L’article débute comme un véritable roman d’espionnage : “Par une sombre nuit d’hiver, un mois seulement avant l’investiture de Trump, deux hélicoptères israéliens Sikorsky CH-53 survolent furtivement la Jordanie avant de se diriger vers la Syrie. À leur bord : des membres de l’unité d’élite de l’armée israélienne et des agents du Mossad. Leur cible ? une cellule de Daech qui voulait mettre la main sur une nouvelle arme particulièrement meurtrière”.
Dans le secret du Bureau ovale
Mais c’est moins cette mission secrète qui a permis de découvrir “que des terroristes de l’organisation État islamique étaient en train de mettre la dernière main à des bombes dissimulées dans des ordinateurs portables” qui intéresse Vanity Fair que la suite des événements qui se sont déroulés cinq mois plus tard dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Le 10 mai 2017, lors d’une rencontre avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et l’ex-ambassadeur russe à Washington Sergueï Kislyak, “rencontre à laquelle les journalistes américains n’avaient étrangement pas été conviés, alors que la presse russe était présente”, souligne le magazine, Donald Trump s’est en effet laissé aller à d’étranges confidences. Non seulement le président américain “a partagé avec les représentants d’une puissance étrangère adverse les grandes lignes du complot visant à transformer des ordinateurs portables en bombes, mais il a également partagé un détail opérationnel ultra-secret : le nom de la ville où la menace avait été détectée”
Des révélations qui allaient avoir des “conséquences géopolitiques” sans précédent : outre raviver la guerre entre la Maison-Blanche et les agences de renseignement, ces révélations feraient “qu’Israël et les autres alliés des États-Unis allaient désormais réfléchir à deux fois avant de partager leurs renseignements”. Qui plus est, elles ont laissé “la quasi-totalité du ‘monde libre’ en train de se gratter la tête en se demandant ce qui décidément était en train de se jouer entre Trump et les Russes”.
La fin d’une longue collaboration
Et le magazine de décrire la longue et fructueuse collaboration entre les agences de renseignements américaines et israéliennes. Une relation de confiance commencée en 1956 “en pleine guerre froide” et qui s’est muée dans les décennies suivantes en un “véritable partenariat”.
Les deux pays ont continué de “travailler en tandem sous le président républicain George W. Bush et même sous la présidence de Barack Obama” malgré les mauvaises relations entre ce dernier et le premier ministre israélien.
Trois scénarios
Alors pourquoi Donald Trump s’est-il laissé aller à révéler ces informations classifiées aux Russes ? “A Washington, trois hypothèses circulent”, expliqueVanity Fair.
La première est que “dans le monde de Donald Trump”, la “richesse” n’existe que si elle est corroborée par autrui, note le magazine. Ainsi, lorsque le nouveau président américain, novice en matière de politique étrangère, s’est retrouvé face à deux interlocuteurs plus expérimentés que lui, il a cherché à ne pas apparaître “comme un poids plume mais comme un véritable acteur sur la scène mondiale”.
La deuxième hypothèse, elle aussi largement répandue, est que Donald Trump n’est capable de répéter que la dernière chose qu’il a entendue que cela soit “un briefing des services secrets ou la dernière émission qu’il a regardée sur la chaîne de télévision Fox News”.
La dernière hypothèse, enfin, celle défendue par les “vrais croyants”, comme les surnomme Vanity Fair, c’est que la “trahison de Donald Trump était délibérée”. Soit une nouvelle preuve de sa “collaboration de longue date avec les Russes”.
Pour ceux qui soutiennent cette dernière hypothèse, les propos échangés lors de cette rencontre feront nécessairement partie “des chefs d’accusation” que le procureur spécial Robert Mueller chargé de l’enquête russe “finira par clouer sur la porte de la Maison-Blanche dans le cadre de la procédure en destitution de Donald Trump”.
Haute trahison
Côté israélien enfin, outre la perte de confiance, “ce qui tient les responsables du renseignement israélien réveillés la nuit”, note le magazine c’est que lorsque Trump divulgue les secrets israéliens aux Russes, “il pourrait tout aussi bien les délivrer directement aux Iraniens, les grands alliés de la Russie dans la région”.
Comme l’a confié un haut responsable militaire israélien : “Trump nous a trahis”, et si “nous ne pouvons plus lui faire confiance, alors nous allons devoir faire le nécessaire, seuls, si nous nous retrouvons dos au mur face à l’Iran”.
Source courrierinternational
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