Hidalgo-Guevara : l’hommage minable a l’innommable

Cela a l’air d’un mauvais gag, mais c’est misérablement sérieux. La maire de Paris convie les parisiens à une exposition autour de Che Guevara pour lui rendre « hommage ». 

Il faut lire l’invitation : « Avec l’exposition le Che à Paris, la capitale rend hommage à une figure de la révolution devenue une icône militante romantique. À découvrir gratuitement l’hôtel de ville de Paris » le tout suivi d’un poing fermé stylisé.

Sous l’invitation la photo du héros de Hidalgo ornée d’une citation de son personnage iconique : « Il faut s’endurcir sans perdre la tendresse ». La tendresse ? À la lecture de ces phrases dégoûtantes d’être sirupeuses, la pensée se fait soudainement nauséeuse. La tendresse ? Il faut relire l’article de l’Express daté du 27 septembre 2007 et intitulé « la face cachée du Che » : « La mythologie aurait-elle faussé la perception de la réalité ? Ceux qui l’ont connu aux premières heures de sa plus grande carrière portent, en tout cas, un autre regard sur le « guérillero romantique ». Anciens compagnons d’armes ou victimes, ils brossent le portrait d’un être froid. Brutal. Autoritaire. Et aux mains tachées du sang de nombreux innocents.

Lucien Medina, d’abord. À 81 ans, robuste, volubile et enjoué, il reste ce paysan qu’il fut au temps de la révolution quand il était le facteur personnel de Fidel Castro… Guevara ? Il traitait mal les gens. Très mal, insiste Médina… Il tuait comme on avale un verre d’eau. Avec lui, c’était vite réglé. Un matin, vers neuf heures, il déboule dans une petite exploitation de café appartenant à un certain Juan Peres. Aussitôt, le Che l’accuse d’être un mouchard à la solde de la dictature de Batista. En réalité, son seul tort était de ne pas adhérer à la révolution. » Une heure plus tard, le malheureux cafetier est passé par les armes devant sa femme et ses trois enfants de 1,3 et 4 ans. »

Depuis longtemps, ceux qui savent lire savent à quoi s’en tenir sur le geôlier en chef de la prison de la Cabana, surnommé « le petit boucher » où s’entassaient en 1959, plus de 900 détenus.

Fusillade tous les soirs. Sergio Garcia raconte qu’il est intervenu auprès du Che pour plaider la cause de son frère. Je lui ai dit : « regardez le dossier, il y a erreur, vous verrez par vous-même. » Alors Guevara m’a regardé et, l’air narquois, il a lâché : « Il est peut-être innocent, mais il a porté l’uniforme bleu. Alors il doit mourir »

Un témoin- clé de l’époque, l’aumônier de la prison de la Cabana a confessé dans « La galerie de la mort » : « Le Che n’a jamais cherché à dissimuler sa cruauté. Bien au contraire. Plus on sollicitait sa compassion, plus il se montrait cruel. Il était complètement dévoué à son utopie. La révolution exigeait qu’il tue, il tuait ; elle demandait qu’il mente, il mentait. ». À la prison, lorsque les familles rendaient visite à leurs proches, Guevara exigeait qu’on les fasse passer devant le peloton d’exécution taché de sang frais. Un alter ego, camarade du guérillero, devenu dissident emprisonné, Huber Matos a déclaré : « Je crois qu’en définitive que cela lui plaisait de tuer des gens ». Le Che a validé tranquillement cette croyance dans une lettre adressée à son père.

Tel est le héros romantique et plein de tendresse auquel la maire de Paris a décidé de rendre « hommage ». Avant Staline ? Lénine ? Pol Pot ? Ben Laden ? Himmler ?

Étrange hôtel débile où l’on ne peut plus exposer une crèche du petit Jésus, mais où l’on rend hommage au héros christique des étudiants attardés des années 70.

Manifestement, la culture de Anne Hidalgo s’est arrêtée à la lecture des collections de la librairie Maspero. Mais j’y vais avec la dame avec des pincettes plutôt qu’avec des castagnettes. A l’en croire en effet, on la critiquerait injustement parce que femme et espagnole…

Mais qu’elle se rassure, elle n’a pas que des contradicteurs : ainsi un certain Thomas Portes, porte-parole départemental du PCF et syndicaliste CGT- SNCF : « Félicitation à Anne Hidalgo pour sa magnifique exposition sur Che Guevara à Paris. N’en déplaise à certains, le Che est un révolutionnaire qui aura marqué l’histoire. Sa pensée est plus que jamais d’actualité, n’en déplaise à certains, le Che est un révolutionnaire. On entend moins les chiens réactionnaires quand on reçoit Netanyahu. » Bref, la convergence dans l’abjection.

Mais laissons Anne et les camarades délicats qu’elle mérite se congratuler entre eux.

Je leur en veux moins de leur ignominie qu’aux libéraux et aux démocrates de mes amis de leur inertie. Ils ont tout et toujours laissé faire. Ils n’ont pas organisé de procès intellectuel contre le communisme. Ils n’ont rien dit quand on a lâché les chiens contre les auteurs du Livre Noir. Ils n’ont rien dit contre l’alliance entre le parti communiste et les socialistes tandis qu’ils rasaient les murs quand on leur faisait un procès d’intelligence avec les populistes. Imaginez un seul instant qu’un maire de droite organise une exposition gratuite en hommage aux réalisations de la France en Algérie, j’imagine déjà les pétitions, les manifestations, les indignations et les exactions.

Ils ne feront rien contre l’hommage honteux au petit boucher communiste.

Je ressens plus de honte pour la passivité de mon camp que pour la stupidité de méchants ignorants.

Gilles-William Goldnadel
Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel offre aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l’actualité.

Source valeursactuelles

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