Dans un pays comme Madagascar, l’UNESCO conserve son prestige quand une administration locale, structurellement défaillante, court sans vergogne après l’inscription de ses ruines et vestiges sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité.
D’utile, l’UNESCO devient même éminemment sympathique quand, comme à sa session du 30 novembre 2016 à Addis-Abeba (Éthiopie), elle inscrit la bière belge sur la liste du «patrimoine culturel immatériel de l’humanité» : la bière comme tradition pluri-séculaire, marqueur culturel et social, art de vivre et démonstration d’un savoir-faire spécifique (Chronique VANF, La bière entre à l’UNESCO, 2 décembre 2016).
Précédemment, en novembre 2010, à une autre réunion (Nairobi au Kénya), l’UNESCO avait reconnu le repas gastronomique français (sa charcuterie, son pain, ses vins, ses fromages, son Guide Michelin, ses chefs étoilés, son concours du «meilleur ouvrier de France») comme représentatif du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Le boire et le manger, la commensalité, pour «construire la paix dans les esprits», devise de l’UNESCO…
Alors que s’ouvre sa 39e Conférence générale (30 octobre-14 novembre 2017), l’actualité de l’UNESCO est cependant à la crise ouverte avec Israël et les États-Unis qui ont quitté l’Agence. Même si l’élection au poste de Directeur Général d’Audrey Azoulay, ancienne ministre de la France, et fille d’un juif conseiller du roi du Maroc, le vendredi 13 octobre 2017 peut apparaître comme une voie médiane entre deux logiques irréconciliables, arabe contre israélienne, musulmane contre juive. Cette proposition des 58 membres du Conseil Exécutif devrait être entérinée le 10 novembre par la Conférence générale.
Avant son élection, face à trois candidats arabes, Audrey Azoulay avait écrit dans un tweet du 8 octobre, que «l’UNESCO doit se concentrer sur ses grandes missions : l’Éducation, le progrès scientifique, la protection et la reconstruction du patrimoine».
L’ire israélo-américaine porte sur les dernières décisions, chaque fois à l’initiative de pays arabes, du Comité du Patrimoine ou du Conseil Exécutif de l’UNESCO : Israël y est systématiquement désigné comme «puissance occupante» de Jérusalem, tandis que les appellations islamo-arabes des lieux saints de Jérusalem sont privilégiés, reléguant entre guillemets les noms juifs du mont du Temple (celui de Salomon dont le second avait été détruit par les Romains en l’an 70) et du mur des Lamentations.
Le judaïsme, qui est né avant le christianisme lequel précède à son tour l’islam, considère comme ses Pères fondateurs Abraham, Isaac et Jacob, tous ensevelis à Hébron : comment alors exiger d’Israël qu’il retire de la liste de son patrimoine national le tombeau des Patriarches dans la Vieille Ville d’Hébron, présenté comme site palestinien sous le nom de mosquée d’Ibrahim ?
Le 16 octobre 2017, Zeev Elkin, Ministre de Jérusalem et du Patrimoine, avait lancé son initiative «défendre Jérusalem» contre «les distorsions historiques». Des personnes influentes, en différents domaines et de différents pays, seront invitées à Jérusalem pour participer à une conférence des juristes à propos du statut de Jérusalem dans le droit international ; un symposium scientifique des archéologues et des historiens ; une rencontre entre les députés de la Knesset et des caucus d’amitiés parlementaires.
La démarche prévoit un prix permanent international du «Défenseur de Jérusalem» pour ceux qui auront «contribué de manière unique à la bataille pour la réputation internationale de Jérusalem et contre la déformation de l’histoire».
Je ne suis pas exégète religieux, aussi serait -il intéressant que les spécialistes confirment ou infirment cet argument : le nom de Jérusalem, qui apparaît 700 fois dans l’Ancien Testament et une centaine de fois dans les Évangiles, ne serait pas cité une seule fois dans le Coran ? Hery Rajaonarimampianina, le président malgache, ne répondra pas à cette question, mais, le 31 octobre, il prendra la parole au Forum des dirigeants de l’UNESCO sur un thème moins clivant : «Développement durable et rôle de l’UNESCO dans le système multilatéral»
Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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