. Acheteurs de paix sociale. Complices. Accoutumés qu’ils étaient devenus, sous nos yeux non vigilants, de ces petits arrangements dénués de courage et d’honneur. Collaborateurs. Partisans.

Alors ? Barbecue ou gigot ce midi ?

Allez ? On les oublie, ceux-là, dont le but poursuivi sans relâche est d’asphyxier et réduire au silence tout détracteur de leur islam de combat contre la République ? On les laisse nous accuser encore et toujours d’islamophobie, ce mot inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles[5] ?

On se tait ? On la laisse, cette stratégie qui finit de porter ses fruits. A cause de notre lâcheté. Tant, sous la pression de la répétition des procès et des ennuis judiciaires, ils pourraient désormais hésiter longuement avant de participer au débat public.

Il est là, à nos portes. Chez nous, au pays de Voltaire. Le chantage islamiste dont je vous parle depuis longtemps. Ce chantage à la trahison exercé tout d’abord sur les citoyens d’origine arabo-musulmane, sommés de choisir de quel camp ils sont donc. Et exercé aujourd’hui contre tous les esprits libres. 

Allez. On l’oublie encore, leur projet d’installer en France l’islam politique et d’imposer sa loi. On fait comme si il ne nous avait jamais avertis, Boualem Sansal. On les oublie, les sondages de l’Institut Montaigne. On n’y pense plus, à la naissance des monstres évoquée en 1927 par Antonio Gramsci dans ses Cahiers de prison. On refuse d’y croire, à la montée de cette nouvelle intolérance dont nous parla Salman Rushdie. On se dit qu’elle exagère, Elizabeth Lévy , quand elle nous rappelle dans un éditorial qu’ eux-mêmes le disent, qu’ils vont grand-remplacer. Et on le ferme, le Paradoxe français de Simon Epstein, parce qu’on pourrait finir par y croire, au glissement progressif d’éléments antiracistes vers un antisémitisme radical !

On les laisse faire, ceux qui nous dirigent ? On les regarde acheter la paix avec ceux-là qui, démographiquement, seront bientôt les plus nombreux. Ce pacifisme en train de cautionner le pire. De faire taire toute parole dissidente. Ces ennemis de la démocratie qui veulent juste nous museler. Ça fait même pas trop mal, au début. Alors on continue ? Et on l’illustre, le proverbe chinois, qui dit que quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. 

Sarah Cattan

[1] 2017. Michalon.
[2] Michalon. 2016.
[3] Michalon. 2017.
[4] Fondapol. 2018.
[5] Salman Rushdie.

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6 Comments

  1. Bien sûr, l’histoire ne repasse pas les plats ; bien sûr, les métaphores ne valent que pour autant qu’elles économisent des démonstrations dont la rubrique commentaires n’est pas la place…
    Sur ce chemin que nous voyons depuis quelques années se dérouler, step by step, de Munich à Montoire, se révèlent ceux qui iront jusqu’à la rue Lauriston. Par haine, par idéologie, par frustration, par opportunisme, et, pour certains, par règlements de compte.
    Merci pour vigilance.
    Je lis aussi, dans votre papier, un appel à une mobilisation des esprits et des volontés. Oui Madame, nous en sommes, pour l’instant dans le désert, arrivés au temps du Que faire, et comment, face non seulement à l’islamisme, mais aussi à ces haine, idéologie, frustration, opportunisme, et règlements de compte.

  2. Madame, votre tribune en faveur de M. Mohamed Louizi est un formidable outil pour le soutenir dans sa résistance. Celle-ci ne sera pas suicidaire si nous nous mobilisons par tous les moyens imaginables pour contrer ce djihad des tribunaux. Votre plaidoyer nous offre la possibilité de la faire de manière très argumentée. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas!

  3. Le problème inquiétant c’est aussi et surtout le Parquet qui accepte toutes ces plaintes à répétition pour « diffamation » alors qu’il a le pouvoir de les rejeter d’autant plus que dans la grande majorité des cas la justice déboute les plaignants; c’est donc que la plainte n’était pas recevable.
    Sans s’en rendre compte le Parquet joue le jeu des islamistes et de leurs soumis qui harcèlent ainsi quiconque leur déplait. C’est inadmissible et il faudrait maintenant parler aussi des ces procureurs feignants et couards.

  4. Une fois de plus, un excellent article de Sarah Cattan…ceux ou celles qui ne comprennent pas le style peuvent s’abonner à VOICI ou CLOSER pour faire leurs premiers pas…..

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