Le centre communautaire juif Saint-Hilaire de Saint-Maur a reçu ce dimanche une lettre anonyme de deux feuillets menaçant d’incendie la synagogue. Le courrier date du lendemain de l’incendie de l’épicerie casher de Créteil.
Quelques jours seulement après l’important incendie qui a ravagé une épicerie casher de Créteil, cette lettre anonyme risque fort d’accentuer le sentiment de peur de la communauté juive du Val-de-Marne. Ce dimanche matin, le président de la communauté du centre Saint-Hilaire, dans le quartier de la Varenne à Saint-Maur, a découvert dans son courrier deux feuillets, sur lesquels le ou les auteurs ont écrit au feutre et en majuscule «Sale juifs de bâtards Hitler vaincra» et «Après Créteil c’est vous bande de bâtards qui allez brûler dans le quartier». Des croix gammées, dessinées à l’envers, comme à Créteil, encadraient les propos. De quoi inquiéter les dirigeants du centre, qui ont immédiatement porté plainte au commissariat de la ville.
«Nous diffusons déjà sans arrêt des consignes de prudence, difficile de faire encore plus, soutient Michel Dluto, président du centre communautaire. Nous engageons toute personne à faire attention, mais je ne veux pas qu’on recommence à vivre dans la peur. Quelqu’un essaye visiblement de nous faire peur après les faits de Créteil, mais ça peut être l’acte d’une personne isolée.»
Ne voulant pas céder à la panique, la communauté de Saint-Maur espérait même que ces menaces ne soient pas ébruitées. Ce dimanche après-midi, la famille qui fêtait une bar-mitsva dans le centre communautaire n’avait même pas été prévenue «pour ne pas gâcher l’événement». La sécurité était assurée par un agent privé, embauché par la famille. «De plus en plus d’événements qui ont lieu ici sont sécurisés comme ça, constate Michel Dluto. Ça fait plus d’un an que nous n’avons plus de militaire devant la synagogue.»
La police municipale renforce ses patrouilles
Immédiatement avertie des menaces, la mairie de Saint-Maur a renforcé la présence de sa police municipale, qui a passé une partie de la journée devant le centre communautaire. «Aucun signal ne doit être ignoré, estime Sylvain Berrios (LR), maire de Saint-Maur. Nous serons très attentifs à la sécurité de ce lieu, en particulier au CSU (NDLR : centre de surveillance urbaine), grâce à nos caméras de vidéosurveillance.»
À Créteil, l’épicerie casher avait d’abord été la cible de croix gammées, taguées sur son rideau de fer, ainsi que sur celui de l’Hyper Cacher voisin, avant d’être détruit par un incendie d’origine criminelle mardi très tôt. L’enquête est toujours en cours. À Saint-Maur, en janvier 2014, c’est l’enseigne Naouri, toujours dans le quartier de la Varenne, qui avait été victime d’inscriptions antisémites.
L’arrivée de ce courrier replonge ainsi la communauté dans la crainte. «Ça se reproduit, ça s’amplifie, il y a de quoi alimenter un sentiment d’insécurité, défend Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme. Là ça fait trop et quand ça commence ainsi, ce n’est jamais bon signe.»
«Il faut toujours prendre au sérieux les menaces, grandes comme petites»
Ses mains en tremblent rien que d’en parler. Ce dimanche, à l’annonce de nouveaux faits à l’encontre de la communauté juive, l’épicier de Créteil qui a vu son magasin partir en fumée ce mardi au centre commercial Kennedy replonge dans l’horreur de ces derniers jours. Il n’en dort plus et sent en lui, une agressivité, une rage qu’il ne se connaissait pas.
Mais en tentant d’analyser les derniers événements, lui qui a d’abord subi des tags, une semaine avant l’incendie, n’a qu’un seul commentaire : «Il faut toujours prendre au sérieux les menaces, grandes comme petites. Même si c’est le fait d’un petit imbécile. On n’avait pas vraiment pris en compte les tags. Et voilà, une semaine après, la catastrophe s’est produite.»
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