Le sociologue Claude Sitbon nous invite à la Seoudat Ytro.
Cette célébration ne relève pas de la halakha mais d’une coutume très fortement ancrée chez les Juifs tunisiens. C’est le jeudi soir qui tombe entre le 15 et le 22 chvat qu’elle a lieu. Les origines de cette fête sont nombreuses, mais il est impossible de distinguer la légende de la réalité des récits qui sont faits à son propos et de connaître la date à laquelle cette célébration a été instituée en Tunisie. On connait au moins trois thèses sur l’origine supposée de cette fête. Selon la première – et elle parait la plus acceptable – cette solennité concerne les jeunes garçons qui sont arrivés pour la première fois à lire le Décalogue (Chemot), on sait que dès leur plus jeune âge, les garçons fréquentent le kouttab où la révision des parachiot se fait régulièrement chaque semaine. Le jeudi de la parachat de Jethro, ces jeunes enfants, dont certains, pour la première fois, écoutent, récitent et apprennent les Dix commandements (Exode 20,2-14).
Une autre tradition veut que l’on célèbre le repas de Jethro (Exode 18,12). Jethro, beau père de Moïse, offrit un sacrifice à Dieu, et Aaron et tous les anciens d’Israël vinrent partager le repas du beau père de Moise, en présence de Dieu. Dans son commentaire, Rachi ajoute que lorsque les Sages se réunissent autour d’une table, la présence divine est parmi eux.
Enfin, la troisième explication – qui est la plus répandue, mais sur laquelle nous n’avons aucun témoignage – serait que dans la première moitié du 19ème siècle, une grave épidémie – on croit que c’est le croup – dont furent victimes de tout jeunes garçons, faisait des ravages dans la communauté juive de Tunis. Par miracle, la plaie s’arrêta justement la semaine de lasidra de Jethro. Alors, pour perpétuer ce miracle, les Juifs de Tunis décidèrent de le rappeler à la postérité et de faire ce jour là une SEOUDA, un banquet, en l’honneur des petits garçons.
Les mères tunisiennes organisent des festins pour les tous petits; la séouda consiste en une sorte de petite dinette faite de tout petits plats et de tout petits gâteaux – guisada, yoyos, manicotis, makrouds et autres – servie dans une vaisselle de poupées, sur une table éclairée par de petites bougies. Tout est à l’échelle miniature.
Aujourd’hui, même expatriées de Jérusalem à Paris en passant par Marseille et Natania, les familles d’origine tunisienne continuent cette habitude.
Un sociologue écrivait récemment que les Tunisiens assimilés étaient des Juifs de Seoudat Ytro.
Claude Sitbon
Source : kefisrael.com
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