A en croire la presse internationale, des diplomates et des observateurs européens, le Hamas a changé d’idéologie et de stratégie.
Il a amendé sa charte, a rompu ses liens avec la confrérie des Frères musulmans, suit sincèrement la voie de la réconciliation avec l’Autorité palestinienne, et serait même prêt à reconnaître Israël dans les lignes d’avant juin 1967.
Qu’en est-il vraiment ?
Tout d’abord, soulignons que cette nouvelle réconciliation prouve que le Hamas n’est pas capable de gérer seul son territoire et que son bilan administratif est catastrophique, un aveu réel, un échec sur toute la ligne.
Rappelons que depuis 2006, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas est toujours persona non grata dans la bande de Gaza. Voilà déjà plus de 11 ans qu’il lui est interdit de rendre visite à ses frères gazaouis. Toutes les tentatives de rapprochement et de réconciliation entre les « frères ennemis » palestiniens se sont soldées par des échecs cuisants.
Comment donc être si enthousiastes et ne pas exprimer un scepticisme et de fortes craintes de voir surgir une nouvelle guerre civile entre le Hamas et le Fatah ? Comment Israël pourrait-il admettre que le Hamas refuse toujours de reconnaître l’Etat juif, construise de nouveaux tunnels avec le Djihad islamique, obtienne un soutien militaire de l’Iran, et ne veuille pas se désarmer ?
Est-ainsi que l’on souhaite reprendre le processus de paix et la voie de la réconciliation ? N’avons-nous pas déjà vu ces scénarios dans le passé ? Les vagues de terreur après notre retrait de toute la bande de Gaza en août 2005.
Qui donc pourrait nous garantir que Mahmoud Abbas, 82 ans, serait capable de maîtriser la nouvelle situation ? Bien qu’il ait obtenu gain de cause en contrôlant symboliquement le passage des frontières, plusieurs problèmes sécuritaires n’ont pas été résolus, notamment le refus du Hamas d’accepter un contrôle d’observateurs européens, comme ce fut le cas avant 2006. La dernière destruction du tunnel d’attaque par Tsahal n’est-elle pas en soi un signe fort alarmant ?
Les dirigeants du Hamas crient vengeance mais savent très bien qu’Israël ripostera sans pitié contre les actes terroristes et les tirs de roquettes. D’ailleurs, depuis la destruction de ce tunnel aucune réaction militaire de leur part. La nouvelle haute-technologie dont dispose Tsahal, dans tous les domaines, est fortement dissuasive.
Dans ce contexte, nous pouvons aussi compter sur le président égyptien, devenu un partenaire incontournable dans la lutte commune contre le terrorisme islamiste. Architecte de la réconciliation, le maréchal Sissi a bien mis en garde le Hamas. Il a prouvé ses compétences dans les frappes quotidiennes contre les terroristes du Djihad mondial, de Daesh, d’Al-Qaïda ou des Frères musulmans installés dans la péninsule du Sinaï.
Chaque partie en présence a donc intérêt à ne pas choisir l’escalade, et ne surtout ne pas provoquer Tsahal.
Sur le plan intérieur palestinien, il est clair que le Hamas attend impatiemment le départ définitif de Mahmoud Abbas de la scène politique pour pouvoir plus facilement prendre le pouvoir et diriger l’ensemble du peuple palestinien. En réalité, son ultime but est d’avoir une mainmise totale sur la Cisjordanie, et ainsi menacer directement Israël.
Certes, toute réconciliation devrait a priori aller dans la logique du bon sens, mais depuis 1967, nous constatons que le sophisme l’emporte largement. La logique chez les Palestiniens renverse, à chaque occasion, l’ordre traditionnel du raisonnement. Plus que jamais, suivons donc les événements en cours avec une extrême vigilance. Demeurons, au Nord comme au Sud, toujours sur le qui-vive.
Freddy Eytan
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