C’est une exposition-événement qui est présentée pour la première fois en France après New York, Miami, Toronto, Montréal, Venise, Milan, Saint-Pétersbourg, Madrid, Mexico au site-mémorial du Camp des Milles jusqu’au 28 janvier 2018.
« En cette année marquant les 75 ans des Déportations et Résistances au Camp des Milles, ce n’est pas un hasard si nous inaugurons aujourd’hui l’exposition de Marc Ash « Regards d’ensemble ». Ce 9 novembre est la date anniversaire de la nuit de cristal, date marquant un tournant, celui de la violence collective. Cette date, est aussi, délibérément bien entendu, celle de l’implantation du Wagon du Souvenir du Site-mémorial il y a 25 ans, une date marquant donc aussi un réveil de la mémoire, réveil nécessaire pour que le passé alerte le présent. Aujourd’hui elle laisse place à l’art contemporain, une première au Camp des Milles, pour faire sentir autant que pour faire comprendre ». C’est par ce rappel que débuta l’intervention d’Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, lors du vernissage de l’exposition de Marc Ash, en présence de plus de 200 personnes. Au moment où les engrenages extrémistes identitaires sont toujours actifs et où disparaissent progressivement les derniers témoins de la barbarie nazie, cette exposition agit comme une injonction sensible qui nous alerte et qui pousse chacun d’entre nous à rester vigilants face aux défis auxquels la démocratie est exposée.
En 2002, la lecture du « Pianiste » de Wladyslaw Szpilman bouleverse Marc Ash et le plonge dans une réflexion sur la Shoah qui va le conduire à investir ce thème dans sa pratique artistique. L’envie de se lancer dans cet immense chantier, à savoir raconter à travers l’art contemporain, l’histoire du génocide des juifs, tout en condamnant avec conviction le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, fut renforcée par une visite du Site-mémorial du Camp des Milles : « un choc esthétique » pour lui. Lors de cette visite, Marc Ash, comme il l’explique, fut « happé, puis subjugué par la couleur du bâtiment, l’architecture, les lignes (…). Une fois dans l’enceinte de cette brique géante, ce fut un autre choc, un électrochoc émotif, un voyage dans les couloirs du temps pour tenter d’imaginer ce qu’avaient vécu ces hommes, ces femmes et ces enfants dans les entrailles non plus de ce beau bâtiment, mais de ce camp poussiéreux et pouilleux. (…). Comment faire abstraction de tous les artistes hier prisonniers et ignorés, et aujourd’hui reconnus de par le monde pour leurs œuvres ? Chacun narrait son combat et sa résistance en exerçant son art … En tant qu’artiste aussi, je ne peux que m’incliner face à ces hommes et ces femmes qui ont laissé des témoignages si émouvants et indélébiles. »
Après six mois de réflexion, Marc Ash se lance et trace les lignes des futures œuvres présentées ici. Un travail pour susciter une prise de conscience, pour sensibiliser sur ce qu’il considère comme une cause universelle : lutter contre les processus qui peuvent conduire au pire, au génocide. C’est sa façon à lui de résister. « Soucieux d’associer éthique et esthétique », il se fixe comme objectif de surprendre les visiteurs sans pour autant les forcer à détourner leur regard. « Alchimiste de la matière », il évoque, dans chaque toile et dans chaque poème associé, une étape particulière sur le chemin du crime de masse.
Les actes de résistances ne sont pas oubliés, ces actions qui ont sauvé des vies pendant la Seconde Guerre mondiale, à travers notamment sa pièce « Des roses pour les Justes », dont il a annoncé
faire le don au Site-mémorial du Camp des Milles avec son installation de six « veilleuses », créées pour « honorer la mémoire des six millions de victimes de la Shoah et l’ensemble des âmes disparues ». Au cœur d’une scénographie minimaliste qui laisse s’exprimer la force des œuvres et les réflexions qu’elles suscitent, sont racontées les étapes de la Shoah ; des premières persécutions jusqu’au génocide. Cette mise en scène permet de parcourir l’univers de Marc Ash, et se ponctue par « Mémoire de vigilants », une installation surprenante de Pascale Hamelin qui fait émerger la responsabilité individuelle et collective face au pire. Telles des sentinelles, 35 personnages incarnent des « vigilants », acteurs, lanceurs d’alertes, et rapporteurs de l’état de notre société.
Exposition parrainée par Serge et Beate Klarsfeld, réalisée avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le musée Guggenheim de New York et l’association mémoire du Camp d’Aix-les-Milles.
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