Arte diffusera le 24 janvier 2018 « Le manuscrit sauvé du KGB. Vie et destin de Vassili Grossman », documentaire réalisé par Priscilla Pizzato. La « bouleversante histoire d’un écrivain, le Russe Vassili Grossman, et de son roman « Vie et destin », l’une des charges les plus violentes jamais portées contre le régime stalinien ».
« C’est l’histoire d’un manuscrit qui a fait trembler le Kremlin ». Un « livre « arrêté » en octobre 1961, au petit matin, et enfermé dans les sous-sols de la Loubianka, le siège du KGB ».
« Pourquoi ajouterions-nous votre livre aux bombes que nos ennemis préparent contre nous ? », avait écrit Mikhaïl Souslov, l’éminence grise de Staline, à Vassili Grossman qui plaidait la cause de son livre ».
« Sauvé de la disparition grâce au courage d’un réseau de dissidents, parmi lesquels le physicien Andreï Sakharov et l’écrivain Vladimir Voïnovitch, « Vie et destin » ne paraît en France qu’en 1983 ».
Visible du 17/01/2018 au 25/03/2018
« J’ai été stupéfait comme peu de livres m’ont stupéfait, raconte l’écrivain Olivier Rolin. Pour moi, c’est l’un des monuments du XXe siècle ». « L’essentiel de notre XXè siècle tient dans le face à face des forteresses de la mort, Auschwitz et la Kolyma, et tout ce qui tourne autour, nazisme, communisme, guerre mondiale, révolution… Si l’on veut écrire un livre qui ait une chance de totaliser un peu de l’esprit de ce temps, et pas seulement de témoigner d’une réalité partielle, il suffit de prendre à bras le corps ce grand débat, grand jeu de miroir en fait. C’est ce qu’a fait Vassili Grossman avec Vie et Destin. Il fallait seulement avoir vécu soi-même au cœur des ténèbres et se sentir la force d’un Titan ». Ces phrases sont d’Olivier Rolin, parues dans Libération au début des années 80, quand Vie et Destin est enfin devenu disponible dans sa traduction en français ; Olivier Rolin, l’un des intervenants du documentaire Le Manuscrit sauvé du KGB. ‘Vie et destin’ de Vassili Grossman. 35 ans après avoir écrit ces lignes, il revient y dire aujourd’hui le choc que représente la découverte de ce livre monumental qui raconte la bataille de Stalingrad, la découverte des camps nazis et la prise de conscience de l’extermination des Juifs, et cela en engageant une ample réflexion sur le totalitarisme où le nazisme et le stalinisme sont en effet mis l’un en face de l’autre ».
« Construit sur le modèle de « Guerre et paix » de Tolstoï, « Vie et destin » retrace le destin d’une famille pendant la guerre. De Moscou aux ruines de Stalingrad, des ghettos ukrainiens au goulag, c’est une grande épopée russe écrite à hauteur d’hommes, peuplée de héros ordinaires et de tyrans, de personnages historiques et d’anonymes ».
Grossman, « qui fut longtemps un écrivain zélé au service de la construction de l’homme soviétique, témoigne dans son grand œuvre des heures les plus sombres du stalinisme, marquées par la dékoulakisation ou les grandes purges de 1937 ».
Il « expose les rouages de l’implacable machine totalitaire et dénonce la perversion de l’idéal de 1917. En établissant un parallèle entre nazisme et stalinisme, Grossman va plus loin qu’aucun autre écrivain soviétique avant lui ».
« C’est également le roman d’un homme qui a redécouvert sa judéité après l’assassinat de sa mère par les Einsatzgruppen, et qui livre quelques-unes des pages les plus bouleversantes jamais écrites sur l’Holocauste ».
« Au terme d’une minutieuse enquête, menée en Russie, en Ukraine et en Israël, Myriam Anissimov nous offre le compte rendu détaillé du parcours de l’auteur de Vie et Destin. Vassili Grossman (1905-1964) a acquis progressivement la conscience de la tragédie du stalinisme: victime d’un régime que dans les premiers temps il soutenait, il découvre, à travers les persécutions contre les Juifs, que ce système est profondément destructeur. En retraçant l’extraordinaire destin d’un écrivain (chimiste de profession) d’abord célébré par les autorités, puis de plus en plus critique à mesure qu’il prend conscience de la stratégie totalitaire et sanglante du stalinisme et surtout lorsqu’il devient lui-même victime de l’antisémitisme, Myriam Anissimov raconte toute l’histoire de l’ancienne URSS. Grossman mourra sans avoir assisté à la publication de son ouvrage fondamental, document exceptionnel sur la manipulation et la destruction des individus, au nom d’un hypothétique bien collectif. La maladie aura raison de sa résistance et c’est grâce à la ténacité de ses proches et amis que son chef-d’oeuvre sera publié ».
« Le manuscrit sauvé du KGB. Vie et destin de Vassili Grossman » par Priscilla Pizzato
France, Ex Nihilo / Arte France , 2017, 58 min
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Textes lus par Denis Podalydès, de la Comédie-Française
Le 24 novembre 2017, à 17 h, dans le cadre du Festival du film d’histoire de Pessac, au Cinéma Jean Eustache. Place de la Ve République. 33600 Pessac
Sur Arte le 24 janvier 2018 à 22 h 30
© Ex Nihilo / Arte France
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