Le centre hospitalier de Blois qui porte le nom de Simone Veil a dédié une soirée à cette femme qui fut l’auteure de la loi légalisant l’avortement.
Simone Veil est décédée le 30 juin dernier, à l’âge de 89 ans. Le 9 février 1978, elle était venue, en tant que ministre de la Santé, poser la première pierre de la seconde tranche de l’hôpital de Blois. L’établissement de soins porte désormais son nom. Mercredi, un hommage lui était rendu.
Marc Gricourt, maire de Blois et président du conseil de surveillance du centre hospitalier, a retracé toute sa vie.Pour l’élu, Simone Veil incarne la Shoah, l’émancipation des femmes et la construction européenne : « Elle fut chargée de présenter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, un combat difficile qu’elle mènera jusqu’au bout. Ce texte est pour moi l’une des plus grosses avancées sociétales. Et en matière d’IVG, notre hôpital est plutôt exemplaire. »
Le directeur de l’hôpital, Olivier Servaire-Lorenzet, a mis en lumière les deux valeurs qui caractérisent à ses yeux cette femme, à savoir l’engagement et la liberté : « Ce qui nous semble facile aujourd’hui l’était beaucoup moins à une époque. Les engagements les plus difficiles à défendre sont ceux qui vont contre une majorité ou des idées reçues. »
Avortement : “ Il fallait absolument légiférer ”Au cours de cet hommage, des soignants militants retraités ont livré leurs témoignages sur ce qu’ils ont vécu avant la loi Veil. « A la fin des années 1960, j’étais un externe en chirurgie dans un hôpital parisien. A ce moment-là, la loi autorisait les femmes à une contraception, mais l’avortement restait interdit, raconte Paul Cesbron, gynécologue. Un jour, un interne m’a tendu la curette, un instrument ancien qui permettait d’évacuer un utérus. Or, je savais que cet organe était fragile et qu’on me demandait de faire un geste dangereux. Je n’imaginais pas qu’on pouvait avoir un tel mépris pour les femmes. »
Joëlle Brunerie, gynécologue, en a vu passer des femmes prêtes à tout, même à mourir, car elles ne voulaient pas d’un enfant : « Elles avalaient diverses substances, se faisaient des injections, demandaient à des faiseuses d’anges de leur introduire des objets agressifs dans l’utérus pour décrocher l’œuf et là, elles arrivaient à l’hôpital et on pouvait les soigner. Je ne supportais plus de voir ces femmes souffrir. Et puis, la parole s’est libérée. Il fallait absolument légiférer. »
De son côté, le gynécologue Bernard Bourreau a parlé des débuts du centre d’interruption volontaire de grossesse (CIVG) à l’hôpital de Blois qu’il a dirigé à partir de 1979. Retraité, il est toujours l’un des médecins vacataires du CIVG. « Aujourd’hui, je suis inquiet car je sens un recul de la loi IVG dans des pays européens et dans des programmes politiques. Des fermetures de maternités et de centres de planification, ainsi qu’une baisse des médecins ne sont pas bon signe. »
Pour illustrer la violence des débats autour de l’IVG dans les années 70, les équipes pluridisciplinaires du centre hospitalier de Blois et d’une clinique de Nantes ont offert à l’assistance une représentation théâtrale en reprenant les discours des députés en 1974 au moment de la loi Veil et en utilisant des techniques de souffle particulières. « On applique ces méthodes de respiration aux soins. Quand je pratique des IVG, je fais souffler les femmes et je le fais avec elle », explique Sylvie Osterreicher, médecin du centre IVG de Blois et fervente défenseuse de la loi Veil.
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