C’est difficile d’écrire un article de synthèse sur la situation politique et sociale en Tunisie. Il faut éviter de répéter ce que tous les media ont publié sur le sujet. Il ne sert à rien de faire des rappels historiques sur Habib Bourguiba et sur Ben Ali . Il faut remonter à la Révolution du jasmin, aux tunisiennes et aux tunisiens manifestant le long des avenues au cri de “Dégage” .
Sept ans ont passé. Les islamistes sont arrivés au pouvoir puis ont préféré le rendre à la société civile, tout en restant cachés derrière les rideaux. Élections, négociations, nouvelle constitution : tout le monde se met d’accord pour faire de la Tunisie un pays modèle de modernisme et de tradition en écartant les extrémistes et les semeurs de trouble. Un nouveau Président de plus de 90 ans rassure tout le monde y compris les impatients.
Frontière sud : la Libye, tribus rivales, terroristes, nid de vipères. L’armée tunisienne sous équipée, sous entraînée fait de son mieux pour colmater. Mais 700 jeunes tunisiens sont partis pour le “djihad”. Et le rêve des jeunes est de partir vers l’ Europe.
L’économie tunisienne est vacillante : Les investissements ont été réservés aux villes côtières le long du littoral, les petites villes de l’intérieur abandonnées à la pauvreté, au chômage, au désespoir. Il y aurait plus de six cent mille chômeurs dans un pays de onze millions d’habitants et trop de diplômés sans perspective d’emploi. C’est un point non négligeable : les familles se sont sacrifiées pour financer les études de leurs meilleurs fils et filles et les retrouvent les bras ballants, la honte ou la colère au front.
L’industrie de transformation a vite capitulé devant le tsunami des offres chinoises. Le tourisme qui était la planche de salut du régime Ben Ali est en déconfiture. Des dizaines d’hôtels sont fermés et ceux qui restent ouverts ont des taux d’occupation ridiculement bas. Bien souvent ce peu d’activité est réalisé avec des touristes recrutés à coup de promotions ruineuses. La Tunisie avait un fonds de clientèle important : les Juifs tunisiens, les « Tunes », fidèles aux rendez vous de la nostalgie, belle clientèle qui remplissait les palaces et se disputait les tables des meilleurs restaurants. Tous ceux qui glosent sur les «sionistes», tous ceux dont la vocation est de soutenir Hamas, Djihâd Islamique…ils ont tous réussi ! Ils sont parvenus à faire fuir leurs meilleurs clients qui étaient souvent leurs meilleurs amis. Qu’ont fait pour la Tunisie les Palestiniens et leurs dirigeants collectionneurs d’aides internationales ?
Cette année, les vacances d’hiver, Noël, Jour de l’ An , il n’y avait pas une chambre de libre à Marrakech et à Agadir et tous les Tunes s’y étaient donné rendez-vous. J’avais posé la question «Qui y avait-il ?” et on m’a répondu “Plus rapide de te citer ceux qui n’y étaient pas”.
Le Maroc fier de ses traditions et respectueux des croyances de ses hôtes a confisqué la meilleure carte de l’économie tunisienne.
Pour équilibrer les comptes et assurer les remboursements des dettes internationales, une loi des finances a augmenté les impôts et même la TVA sur des produits essentiels. L’inflation a fait perdre deux tiers de sa valeur à la monnaie nationale, la vie est chère et il n’y a pas d’issue. Alors les Tunisiens manifestent et le gouvernement recule et présente un plan de soutien aux plus déshérités dont on se demande comment il sera financé !
La bourgeoisie, les hommes d’affaires, les classes privilégiées .. normalement tous devraient contribuer . Est- ce prévu ?
André Simon Mamou
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