Tribune Juive

Ne laissons pas les juifs seuls face à l’antisémitisme, par Jean-Marcel Bouguereau

Ne sommes-nous plus capables de réagir devant ces abominations ? La France, dont les traditions en la matière  remontent à l’affaire Dreyfus, aurait-elle abdiqué ?
JEAN-MARCEL BOUGUEREAU

De plus en plus souvent, l’antisémitisme se rappelle à nous. La veille de la Toussaint, avec la profanation d’une plaque couverte d’inscriptions antisémites à la mémoire d’Ilan Halimi, assassiné et torturé par le gang des barbares. Récemment encore, avec le martyr de Sarah Halimi, rouée de coups et défenestrée par un jeune musulman qui,avant de la jeter du 3e étage, récitait à voix haute des versets du Coran. Plusieurs dizaines de voisins ont entendu ses hurlements mais n’ont pas bronché.

L’antisémitisme à droite et à gauche

Ce silence, comme celui de la presse, signifie-t-il que l’on finit par s’habituer alors qu’en 1990, rappelons-le, lors de la profanation des tombes du cimetière de Carpentras, la gauche avait réuni 200 000 personnes, en présence de François Mitterrand ? Car si depuis l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme est solidement ancré à droite, il faut remarquer qu’il est désormais également présent à gauche, particulièrement depuis 2000 et la deuxième intifada palestinienne.

Cet antisémitisme est devenu banal jusque dans ce journal : lorsqu’on traite de sujets connexes, les modérateurs du site du journal préfèrent supprimer les commentaires car l’antisémitisme suinte dans trop d’entre eux ! Comme si une haine contenue se débondait, combinée à la cécité volontaire et à l’indifférence du plus grand nombre.

Autrefois, les racistes européens haïssaient dans le juif celui qu’ils jugeaient extérieur (non chrétien, oriental, sémite…). Aujourd’hui, c’est au contraire en détestant l’Occident qu’on va haïr le peuple juif, car il symbolise désormais ce qu’on veut détruire : judéo-christianisme, capitalisme, libéralisme, impérialisme, etc. Désormais la plupart des violences contre les juifs étant le fait d’agresseurs islamistes, une certaine atonie s’installe de crainte de « stigmati- ser ».

Dernier exemple en date : le déferlement antisémite des fans de Tariq Ramadan contre les victimes, en particulier Henda Ayari, la première à s’être courageusement exposée, traitée à plusieurs reprises traitée de « pute » payée par « des juifs/sionistes » pour salir l’honneur de Ramadan. Tout ceci est aggravé par l’anonymat des réseaux sociaux qui libèrent la parole. À l’heure où l’on connaît le verdict du procès Merah, il n’est pas inutile de rappeler cette déclaration du frère Abdelghani Merah : « Nos parents ont essayé de nous éduquer à travers le traumatisme post-colonial entre la France et l’Algérie, la haine du juif, par rapport aux idées du complotisme ou au conflit israélo- palestinien… ». Ne sommes-nous plus capables de réagir devant ces abominations ? La France, dont les traditions en la matière  remontent à l’affaire Dreyfus, aurait-elle abdiqué ? Ce combat difficile, nous ne pouvons pas laisser les juifs le mener seuls.

Source larepubliquedespyrenees

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