Réunis samedi soir au Caire, les pays arabes n’ont pas réussi à s’entendre sur des sanctions ou des mesures de rétorsions contre la décision du président des Etats-Unis.
La réunion d’urgence sur la question de Jérusalem au siège de la Ligue arabe au Caire, samedi soir 9 décembre, a été sans surprise. Les vingt et un ministres des affaires étrangères arabes ont, à l’unanimité et dans les termes les plus durs, condamné la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître la Ville sainte comme capitale d’Israël. Mais, au-delà du rappel de l’importance de Jérusalem pour les Arabes et les musulmans et de l’objectif de créer un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, aucune mesure concrète n’a été adoptée.
Dans leur résolution finale, les membres de la Ligue arabe ont dénoncé une « décision illégale » et une « violation » du droit international qui « affaiblit les efforts pour parvenir à la paix, accroît les tensions et va susciter une colère qui risque de placer la région au bord de la violence, du chaos et du bain de sang ». Les Etats-Unis ont adopté « une position biaisée en faveur de l’occupation », qui leur ôte tout rôle de « sponsor et négociateur » dans le processus de paix, ont-ils ajouté, appelant Washington à reconsidérer sa position.
Bien qu’applaudi en plénière, l’appel lancé par le ministre libanais des affaires étrangères, Gebran Bassil, à des mesures de rétorsion diplomatiques, politiques, économiques et financières contre les Etats-Unis, n’a pas fait consensus. Campant sur une position plus ambivalente, certains membres ont refusé d’envisager un boycottage des produits américains ou la remise en cause de leurs liens avec Washington.
Réponse graduelle
Les ministres arabes ont dit privilégier, à ce stade, une réponse graduelle. Ils ont appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à condamner la décision de M. Trump. Mais, conscients qu’ils se heurteront au veto américain, ils devraient solliciter le vote d’une résolution par l’Assemblée générale de l’ONU, a précisé le ministre palestinien des affaires étrangères, Riyad Al-Maliki.
Un peu plus tôt, ce dernier avait appelé, avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, la communauté internationale à reconnaître l’Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Le plan de paix arabe de 2002, qui prévoit la reconnaissance d’Israël en échange de la restitution des territoires occupés depuis 1967, dont la partie orientale de Jérusalem, reste le cadre de référence des pays arabes. Une nouvelle réunion est prévue dans un mois et un sommet arabe pourrait être organisé en Jordanie.
La Ligue arabe apparaît une nouvelle fois en décalage avec les Palestiniens, qui expriment, depuis jeudi, leur colère lors de manifestations violentes, qui ont fait quatre morts. Une colère dont le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est fait le porte-voix, dimanche, en promettant qu’Ankara « n’abandonnera pas Jérusalem à la merci d’un Etat terroriste qui tue des enfants ».
De son côté, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a fait savoir qu’il ne recevrait pas le vice-président américain, Mike Pence, lors de sa tournée prévue mi-décembre au Proche-Orient. Le grand imam d’Al-Azhar, la plus haute institution sunnite d’Egypte, et le pape des coptes d’Egypte, Tawadros II, ont eux aussi annulé leur rencontre.
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