La Comédie musicale de mes amis du Beit Haverim, par Sarah Cattan

Mes amis du Beit Haverim, groupe Juif LGBT, j’ai fait leur connaissance grâce à l’homophobie haineuse rétrograde et lâche qui s’exprimait et s’exprime à leur égard sur les réseaux sociaux.

Je n’oublierai jamais ce jour où j’ai involontairement participé à un débat qui s’improvisa entre leur Président, Alain Beith et ces Juifs plus Juifs que tous les autres, vous savez bien, ceux qui ont établi l’échelle selon laquelle vous seriez un bon ou un mauvais Juif. Ce jour où je perdis mes dernières illusions sur l’amour du prochain dont aiment à se réclamer les bons croyants de toutes les religions, et même de la nôtre donc, où j’en vis qui offraient aux pêcheurs une ultime chance de racheter leur âme en retournant à la syna, ce jour où il leur fut doctement expliqué que leur « choix » (comme si on pouvait parler de choix,) était selon Hachem une abomination, ce jour donc où je demeurai saisie de leur calme de leur détermination de leur dignité, où je fus bouleversée  de les voir presqu’acculés à se justifier en précisant que eux aussi faisaient leur temps au sein de Tsahal, ce jour enfin où je m’aperçus qu’être homo au sein de la communauté juive était décidément la source d’une souffrance extrême au vu du mépris qui les condamnait tous sans appel : ce jour-là, je décidai de rester à leurs côtés. Activement.

Depuis , j’ai croisé leur route partout, à ces militants dans l’âme et qui ne prêchaient pas que pour leur paroisse. Je me souviens avoir écrit un long papier-plaidoyer à leur sujet, qui me fut refusé au XXIème siècle car, me dit-on, qui diable cela pouvait-il intéresser, ce sujet, oublieux, ceux-là, que peut-être leur enfant leur frère leur meilleur ami un jour leur devrait sa survie à eux, mes amis du Beit Haverim. S’il poussait leur porte à temps. S’il avait survécu à l’indicible souffrance infligée par ceux qui, tout en vous aimant, vous ont contraint au silence. Car moi je n’oublierai jamais ce jour où mes potes diffusèrent en guise d’avis de recherche la photo d’un jeune homme, David, d’une beauté éblouissante, trop aimé mal aimé mal compris trop seul : le jeune homme fut retrouvé mort. Emporté par une crise cardiaque dit le discours officiel. S’étant donné la mort ai-je pensé en mon for intérieur, rejoignant Montherlant selon lequel il n’y a pas de suicide il n’y a que des meurtres. 

Ça suffit, me dit la voix de la raison, tu voulais leur parler de fête, aux lecteurs de Tribune juive Ressaisis-toi Sarah. Mes amis du Beit Haverim donc, pour célébrer les 40 ans de leur mouvement, ils présentent un spectacle musical inédit, spécialement écrit pour clôturer les festivités de  l’association. Pièce de Théâtre musical, première du genre à narrer une histoire juive et gay,   en un Acte, alternant jeu et chant, illustration simple de la réalité, le dit spectacle prétend répondre à la question : Qu’est ce qui amène quelqu’un à pousser la porte du Beit Haverim ? David pourquoi n’as-tu pas poussé à nouveau cette porte Non non non, Fêtons ensemble et avec espérance les 40 ans d’existence du Beit Haverim Mais moi si j’avais eu mon mot à dire, David, je t’aurais dédié ce spectacle Ecoute je te dédie ce papier.

Qu’est ce qui amène quelqu’un à pousser la porte du Beit Haverim ? Faut-il répondre, David, ou aurez-vous saisi que seules la lutte contre l’homophobie au sein de la communauté juive et la lutte contre l’antisémitisme au sein de la communauté LGBT vous amènent toi, et toi, et toi, à pousser un jour cette porte-là, sorte d’issue de secours, au lieu peut-être que de te donner la mort.

Tu peux encore décider du chemin, de ton chemin répète la chanson titre de la comédie musical. C’est la prière des chanteurs de la troupe du Beit Haverim dont le clip vient de sortir.

Yalla ! – Le Tajine Musical – Le Clip from CoDesign Experience on Vimeo.
Soirée de divertissement, le spectacle de mes amis, moment pour se retrouver autour du patrimoine musical judéo–Israélien francophone réunissant chansons traditionnelles juives, chansons représentant Israël à l’Eurovision telles Dana International, Ofra Haza ou Milk &Honey mais aussi Enrico Macias ou Jean Jacques Goldman, sera aussi l’occasion heureuse car vitale de mettre en exergue les raisons d’être du Beit Haverim, association LGBT Juive.

Je sais, je l’ai déjà dit, mais j’aimerais tant qu’enfin vous imprimiez, vous mes amis observants, que ceux-là existent à vos côtés et sont in fine aussi observants que vous, et aussi Juifs, que vous le vouliez ou pas.

Le spectacle de mes amis du Beit Haverim, association LGBT juive, il emprunte à  la comédie musicale Mamma mia tout son côté décalé, mettant en avant des personnages à coté de leurs pompes et  dès lors si attachants. L’approche narrative du spectacle est celle de la trilogie Klapisch, de L’Auberge espagnole au Casse-tête chinois en passant par Les Poupées russes : décousue, en monologue intérieur, mettant au grand jour le conflit et les incohérences des personnages, la fiction n’étant là que le miroir de la réalité. Cachez ce sein que je ne saurais voir ? Fini : finis l’hypocrisie les faux semblants la morale à deux balles. Finie l’échelle-étalon qui mesure qui est meilleur Juif que l’autre.

Venez y voir : de ce spectacle à fleur de peau, de cette feel good comédie musicale, vous sortirez plus grands, meilleurs, j’oserais dire plus Justes.

Le prétexte ? C’est l’histoire de Dany, jeune juif parisien qui a tout réussi dans sa vie : bon job, bel appartement, une mère formidable. Un jour, il reçoit un carton d’invitation pour le mariage de sa cousine Rivka. Une invitation pour lui et sa compagne. Dany a juste oublié de préciser à toute sa famille que sa compagne s’appelle Farid.

Pour ce spectacle, ce bon moment, une recette fut suivie, comme le nécessite l’élaboration d’un mets prestigieux et convivial qui prétendrait réunir les plus récalcitrants, ceux qui ne goûtent pas d’ordinaire à ces plats-là.

La recette nécessita les ingrédients suivants, que ne récuseront pas les chefs les plus prestigieux : 14 chansons embaumant les épices et le soleil, 4 comédiens-chanteurs, un pianiste. La bande-son ? Celle  de la vie de tous les Juifs francophones et de tous ceux qui les aiment.

Le tout mijotera 1h30 à feu doux. Vous savez, ce feu qui fleure bon, embaume les lieux, nous fera dire và ceux qu’on aime : allez-y voir.

J’oubliais : vous savez le petit truc que nos grands-mères nos mères gardent jalousement et qui font que le plat fait par elles ne sera à nul autre pareil ? Eh bien moi je vous le délivre :

Retirez petit à petit toute trace d’homophobie et d’antisémitisme du plat. Parsemez le tout d’un peu de miel et d’un soupçon de kitsch. Servez avec beaucoup de tendresse et de sincérité.

Vous savez quoi ? Vous obtenez une comédie musicale sauf que c’est servi avec des boulettes ! 

Screenshot

Qui est le grand responsable de tout ça ? Le créateur et pianiste du spectacle ? C’est lui, Samuel Sebban. Celui-là qui écrivit à 16 ans, l’insolent, sa première comédie musicale, Cassandre, et la donna à Toulon à l’Espace Peirec et au Théâtre Malraux. Qui en 2006 s’associa à AIDES- Pau et écrivit la comédie musicale Sens le Silence qui se jouera dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le SIDA ainsi que pour le Sidaction. Qui intégra en 2015 la troupe des Barrés de Broadway pour leur nouveau spectacle. En toute logique, il dirigea l’équipe Artistique responsable de l’écriture, de la mise en scène, des arrangements vocaux et musicaux et de la  gestion des répétitions.

Dany, le personnage principal, est joué par Jeremy Jochimek qui intégra à 18 ans l’ESRA, école de réalisation audiovisuelle, et joua depuis dans des groupes de rock, pop, punk, se produisant régulièrement dans les salles de concert et bars parisiens pour jouer en 2014 au Théâtre Laurette à Paris le spectacle musical Je te tiens tu me fuis et écrire la pièce A mort la mort. Jeremy Jochimek ? C’est aussi son adéquation avec les idées progressistes, de tolérance et d’égalité qui l’a naturellement poussé à participer à ce spectacle. La troupe ? Elle aime le vanner en disant qu’il est un musicien reconnu par ses parents, et que, s’il est toujours en quête de reconnaissance, le diagnostic de son psychologue reste néanmoins optimiste.

La meilleure amie de Dany, Estelle, est jouée par Maïka Cordier, qui, après avoir dansé pour le jeune ballet de Picardie et les spectacles de Disneyland Paris, intégra la section Arts de la scène au Conservatoire du 9ème arrondissement de Paris. Elle écrivit et mit en scène le spectacle musical Le Bar des Étoiles et cette passionnée de cinéma réalisa trois courts métrages, interprétant le rôle de Maybelle dans Hairspray.

Et la mère dans tout ça ? Noémie Bouskila Bensoussan s’y colle, elle dont on nous dit que les fées, penchées sur son berceau, lui offrirent le don d’ubiquité, tant cette maman, informaticienne et chanteuse à ses heures réussit à assumer son amour de la musique et de la comédie musicale en se lançant sur scène aux cotés des musiciens de l’association Jewsalsa, puis ceux tellement talentueux de l’Ecole Musicale et Artistique, jazzifiant souvent et orientalisant parfois les standards de la pop et de la variété française. Son rêve ultime ? Interpréter Yentl. Barbra si tu nous lis…

Noémie ? Comme les autres, en découvrant avec Samuel Sebban le Beit Haverim, elle s’est investie dans le combat pour la tolérance et l’acceptation et sera cette mère juive attach(i)ante au nom de tous les siens et de tous les autres.

Reste Farid, toi l’objet de malheurs pour certains mauvais coucheurs et sans qui rien ne serait possible : je n’oublierai pas ton nom même si Johnny l’a chanté et rechanté et donc dans la vraie vie tu t’appelles Oualid Latreche, qui débuta sa vie artistique en 2013 par le chant lyrique à travers des cours particuliers et se découvrit très vite une passion pour la comédie musicale à laquelle il travailla en apprenant la danse et le théâtre auprès de l’AICOM avant de rejoindre la troupe International Players pour The Addams Family, en Mai 2016. Aujourd’hui membre des Ateliers MUSIDRAMA, cet Algérien résidant en France poursuit son travail de technique vocale et d’interprétation et a rejoint Yalla, afin de défendre la culture de la tolérance qui l’a forgé.

Ce casting est à l’image des valeurs que défend le Beit Haverim. Alors qu’on entend parler de « non mixité », eux ils font tout le contraire. Leur troupe intègre ouvertement des hétéros et des non juifs. Quelle insolence

Toujours pour info, sachez qu’à la Création lumières, c’est Maïka Cordier qu’il faudra applaudir.

Dates :

  • 1ère représentation  : Dimanche 10 décembre 2017 (Théâtre Clavel, Paris) – COMPLET .
  • Dimanche 11 février 2018 à 15h (L’Auguste Théâtre, Paris)
  • Lundi 12 février 2018 à 21h (L’Auguste Théâtre, Paris)
  • Mardi 13 février 2018 à 21h (L’Auguste Théâtre, Paris)
  • Toujours pour info, à la Coordination, Emilie Guitton et à la Communication : Alain Beit et Schlomi Melki.

Beit Haverim est créé en 1977 à Paris. Le groupe informel se réunit dans les locaux du centre du Christ Libérateur. À la suite de la dépénalisation de l’homosexualité en 1982, l’association est officiellement créée, le bureau constitué et les statuts déposés en préfecture. L’association a pour mission principale la création d’un groupe venant en aide à toute personne juive LGBT et veillant à la défense de ses droits. Guidé par des valeurs comme l’entraide et la défense des libertés, le Beit Haverim est l’une des plus anciennes associations LGBT françaises et regroupe, dans un esprit d’ouverture et de mixité, près de 2000 adhérents et sympathisants: juifs, juives, judéophiles, gays, lesbiennes, bi, transgenres et leurs ami-e-s, non juifs et/ou hétéros. La vocation du Beit Haverim se décline en trois dimensions :

  • Convivialité : La dimension sociale, voire ludique, demeure fondamentale. Les activités proposées répondent aux attentes variées des adhérents.
  • Identité : La double identité – judaïsme et homosexualité – nourrit la dimension culturelle. Tout en restant attaché à sa culture identitaire, le Beit Haverim poursuit son ouverture aux autres, notamment en offrant des services liés à cette culture.
  • Citoyenneté : La dimension militante commence par les luttes contre l’homophobie et l’antisémitisme. Elle s’élargit en intégrant les préoccupations essentielles de la Cité, notamment le « vivre ensemble » et les valeurs humanistes universelles.

2017 : Beit Haverim fête ses 40 ans !

Une quinzaine d’évènements, se déclinant autour des 3 dimensions évoquées précédemment ont été organisées tout au long de 2017 :

  • Une soirée de gala.
  • Un livre « judaïsme et homosexualité » narrant les combats passés et actuels de l’association
  • Un calendrier juif LGBT.
  • Un seminaire à Paris avec des Juifs LGBT venant des 4 coins du monde
  • Des soirées clubbing dans 3 lieux différents.
  • Une chanson et un clip : Les Reines de Pourim .
  • Participation au Limoud (forum de la vie juive)  sur le thème «Transidentité et Judaïsme»
  • Un dîner de Chabbat inter-religieux dans  une synagogue pour promouvoir le vivre-ensemble
  • Participation à la Marche des Fiertés à Paris

www.beit-haverim.com
contact@beit-haverim.com
Une Page facebook
Un Groupe Facebook interactif @beithaverim
Contact : Alain BEIT – alainbeit@yahoo.fr
Twitter : @AlainBeit / @BeitHaverim
Youtube : Beit Haverim

Sarah Cattan

 

 

 

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