Les groupes palestiniens réunis au Caire ont conforté les sceptiques sur l’avenir de leur désir de réconciliation en se séparant, à une semaine d’une échéance importante, sur un lointain appel à des élections.
Treize formations palestiniennes se sont retrouvées mardi et mercredi au Caire pour tenter de maintenir la dynamique d’un accord conclu le 12 octobre entre les deux principales d’entre elles, le Fatah laïc et modéré et le Hamas islamiste.
Après dix ans de dissensions délétères, les anciens frères ennemis s‘étaient entendus le 12 octobre pour que le Hamas transfère d’ici au 1er décembre à l’Autorité palestinienne, dominée par le Fatah, les pouvoirs dans la bande de Gaza que le mouvement islamiste gouverne depuis 2007.
Les délégués au Caire se sont quittés mercredi soir sur un communiqué affirmant leur volonté de mettre en oeuvre cet accord, mais ne fournissant aucun détail sur les modalités d’application. Des questions cruciales sont éludées, comme le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.
Des délégués ont rapporté que tous les autres groupes avaient poussé le Fatah à s’engager à la levée des sanctions infligées en 2017 par le président de l’Autorité Mahmoud Abbas pour forcer la main du Hamas. En vain.
Les délégués ont appelé “les parties concernées” à préparer la tenue d‘élections présidentielle et législatives d’ici à fin 2018.
Les Palestiniens de Cisjordanie et Gaza, séparés géographiquement et politiquement, n’ont plus voté ensemble depuis 2006. Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l’Union européenne, avait alors causé un choc en l’emportant.
Faire illusion
Privé de sa victoire sous les pressions internationales, le Hamas avait pris le pouvoir par les armes à Gaza en 2007, évinçant l’Autorité palestinienne, interlocutrice de la communauté internationale et censée préfigurer un Etat palestinien indépendant. Depuis, l’Autorité ne gouverne plus que sur des portions de Cisjordanie.
Les élections sont un serpent de mer palestinien. Elles étaient inscrites dans un accord de réconciliation déjà conclu au Caire en 2011. Elle devait être la tâche principale d’un éphémère gouvernement d’union formé en 2014.
Le chef de la délégation du Fatah, Azzam al-Ahmed, a admis au Caire ne pouvoir garantir un scrutin en 2018. Ghassan Khatib, ancien ministre de l’Autorité palestinienne, croit que les partis cherchent à faire illusion.
Après avoir suscité l’espoir le 12 octobre, le Fatah et le Hamas se retrouvent face à leurs divergences fondamentales. “Ils ne peuvent pas se retourner devant l’opinion publique sans rien, du coup ils font des promesses pour plus tard”, dit-il.
Deux millions de Gazaouis affligés par les guerres, la pauvreté et l’enfermement espèrent qu’un transfert de pouvoirs du Hamas à l’Autorité se traduise par une amélioration de leur sort et un desserrement des blocus israélien et égyptien.
L’ONU veut croire, elle, qu’en remettant les clés de Gaza à l’Autorité, les Palestiniens favoriseraient la réapparition d’une perspective de règlement avec Israël.
Accord insignifiant
Depuis le 12 octobre, Fatah et Hamas ne se sont toujours pas entendus sur le sort qui sera fait au bras armé du Hamas, avec ses 25.000 hommes et ses milliers de roquettes. Le président Abbas exige un contrôle complet de la sécurité à Gaza. Le Hamas, qui se pose en champion de la résistance contre Israël, refuse de rendre les armes.
L’intégration des dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas s’annonce comme un écueil redoutable.
La frontière avec l’Egypte, fermée quasiment en permanence depuis des années, vient de s’ouvrir pour la première fois sous le contrôle de l’Autorité, offrant une rare bouffée d’air aux Gazaouis. Mais les délégués au Caire ont reconnu qu’il faudrait encore attendre avant qu’elle soit constamment franchissable.
“Je n‘étais pas optimiste”, dit le politologue Jihad Harb devant les résultats du Caire, “je pense que les formations palestiniennes ont atteint le plafond de ce à quoi elles pouvaient parvenir, en raison des circonstances intérieures et régionales”.
Les délégués palestiniens se sont réunis dans un contexte de spéculations sur les pressions qu’exerceraient sur le président Abbas Israël, les Etats-Unis ou l’Arabie Saoudite, hostiles au Hamas.
Salah al-Bardawil, un responsable du Hamas présent au Caire et cité par les médias, a affirmé que l’Autorité avait réfréné les délégués pour ne pas provoquer la colère des Américains et des Israéliens. “Nous sommes arrivés à un accord insignifiant et dépourvu de mécanismes”, a-t-il dit. Sans les démentir, il est revenu ensuite sur ses propos, prononcés selon lui sous le coup de l‘émotion.
« La journée des dupes »…Anne d’Autriche, Richelieu et le dépressif Louis XIII…désolé Ruth…encore des références à l’histoire.
Bien à vous tous.