Le Premier ministre libanais Saad Hariri a confié avoir entendu des nouvelles “troublantes” de la part du roi de Jordanie Abdullah II, qui l’a averti du danger qu’il y aurait à résister au plan de paix du président Trump, a rapporté vendredi le quotidien libyen Ad-Diyar.
La rencontre entre le roi et le Premier ministre a eu lieu en marge du sommet de Davos en Suisse et pourrait témoigner qu’un «nuage noir se serait abattu sur les tentatives des deux pays à gérer les crises syriennes et palestiniennes», a indiqué Ad-Diyar, citant de Hauts fonctionnaires jordaniens.
Lors de la réunion, Abdullah a alerté Hariri sur le danger qu’occasionnerait la perte du financement de l’administration Trump pour les camps de réfugiés palestiniens dans leurs deux pays, insistant sur le fait que le président ne veut plus continuer à payer. Pour le Liban et la Jordanie, le financement de la population réfugiée est un problème existentiel, car les deux pays hôtes ont été secoués par des violences par le passé et des soulèvements de leurs “invités palestiniens”.
Selon Ad-Diyar, le roi, aurait dit à Hariri qu’il était “consterné” par ce qui se passe dans les “salles fermées” de Washington DC, et lui a parlé franchement, avertissant que Trump pourrait agir sans prévenir personne et sans avertissement en amont. Il se contentera de prendre publiquement position lorsque les conditions seront réunies pour imposer son « marché» sans s’intéresser à des négociations «approfondies» avec les parties. Il dira simplement aux pays arabes et à l’Autorité palestinienne de le mettre en place et de l’exécuter « c’est le plan et vous devez le mettre en œuvre », point.
Selon Ad-Diyar, la partie jordanienne s’attend à ce que le plan de paix de Trump soit prêt pour mars 2018. Le roi jordanien a décrit le plan de Trump comme une voiture de course qui fonce sans freins. Il aurait conseiller à Hariri de ne pas croire ceux qui lui disent que Trump n’a pas de plan.
Abdullah a déclaré que le prince héritier saoudien, Mohammad Bin Salman Al Saud, était plus au courant des tenants et aboutissants de ce plan, parce qu’il travaille à le « vendre » au président Mahmoud Abbas, qui essaie d’échapper à cette nouvelle réalité, mais jusqu’à présent, sans succès. Selon le monarque jordanien, Abbas a été contraint d’arrêter de pousser à l’escalade contre l’administration américaine, après avoir échoué à convaincre les ministres des six pays de la Ligue arabe à Amman de prendre position collectivement contre Trump.
Selon Ad-Diyar, le roi a déclaré: “Nous sommes maintenant obligés de souligner qu’aucun règlement ne peut être considéré sans que les Etats-Unis aient un rôle à jouer”.
Cela correspond à la déclaration publique du roi à Davos, quand il a dit: «Nous devons donner le bénéfice du doute aux Américains, et tous travailler ensemble pour s’assurer que nous aidons les Américains, les Israéliens et les Palestiniens à trouver un accord.
Selon Ad-Diyar, la confidence du monarque jordanien qui a le plus estomaquée son voisin Hariri serait la description qu’il lui a faite du plan lui-même, qui serait basé sur le fait qu’Israël accepterait un futur Etat palestinien, mais ne démantèlerait pas les implantations, et offrirait une superficie égale à 10 % de la Judée et de Samarie en échange d’un retrait.
Quant à Jérusalem, le plan ne mentionne pas le quartier arabe de Jérusalem-Est d’Abu Dis comme la capitale d’un futur État palestinien, mais mentionne le transfert de «quartiers de Jérusalem» au futur État.
Israël abandonnera sa demande que l’Etat palestinien reconnaisse Israël comme un Etat juif et, en échange les Palestiniens devront renoncer au droit au retour. C’est pourquoi le monarque jordanien a appelé Hariri à se préparer à accepter cette réalité et à trouver des solutions «réalistes» au problème des réfugiés syriens, car la crise des réfugiés palestiniens se poursuivra et le Liban ne sera pas en mesure de la gérer sur le long terme.
Selon Ad-Diyar, le Premier ministre Hariri a bien « entendu » ce que le roi de Jordanie lui a confié et en a pris bonne note, mais il ne semblait pas à cours d’idée quant à la façon de faire face à ces risques.
Poster un Commentaire