Doyen de la communauté juive de Toulouse, David Musicant, 97 ans, vient de recevoir la médaille de la Ville. Il nous raconte sa vie aux moments inoubliables. Une existence de roman souvent douloureuse mais que ce nonagénaire sait illuminer.
David Musicant a le regard bleu délavé pareil aux grands lacs de son pays natal, la Russie. Ce patriarche dont le visage porte la bonté en étendard, nous reçoit chez lui à Lardenne, avec son épouse Myriam. Si parfois ses souvenirs se mêlent et s’emmêlent, il se souvient parfaitement des moments phares de son existence. Une vie de roman, aux rebondissements constants, heureux et douloureux, dont les photos, rituellement alignées dans la bibliothèque du salon, rappellent la réalité. D’emblée, il dit «en ce moment, je suis le procès du frère Merah à Paris. En 2012, après le massacre de l’école Ozar Hatorah, la Dépêche du Midi m’avait interviewé».
Né le 25 novembre 1919 à Siemiatycze, une petite ville entre la frontière de l’Union Soviétique et de la Pologne, David Musicant est fier de son nom «ce patronyme veut dire musiciens. Mon père était clarinettiste, mon oncle violoniste. Nous étions des klezmers, des artistes juifs qui jouaient dans les bar-mitzvah et autres événements».
La synagogue de Palaprat, plus ancienne de #Toulouse, a fêté ses 160 ans. L’occasion de remettre la médaille d’or de la ville à David Musicant, doyen de la communauté juive de #Toulouse, en compagnie du maire de Kiev Vitali Klitschko pic.twitter.com/3pluhMZB29
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) 23 octobre 2017
«Je savais que je ne reverrais pas ma famille».
David Musicant n’aime pas trop parler des moments tragiques qu’il a vécus. Il préfère parler de ses deux fils , de ses quatre petits-enfants et de ses quatre arrière-petits-enfants, «mieux vaut parler de la vie que de la mort». Pourtant, il est un épisode qu’il n’a jamais pu effacer de sa mémoire : son départ pour l’Armée rouge en 1940. «Pour se rendre de mon village à la gare, mon père et mon oncle m’avaient accompagné. Au moment de les embrasser sur le quai pour leur dire au revoir, j’ai ressenti l’étrange sensation que c’était un adieu. Que jamais plus je ne les reverrais vivant. Une sorte de prémonition. Aujourd’hui, je suis très entouré et je suis heureux. Mais jamais je n’ai connu le bonheur de voir vieillir mon père, mon oncle».
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