Claudine Katz n’a pu retenir quelques larmes, en s’adressant à Bernard Létoffé et aux presque 200 personnes massées dans la salle des fêtes de la mairie.
« Nous sommes heureux d’être là, et de voir votre père, recevoir cette médaille des Justes. Merci. » Sans doute quelques images sont venues s’imprimer dans l’esprit de celle qui s’appelait encore Claudine Knoll à l’époque.
Elle a revu cette pièce de 20 m2 où elle a vécu avec toute sa famille pendant deux ans à Boulogne-Billancourt, de 1942 à 1944. Un fait survenu parce qu’un jour de juillet 1942, le policier Charles Létoffé a prévenu le papa de Claudine, Charles Knoll, primeur à Soissons, que les autorités cherchaient les Juifs d’origine étrangère pour les envoyer dans les camps d’extermination. L’un des trois faits qui ont débouché sur cette cérémonie de remise à titre posthume, de la médaille des Justes parmi les Nations, à Charles Létoffé, déjà distingué lors de la Première Guerre mondiale. Son fils Bernard, Crouyssien, a reçu cette distinction des mains du ministre israélien, Daniel Saada.
Un passeur de mémoire
« Votre papa s’est conduit en humain refusant l’indifférence et la passivité de la plupart des hommes à ce moment-là. Il envoie un message intemporel, celui de secourir des êtres humains en détresse. C’est la meilleure réponse qu’il pouvait donner. »
Les membres du comité Yad Vashem se chargent de retrouver les Justes, ces non-juifs qui ont, au péril de leur propre vie, permis de sauver des juifs des camps de concentration de la barbarie nazie. Ceux-ci ont retracé les trois faits de « passeur de mémoire, mais aussi de relais ». Outre la famille Knoll, deux autres familles, les Glas et Otchakowski, ont vu leur vie se poursuivre grâce à l’action de Charles Létoffé, ce policier, « un simple Français parmi d’autres » dixit le maire. « Il ne m’a jamais parlé de cela, expliquait Bernard à l’issue de la cérémonie, Pour mon père, c’était normal. »
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