Une dizaine d’adolescents avancent timidement dans la cuisine pour prendre les instructions de Guillaume Gomez: le chef cuisinier de l’Elysée est venu à Tel-Aviv animer un atelier d’insertion pour jeunes juifs et arabes gays rejetés par les leurs.
“Rencontrer ce chef est une expérience extraordinaire,” confie O, issu d’une famille ultra-orthodoxe (qui observe rigoureusement les règles du judaïsme) et avec laquelle le contact est rompu depuis qu’il est “sorti du placard” à l’âge de 16 ans.
O fait partie d’une dizaine de jeunes gens de l’abri Beit Dror de Tel-Aviv à avoir pris part lundi à une rencontre a priori improbable avec Guillaume Gomez, chef français au service depuis 20 ans des présidents français.
Beit Dror est l’une des 37 structures gérées par l’association israélienne Otot pour jeunes en difficulté. O vit à Beit Dror tout en suivant des cours de pâtisserie dans une école du centre du pays.
O et ses camarades ont préparé avec Guillaume Gomez des cannelloni aux épinards gratinés puis une tarte aux pommes, dans les cuisines de la résidence de l’ambassade de France à Jaffa, quartier de Tel-Aviv.
“Quelle chance de pouvoir cuisiner aux côtés d’un chef de ce niveau”, s’extasie le jeune homme, qui comprend le français et a aidé ses amis à suivre les instructions du chef.
“Je vais vous apprendre des recettes simples que vous pourrez refaire”, explique Guillaume Gomez à la dizaine de jeunes qui le regardent avec admiration.
Guillaume Gomez participe pour la 6e année consécutive à la Semaine de la gastronomie française en Israël. “So French So Food” fait venir chaque année une vingtaine de chefs de France, souvent étoilés et venant cuisiner à quatre mains avec des chefs israéliens dans des restaurants à travers le pays.
“Chaque année, je m’engage pour une cause caritative afin de mettre ma notoriété au service d’une association”, explique M. Gomez, qui a été le plus jeune lauréat du titre de Meilleur ouvrier de France en 2004 à l’âge de 25 ans.
Moment de partage
Cela “leur fait tellement de bien de participer à cet atelier, ce moment de bonheur pour ces jeunes n’est pas anodin”, dit Yael Doron, la directrice de Beit Dror.
Centre d’urgence et abri pour mineurs LGBT, Beit Dror, qui abrite 14 lits, tend la main à ces jeunes qui n’ont plus de toit et sont souvent obligés de se prostituer, raconte Mme Doron.
En majorité issus de familles religieuses juives ou musulmanes, ces jeunes ont rompu avec leur famille et l’école. “Beit Dror m’a sauvé la vie”, confie L, 18 ans, jeans troué, tee-shirt noir et croix de vie égyptienne à l’oreille.
De père musulman et de mère chrétienne, il dit avoir été victime de violences physiques pendant son adolescence. “Je ne crois plus dans les religions, je crois en moi maintenant”, affirme-t-il, les yeux billant d’émotion quand il raconte sa matinée auprès du chef Gomez.
“Cette rencontre était un moment de partage et d’échange”, se réjouit le chef devant les tartes chaudes, que les jeunes vont aller déguster ensemble sur le bord de mer en contrebas de la résidence.
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