Certains journaux te balancent l’info dans les pages Culture. Vous avez dit Culture ? Ben ouai C’est Latifa qui postule. Pour le Prix Nobel. De la Paix. Oui.
Latifa Ibn Ziaten. Mère d’Imad, première victime de Mohamed Merah. Celle qui un jour fut prise à partie à l’Assemblée Nationale. Celle-là. Apostrophée, à cause de son foulard, après un colloque sur la laïcité. L’équipe du film qui lui fut consacré, Latifa, le cœur au combat, avait même immortalisé la scène. C’est que, dérangés comme nous par le fait que Latifa Ibn Ziaten, coiffée de son foulard, s’exprimât sur la laïcité, et à L’Assemblée de surcroît, des participants l’interpelèrent et remirent en cause sa légitimité : Quand j’ai demandé si mon foulard les gênait et qu’il y a eu des ‘oui’, ‘non’, ‘oui’, ça a résonné dans la salle. Et je me suis dit wow… à ce point-là, se plaignit la donzelle, déplorant que ceux-là ne vissent que son habit, là où elle, elle voyait la personne.
Latifa ? Deux réalisateurs crurent nécessaire de la suivre plusieurs mois durant dans tous ses déplacements à travers la France et le monde, arpentant écoles et prisons, et y parlant de vivre-ensemble. Pour éviter un autre Merah, qu’elle disait. C’est que Latifa pose la question intime du rapport au deuil, de la réponse apportée par une victime à la violence. C’est que c’est une passeuse. Une femme extraordinaire, gourmande et pleine d’humour, expliquèrent Olivier Peyon et Cyril Brody.
Latifa ? Outre qu’elle fonda l’Association Imad pour la jeunesse et la paix, elle reçut mille prix. Le prix 2015 de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits. Le Prix du courage féminin. Elle fut faite en 2016 chevalier de la Légion d’honneur pour son travail de terrain.
Vous le voyez : ses actions sont reconnues au niveau national et international. Pourquoi alors s’arrêterait-elle dans la course aux honneurs qu’on lui a dit mériter ? Latifa, elle est aujourd’hui candidate au prix Nobel de la paix 2018. C’est l’association lyonnaise L’Hospitalité d’Abraham qui a présenté sa candidature au comité Nobel : Son courage force le respect. La vérité de sa parole impressionne. Son humanité touche les cœurs. En un temps où les extrémismes politiques et religieux, particulièrement le terrorisme, menacent nos sociétés, le combat pacifique de Latifa Ibn Ziaten ouvre une brèche lumineuse au cœur des obscurités du monde.
Latifa, elle figure donc parmi les 376 candidatures proposées. Soumises par des parlementaires, des professeurs de sciences politiques, d’histoire ou de relations internationales, ou encore anciens Nobel de la paix. Vous voyez pas que in fine, elle figurât dans la short list des 5 lauréats potentiels ? Qu’elle emportât le Prix. Qu’elle se parât de son symbole. Qu’elle empochât les quelque 835 000 euros pour son association ? Ça craint !
Le lien au site internet en soutien à la candidature de Madame IBN ZIATEN pour l’obtention du Prix Nobel de la Paix 2018.https://t.co/FOfsAruQaW Nous avons besoin de votre soutien !!!🕊❤️🕊 pic.twitter.com/vQHTnnhiSi
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) 17 janvier 2018
Ça craint, parce que Latifa applaudie, Latifa embrassée, on a du mal, mais Latifa Prix Nobel !!!!! Le site internet dédié à son soutien ne nous la présente-t-il pas comme un acteur de paix important dans la société française actuelle.Enfin quoi. Le prix Nobel de la paix récompense la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix, selon les volontés, définies par testament, d’Alfred Nobel, et est donc décerné à celui ou celle qui lutte pour la paix, les droits de l’homme, l’aide humanitaire et la liberté. Il couronne une personne ou une structure qui résolut un conflit international ou élabora un consensus pacifique ! Il récompensa Aung San Suu Kyi en 1991 et Liu Xiaobo en 2010 ! Il fut remis à des personnalités historiques de l’action humanitaire, de la lutte contre l’oppression politique ou de la défense du droit égalitaire ! Des Albert Schweitzer, Martin Luther King, ou Mère Teresa !
Redescendons sur terre ! Dans Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen[1], Stefan Zweig racontait que Bertha von Suttner aurait été à l’origine de la fondation de ce prix en convainquant Alfred Nobel de réparer le mal qu’il avait causé avec sa dynamite ! Gandhi ne le reçut pas et Latifa l’aurait ? Elle participerait à ce titre aux Sommets annuels des prix Nobel de la paix ! Elle célèbrerait, comme le fit le Sommet en 2008, la Déclaration universelle des droits de l’homme ! Mais à quel titre ? Elle serait assise aux côtés d’un Lech Wałęsa ? D’une Shirin Ebadi ? Mais pourquoi. Elle collaborerait à un texte commun qui dirait au monde la profonde inquiétude des Nobel devant la menace que font peser certaines grandes puissances qui font usage de la force ? Elle, elle dénoncerait avec eux le fanatisme déguisé en religion ? Dites-moi que c’est une plaisanterie et qu’il ne suffit pas d’être la très malheureuse mère d’une victime de Merah pour être élevée à ce statut.
Regardez-la. Latifa est une construction. Coachée, drivée, manipulée, marketée, promue, imposée à nous tous, instrumentalisée à l’insu de son plein gré. Sauf qu’elle y prit goût. Brandie par nos élites qui s’en servent d’alibi pour ne pas se confronter à l’islamisme qui tue notre pays. Latifa, c’est l’écran de fumée destiné à endormir les imbéciles. C’est la potion que nos media nous servent à tous les repas.
Quoi ? Tu me redis qu’elle sillonne la France et va prôner la paix dans les collèges, les banlieues et aussi les prisons, où Mohamed Merah s’est radicalisé selon elle. Exact : mais de son foulard coiffée. En signe de deuil qu’elle nous dit, contredisant le hadith rapporté par Al Boukhari, et selon lequel la femme ne doit pas porter le deuil pour un mort plus de trois jours, sauf pour son mari.
Ce foulard, il nous insupporte par principe. Voir cette femme voilée entrer dans nos écoles pour parler du modèle de laïcité à la française, s’autorisant de facto ce qui est interdit aux élèves comme à leurs enseignants dans ces lieux, nous insupporte. Latifa, elle incarne la banalisation du port du voile, cet uniforme islamiste qui doit être combattu. Au nom de ces femmes musulmanes qui se sont battues et se battent encore, au nom de celles qui sont mortes pour le droit à la liberté. Au nom du combat récent des femmes iraniennes. Entre autres.
Son foulard, nous l’assimilerons encore et toujours à un signe de radicalisation qui n’a pas sa place en France, et le fait que Madame Ibn Ziaten explique sur les plateaux qu’elle est contre le voile islamique ne nous endormira pas et n’occultera pas l’incohérence entre ses paroles et ses actes. Quel étrange cocktail en effet que ce foulard islamique et le combat pour la laïcité, et comme Mohamed Sifaoui eut raison de moquer cette incohérence de nos dirigeants à faire enseigner les valeurs de la République par une personne voilée: Je suis quand même assez étonné que, dans un pays où on a compris qu’il y a avait une guerre idéologique à mener, on honore à ce point, une femme qui a perdu son fils mais qui porte le voile par ailleurs. Je sais qu’on sacralise la victime dans ce pays. C’est une vraie tradition, et c’est très bien. Mais il y a des limites. Il faut chercher un peu de cohérence. Ce n’est pas parce qu’une personne perd son fils, et il y en a beaucoup, qu’on va la faire sortir de ses fourneaux pour en faire une égérie de la lutte antiterroriste.
L’association de Latifa, construction de nos dirigeants, d’un Jean Glavany ou d’une Najat Vallaud-Belkacem, reçoit du Ministère de l’Education Nationale une subvention annuelle. Son témoignage constituerait un outil de défense et de promotion des principes de laïcité, de citoyenneté et de paix, qu’on nous serine. Avec son foulard.
Tu me dis que, accompagnée de 17 élèves, elle est allée en avril 2015 en Israël et dans les territoires palestiniens pour faire découvrir aux jeunes gens le berceau des trois grandes religions monothéistes ? Oui. Latifa, lorsqu’elle emmena en 2015 17 lycéens chrétiens et musulmans en Israël, elle les engagea à se prosterner devant la tombe d’Yitzhak Rabin mais aussi celle de Yasser Arafat, l’ex-leader palestinien tenu par Mahmoud Abbas lui-même comme initiateur de nombreux actes terroristes lors de la Seconde intifada.
Latifa, c’est aussi une absence totale d’esprit critique vis-à-vis de l’Islam. Latifa, elle nie tout lien entre les attentats de Merah et l’Islam, religion de paix, et elle déplore encore sur son compte Twitter l’acharnement sur cette religion qu’elle considère pareille à toute autre. Pour elle, Merah n’est que la preuve de la défaillance de l’éducation parentale. Il n’aurait pas tué son fils au nom de l’islam mais par souffrance, parce que la société française maintient les jeunes des cités comme en prison. Latifa, alors que tout un chacun s’accorde aujourd’hui pour définir le jihad comme l’étape d’une mission dont le but est la conversion, la reconquête des pays indûment occupés et l’instauration de la sharia, elle explique, elle, à nos collégiens, que faire le jihad, ce n’est pas tuer : Ce que je fais devant vous, c’est un djihad. Un combat pour le vivre ensemble[2].
Ça suffit ! Nombreux ont dénoncé cette mater dolorosa[3] sanctifiée par les médias, cette nouvelle icône qui a su faire plier une République qu’elle trouva pourtant injuste au point d’accuser son armée de racisme : à la mort de son fils, ses enfants et elle n’avaient pu voir tout de suite le corps du défunt, omettant de dire que tel était le protocole militaire.
Latifa ? Elle n’eut jamais, comme le fait Hocine Drouiche, un mot pour dénoncer l’antijudaïsme islamique et les sourates anti-juives. Elle posta son soutien après l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, mais se signala par son silence lors de l’attentat contre l’Hypercasher.
Latifa, elle est critiquée par des intellectuelles musulmanes dont l’une écrivit à son sujet que l’indécence n’avait vraiment aucune limite : Non contente de venir jouer les philosophes dans nos établissements scolaires, d’avoir joué les ambassadeurs en France et au Maroc, d’avoir reçu indûment décorations et honneurs, maintenant, Latifa Ibn Ziaten s’improvise cinéaste! Elle exploite la mort de son fils. Point final. Et si seulement c’était fait dans l’intelligence et l’esprit des Lumières. Même pas ! Bigoterie et degré zéro de la pensée. Quand elle dit qu’elle est marocaine, j’ai honte ! Quand on ne maîtrise ni le français, ni l’arabe, on commence à remédier à ses carences avant de venir jouer la bledarde ou la daronne rebeu de service ! Elle fait honte aux Marocaines. Comme si chez nous, il n’y avait que ce modèle en magasin !
The last but non the least : Ce fut son indignité lorsqu’elle refusa, lors de la cérémonie officielle, que la dépouille de son fils reposât à côté de celle de son collègue, au motif que celui-là n’était pas musulman. Latifa, c’est celle qui jugea impure la dépouille catholique d’Abel Chennouf Meyer. Latifa, c’est l’affaire dans l’affaire, l’affaire de la chapelle ardente. Latifa qui demanda à ce qu’on écartât le corps de l’impur. Latifa dont la demande indigne fut reçue par les autorités concernées car on ne refuse rien à Latifa. Refusez-lui le Prix Nobel de la Paix.
Ou alors sommes-nous à ce point malades pour avoir tous besoin de cette fausse héroïne. De cet alibi qui illustre si bien l’embarras de la France et du monde vis à vis de l’Islam. Empêchons-la de faire, avec le soutien des gouvernements successifs, du prosélytisme religieux. Lui décerner le Nobel reviendrait à ouvrir encore plus grande la porte à l’entrisme islamiste.
[1] Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers.
[2] Face aux ados, le poids des mots. Libération.
[3] Olivier Le Naire. L’Express.
Sarah Cattan