L’ancien instituteur de L’Ile-Bouchard a reçu le titre de Juste parmi les nations, lundi. Il a été honoré à titre posthume en présence de l’une des rescapés.
Juillet 1942 : les grandes rafles bouleversent Paris puis la France. Au même moment, aux confins de la Touraine, « en nous permettant d’entrer en zone libre, un jeune instituteur laïc nous a sauvés, mon frère d’abord, ma mère et moi ensuite ».
Cette histoire « au fond très vieille, qu’on n’a pas oubliée », c’estOdette Azria, 86 ans, qui la raconte avec émotion.
Devant elle, Marie-Louise Rondel l’écoute, l’œil pétillant.
Lundi, depuis le prieuré de Saint-Louans, dont elle est pensionnaire, son époux, Élie, a été nommé Justes parmi les nations.
Son nom gravé à Yad Vashem
Une distinction à titre posthume pour avoir sauvé Henri Moïse, collégien de 16 ans, puis sa famille, juive, durant la Seconde Guerre mondiale.
Le scénario se joue alors entre Mamers (Sarthe) et la ligne de démarcation.
L’instituteur, décédé en 1984, a rarement évoqué cet épisode marquant. « C’était un homme animé par un grand sens de la patrie, un homme de bien, qui n’était pas du genre à faire la publicité d’un tel acte de bravoure », explique Marie-Bernadette De la Bardonnie, qui a fréquenté le couple Rondel entre Paris et L’Ile-Bouchard, où il coulait une retraite paisible.
Trente-trois ans après son décès, Élie Rondel reçoit la plus haute distinction civile de l’État d’Israël.
Le moyen de saluer « le grand courage et la noblesse d’âme » d’Élie Rondel et de ces 4.032 Justes de France (quarante-cinq en Indre-et-Loire), « non-Juifs, qui n’ont écouté que leur conscience ». Autant d’incarnations, selon les termes de Marie-France Bensaadon, déléguée du Comité français pour Yad Vashem, « de l’honneur de l’humanité ».
Le nom d’Élie Rondel vient d’être dévoilé sur le mur d’honneur du jardin des « Justes parmi les nations » de Yad Vashem, à Jérusalem. Un rappel à la vigilance gravé dans la pierre.
Si les actes d’antisémitisme et de racisme tendent à diminuer, « les valeurs de justice et de paix qu’ont incarnées les Justes hier méritent qu’on les défende avec force aujourd’hui », martèle Marie-France Bensaadon.
Julien COQUET
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