Après une bataille juridique qui a duré plus de dix ans avec les autorités municipales, Miriam Naor, la présidente de la Cour Suprême sur le départ, a statué aujourd’hui jeudi : certains commerces de Tel-Aviv et notamment les commerces de proximité pourront rester ouvert le Shabbat.
La présidente de la Cour suprême Miriam Naor, qui met un terme à sa fonction de présidente, a voulu avant de quitter l’autorité judiciaire, souligner, par cette nouvelle décision de la Haute Cour, la nécessité du pluralisme religieux en Israël : « Ma décision ne reflète pas une décision morale ou une vision particulière du monde religieux », a déclaré Miriam Naor avant d’expliquer : »La décision est ce que je crois être l’interprétation correcte de la loi ».
La loi israélienne interdit aux entreprises de travailler le Shabbat, à l’exception des restaurants, des lieux de divertissement, et des services de santé comme certaines pharmacies. Tel-Aviv, qui abrite une population majoritairement laïque, a cherché à étendre les autorisations aux commerces de proximité. Et pendant de nombreuse années, l’association des commerçants indépendants a fait campagne pour forcer les grandes chaînes d’alimentation comme AM: PM et d’autres à fermer Shabbat tout simplement parce que l’ouverture de ces magasins contrevenait à la loi et représentait une concurrence déloyale envers les magasins indépendants qui s’y conformaient en choisissant de fermer le shabbat. En 2013, la Haute Cour avait statué en faveur d’une pétition de l’association des commerçants indépendants mais le conseil municipal de Tel Aviv avait appliqué un règlement en 2014 qui avait permis à 165 épiceries de la ville d’ouvrir Shabbat.
Puis la Haute Cour a confirmé l’ordonnance du Conseil de la ville de Tel-Aviv autorisant les magasins à rester ouverts le jour du Shabbat. Le geste a d’ailleurs été salué par le conseil municipal de Tel Aviv comme protégeant le caractère cosmopolite de la ville laïque. Cependant, cette décision a suscité des critiques acerbes de la part des partis religieux, qui ont déclaré que cela menaçait le caractère juif de l’État.
Aujourdhui, le ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, qui dirige aussi le parti ultra-orthodoxe religieux Shaas, a déclaré vivre un « moment triste » et a accusé la Haute Cour d’avoir organisé »un coup d’Etat ».
Selon le ministre de la Santé, Yaakov Litzman, chef du parti ultra-orthodoxe UTJ (United Torah Judaïsm), la décision ne tient pas compte des croyances de la majorité des israéliens, qui considère depuis des générations le Shabbat comme un jour de repos national de la plus haute importance. Yaakov Litzman a qualifié le verdict de « anti-religieux » en ajoutant : « Cette décision est le cadeau de départ de Miriam Naor et d’une manière générale, une tentative impitoyable des juges de la Cour Suprême de nuire au caractère juif d’Israël en provoquant de surcroît une injustice morale qui bafoue les droits de milliers de travailleurs et les empêche du droit fondamental à un jour de repos avec leurs familles ».
En outre, Yaakov Litzman et Aryeh Deri ont promis de ne pas en rester là et de se battre à la Knesset pour renverser les chose. « Nous travaillerons sur le plan législatif à la Knesset pour réparer cette injustice « ,ont-t-ils averti.
De son coté, la municipalité de Tel Aviv a salué la décision comme une victoire pour la préservation du caractère laïc de la ville.
Tel-Avivre – l’équipe de la rédaction –
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