Une délégation d’étudiants de Sciences Po à l’Université de Tel-Aviv

Un groupe de 20 étudiants de divers programmes de MA de Sciences po intéressés par les domaines de la cyber-sécurité et de l’impact du numérique sur la société, se sont rendus sur le campus de l’Université de Tel-Aviv le mercredi 24 janvier. Ils ont été reçus par le président de l’Université, le Prof. Joseph Klafter, et par des spécialistes du Centre interdisciplinaire de Cyber-études et de l’Ecole de Gestion.

Le Prof. Klafter a tout d’abord brièvement présenté l’UTA, l’une des plus jeunes universités du pays, mais aussi la plus grande aujourd’hui. Située au centre de la « Silicon Valley » israélienne, l’UTA entretient des liens très forts avec son environnement. 25% des startups du pays sont le fruit de ses anciens étudiants. C’est aussi la plus diversifiée du pays, caractéristique qui lui permet de cultiver l’interdisciplinarité, et explique son choix comme lieu d’établissement  du Centre de recherche en Cyber-études, domaine qui exige la maîtrise non seulement des disciplines telles que l’informatique, les mathématiques et l’ingénierie mais aussi les aspects sociaux et juridiques, la gestion et même la philosophie. Le Prof. Klafter a également rappelé la longue histoire de coopération entre l’UTA et Sciences Po, notamment le programme d’échanges d’étudiants établi depuis de nombreuses années.

Un système basé le transfert des connaissances 

Le Dr. Lior Tabansky, chercheur à l’Atelier Yuval Ne’eman pour la Science, la Technologie et la Sécurité, ainsi qu’au Centre interdisciplinaire de cyber-études Blavatnik a présenté aux étudiants de Sciences Po la place de la cyber-sécurité dans  l’éco-sytème  israélien. « Le Centre Blavatnik met l’accent sur l’analyse des aspects internationaux de la cyber-sécurité », explique-t-il. « Israël est une puissance mondiale dans les domaines des sciences, des technologies et de l’innovation. La cyber-sécurité étant un domaine avec un fort pourcentage d’inconnu, notre stratégie est d’investir dans l’innovation. Ceci se traduit bien sûr par le développement des startups, mais aussi par la présence en Israël des multinationales qui viennent y rechercher le capital humain ». L’écosystème israélien de l’innovation est basé sur la capacité de transfert des connaissances entre l’industrie, les systèmes de la défense et l’Université. Cette politique culmine chaque année avec la Cyberweek, au cours de laquelle des spécialistes du monde entier se rencontrent pendant une semaine à l’Université de Tel-Aviv.

Daniel Cohen, également chercheur au Centre Blavatnik et à l’Atelier Yuval Ne’eman, a présenté sa recherche sur l’utilisation du réseau Internet et des média sociaux par les organisations terroristes comme moyen d’influencer le public. « Les ‘méchants’ s’adaptent beaucoup plus rapidement aux nouvelles infrastructures que les gouvernements », commente-t-il, expliquant comment les terroristes, qui ont délaissé les canaux traditionnels comme Facebook, Youtube ou Twitter pour se réfugier sur les applications de messagerie comme Télégram ou Whastapp et surtout sur le ‘darknet’ ou fleurissent les forums jihadistes, s’emploient à produire la crainte, l’incertitude et le doute à travers la toile.

Enfin, le Dr. Ohad Barzilay, spécialiste des technologies de gestion et des systèmes d’information à lEcole de Gestion Coller de l’UTA a enthousiasmé les étudiants par sa brillante communication sur les dangers de la régulation automatique des plateformes numériques de crowdfunding. Présentant l’une des études de son groupe de recherche sur la plateforme de collecte de fond Kickstarter (« L’effet salade de pommes de terre »), il montre comment les comportements opportunistes encouragés par un système automatique permettant à tous ou presque d’accéder à la plateforme, risquent de l’inonder d’offres de mauvaise qualité, et de porter préjudice au succès de produits sérieux. L’effet ‘salade de pommes de terre’ avait été provoqué par un certain Zack Brown, qui utilisa la plateforme pour lancer une campagne de financement de sa propre salade. Demandant en tout et pour tout la somme de 10 dollars, Brown réussit à en collecter plus de 55 000 provenant de près de 7 000 donateurs. Son succès a abouti à un triplement des campagnes sur la plateforme, en majorité de mauvaise qualité. A cette occasion, l’équipe du Dr. Barzilay a étudié comment les plateformes de crowdfunding sont affectées par la présence d’un nombre anormalement élevé de campagnes de faible qualité qui diminuent significativement le revenu des campagnes plus sérieuses.

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