C’est la troisième fois cette année que la vieille dame, qui vend ses tricots dans la rue pour survivre, est victime de violences.
Vous la connaissez certainement si vous passez régulièrement devant chez Babou à Argenteuil, avenue Gabriel-Péri. Elle est assise là contre le mur du magasin, sur sa petite chaise, avec son autoradio, sa poussette et ses cabas plein de pelotes de laine. Avec ses 73 ans, la dame aux allures de mamie gâteau en a déjà vécu bien des choses, surtout en côtoyant la rue au quotidien.
Mais cette année a été une année particulièrement difficile pour elle. Ce mardi, alors qu’elle arrivait tout juste pour installer ses affaires un peu avant 8 heures, un homme l’a agressé à coups de balai. Sans raison particulière, l’homme lui a asséné deux coups, un à l’oreille et à l’autre à l’épaule. « Ça lui a pris d’un seul coup, il a trouvé un balai serpillière et m’a frappé. Il parlait tout seul dans un charabia incompréhensible, c’était un grand bonhomme que je connais de vue », raconte la vieille dame. Alertée par un témoin, la police municipale s’est rendue sur place. Alors que les libraires du Presse-papier lui gardaient ses affaires, la mamie a été emmenée au poste pour déposer une plainte avant d’être conduite à l’unité médico-judiciaire. « J’ai eu cinq jours d’incapacité totale de travail, j’ai le tympan perforé et un gros bleu au niveau de l’épaule », précise-t-elle.
Au vu de son instabilité psychologique manifeste, l’homme qui l’a agressé, âgé d’une soixantaine d’années, a dû être emmené immédiatement aux urgences psychiatriques. Les pompiers ont eu du mal à l’immobiliser et le calmer.
Pour mamie tricot, c’est déjà la troisième agression cette année. En juillet dernier, on lui a volé son sac à l’arraché alors qu’elle sortait du bus près de la butte des châtaigniers, à deux pas de chez elle. « Il n’y avait pas grand-chose dedans, avec ce que j’ai… Mais c’est surtout pour les papiers, il a fallu tout refaire… », déplore Françoise, de son vrai nom. Et puis en septembre, c’est la mère d’une fillette qui faisait la manche qui l’a frappé dans le dos. « J’avais vu sa fille fouiller dans les sacs des passants, je l’ai traité de voleuse, elle n’a pas aimé », poursuit-elle.
Avec sa petite retraite, Françoise n’arrive pas à joindre les deux bouts. Après avoir payé toutes ses factures, le loyer, la mutuelle, il lui reste à peine plus de 2 € pour vivre. Alors elle a trouvé ce moyen, vendre ses tricots, pour subvenir un minimum à ses besoins. « Je ne pense qu’à mes parents qui sont enterrés, je voudrais les rejoindre ». Mais là aussi, il lui faudra réunir la somme de 180 € pour pouvoir renouveler la concession de ses parents avec lesquels elle voudrait être enterrée. Yann Lefèvre, aide-soignant à Colombes, lui a récemment dédié une chanson et a lancé une cagnotte* sur Internet pour lui venir en aide. « J’ai récolté 147 € sur les 180 nécessaires, je remercie tous les donateurs », souligne-t-il. Le soir de son agression, mamie tricot l’a appelé : « c’est quand même étrange de s’attaquer à des gens qui n’ont rien », constate-t-il tristement.
* https ://www.leetchi.com/c/solidarite-de-puyau-puyalet-francoise
Poster un Commentaire