Après la diffusion d’un film documentaire sur la chaîne de télévision No 23, mettant en lumière le problème de la qualité de la chair du poisson d’élevage, LPH a jugé bon de procéder à une interview de trois spécialistes engagés dans la recherche de solutions à ce problème.
Les stocks de poissons dans le monde diminuent de manière continue du fait de la surpêche, de la pollution, des changements climatiques et de la destruction de la faune marine.
Un groupe de francophones a décidé de s’investir dans des technologies d’innovation israélienne afin d’améliorer les élevages de poisson et tenter de remédier à terme à la déperdition du stock halieutique mondial. LPH les a rencontrés.
A la recherche de la technologie du futur
Léon Rozenbaum est avocat. Son cabinet s’occupe notamment de start-ups innovatrices dont, entre autres, celles initiées par des Israéliens qui ont mis au point des technologies afin de remédier aux problèmes que posent les élevages de poisson.
Parallèlement, Daniel Kahn, un économiste formé en France et en Israël s’interroge sur les taux de réussite des start-ups qui naissent dans les incubateurs mis en place par le gouvernement. Il s’étonne que seul un petit nombre d’entre elles soient couronnées de succès. Il décide alors de créer un incubateur technologique privé en sélectionnant les projets qu’il pense être d’avenir.
Léon Rozenbaum propose alors à Daniel Kahn d’accueillir le développement des technologies liées à l’aquaculture. C’est le début de Sea Invest Management à laquelle se joindra Raphaël Bouaziz spécialiste du Marketing, en tant que directeur commercial.
Ces férus d’innovation, ont détecté dans l’aquaculture, discipline vieille de 2000 ans et plus, le projet de demain dans lequel il faut investir.
Pourquoi l’aquaculture?
Les fondateurs de Sea Invest Management nous expliquent que les élevages de poissons destinés à la consommation, se font dans d’énormes fermes aquacoles pouvant contenir plusieurs centaines de milliers de poissons. Elles sont situées près des côtes, parce qu’en pleine mer, avec les technologies actuelles, les cages ne peuvent résister aux courants aux tempêtes et autres danger menaçant les cages et les poissons.
Plusieurs problèmes découlent de ces conditions d’élevage. Les poissons ne se reproduisent pas dans ces cages il faut donc en amont résoudre le problème de la reproduction des poissons afin de pouvoir assurer la demande croissante d’alevins provenant de toutes les fermes aquacoles. Par ailleurs, il faut parfois attendre plusieurs années avant qu’une femelle soit en âge de se reproduire, ce qui constitue des contraintes de temps non négligeables. « De ce fait, nous explique Daniel Kahn, l’industrie du poisson peut difficilement répondre à la demande croissante en poisson sur le marché alimentaire » ; se pose alors la question de la pérennité de l’élevage car pour le poisson comme pour d’autres animaux c’est toute une chaine alimentaire qui a été brisée et à laquelle nos recherches doivent proposer des alternatives.
Comme le décrit Raphaël Bouaziz: « Il est nécessaire de changer la situation de l’industrie du poisson! C’est une industrie jeune qui fait face à une demande croissante et un manque d’offre. L’élevage en batterie a entrainé un développement des maladies et des parasites dans les sites d’élevage, leur traitement à base d’antibiotique ou de pesticides a introduit dans la chair des poissons des produits toxiques et cancérigènes.
Parce que les poissons rassemblés dans un lieu fixe polluent plus que les humains, cette concentration artificielle conduit au pullulement du pou de mer, un tout petit mollusque qui s’introduit entre les écailles des poissons et les mange vivants. Les poissons d’élevage vont alors subir toutes les attaques biologiques possibles puis vont mourir en larges proportions.
Mais les poux de mer sont devenus résistants aux antibiotiques ce qui a obligé les éleveurs à en administrer des doses de plus en plus fortes pour arriver à l’utilisation de pesticides puissants. En fonction des législations en vigueur dans les différents pays, les éleveurs utilisent plus ou moins ces pesticides ». Inutile de préciser que ces pesticides ont des conséquences sur la qualité du poisson que nous mangeons. En outre, puisque ces poissons élevés près des côtes n’ont pas fait face à des courants marins, leur chair est souvent remplie de graisses saturées que notre corps ne sait pas éliminer, en plus des pesticides entrés dans la chair du poisson sous forme de produits toxiques et cancérigènes.
Léon, Daniel et Raphaël avaient anticipé cette situation et ont rassemblé au sein de leur incubateur des inventeurs israéliens pour développer et breveter des technologies innovantes capable d’apporter des solutions dans ce domaine. Et malgré l’écho médiatique créé par cette situation, ils s’étonnent du peu de prise de conscience des consommateurs.
Quelle innovation?
Quelles sont donc ces technologies et qu’apportent-elles comme solutions? Les trois hommes nous répondent que leur démarche consiste à améliorer les procédés d’élevage existants en se rapprochant le plus possible de la nature.
»Pour cela, il fallait mettre au point des techniques permettant d’élever les poissons non plus près des côtes mais en haute mer. « Nous avons des cages qui résistent aux conditions de ce milieu ». Quel est l’intérêt de la haute mer? »A cette distance des côtes, la pollution engendrée par l’élevage est éparpillée sur d’énormes superficies et la nature peut y faire face et l’éliminer sans effort ».
Mais, Sea Invest Management va plus loin que l’élevage strict. Les technologies israéliennes qu’elle développe concernent aussi la reproduction et l’alimentation des poissons. » Nos technologies interviennent tout au long de la chaine depuis la phase de reproduction en avançant l’âge de maturité sexuelle, sans manipulation génétique. Ainsi, le renouvellement des poissons se fait plus rapidement et sainement.
Puis il faut nourrir les alevins (les bébés poissons). Entre 0 et 80 jours, on constate jusqu’aujourd’hui, un taux énorme de mortalité (pouvant atteindre70%). En effet, avec les procédés actuels, il est difficile de les soigner à ce stade de développement. Les poissons à cet âge doivent manger des organismes vivants: aujourd’hui on utilise des zooplanctons puisés dans le milieu naturel qui peuvent être chargés de microbes. Ils risquent donc d’être infectés par leur propre alimentation. Nous développons une nourriture alternative et vivante, beaucoup moins chère et plus sûre, qui nous permet d’atteindre des taux de survie frisant les 70%.
Ensuite, on vend les alevins à des aquaculteurs, qui vont les mettre dans des cages. A ce moment, ils sont très vulnérables. Lorsqu’une épidémie démarre, le seul moyen de sauver l’élevage c’est la vaccination individuelle, processus très compliqué qui prend du temps et de l’argent. Là aussi, nous avons une technologie qui résout ce problème au moyen d’un traitement préventif administré par voie orale ». Ce qui réduit considérablement les pertes et les coûts de main-d’œuvre.
Sea Invest Management apporte donc des solutions depuis la phase de reproduction jusqu’à la récolte du poisson en passant par sa croissance, et le tout grâce à des technologies développées en Israël et testées dans des instituts de recherche de renommée mondiale. « Nos poissons d’élevage présentent des caractéristiques similaires aux poissons sauvages ».
Comment être sûr que ces technologies fonctionnent? Léon, Raphaël et Daniel nous répondent que leurs méthodes ont fait l’objet de tests, notamment pendant 3 ans en pleine mer et de simulations par les leaders mondiaux de structures maritimes qui garantissent leur fiabilité. »D’ailleurs, des compagnies d’assurance d’envergure mondiale nous ont fait des propositions pour assurer notre matériel, notre stock, nos navires et nos équipes techniques », nous confirment-ils.
La commercialisation ne concernera que les produits dérivés et non les technologies elles-mêmes et devrait commencer très prochainement.
Une révolution technologique et financière
Daniel Kahn et Léon Rozenbaum insistent : « Ce que nous proposons est, au-delà d’une révolution technologique, une révolution financière. Notre projet est ouvert à tous les investisseurs y compris les petits. C’est une première qu’un projet à si forte rentabilité soit aussi accessible à ces derniers. Le marché du poisson est considérable et le projet que nous portons est prometteur ».
Sea Invest Management a déjà tissé des contacts dans le monde entier en vue de la commercialisation de ses produits. Léon Rozenbaum nous explique que la société a vocation à prendre une ampleur mondiale. »Nous pensons commencer par le Pacifique et nous étendre au monde entier ».
Mais alors le poisson aujourd’hui c’est du poison?
Nous interrogeons pour finir les fondateurs de Sea Invest Management sur les conseils qu’ils peuvent nous donner pour manger le meilleur poisson.
« Le poisson péché est préférable au poisson d’élevage actuel, autant que possible, même si certains élevages font des efforts. L’essentiel du poisson est importé en Israël et pas de la meilleure qualité d’autant qu’il n’y a pas d’étiquetage. Il faut surtout se méfier des poissons en provenance de Chine souvent élevés dans des eaux boueuses et polluées. Certains poissons sont totalement déformés par les traitements, les pesticides. Si on les voyait entiers, on ne voudrait pas les manger! ».
Faut-il être riche pour manger du bon poisson? »Effectivement, les productions bio sont automatiquement plus chères. C’est pourquoi, il nous tient à cœur de développer nos technologies, qui permettront de commercialiser du poisson de qualité à des prix raisonnables ».
En conclusion, Sea Invest Management promeut un triptyque d’avenir: une alimentation plus saine, le repeuplement des mers et l’assurance d’une quantité suffisante de poissons pour nourrir l’ensemble de l’humanité.
Contact: raphaelmarket@sinvestman.com
Avraham Azoulay
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