Les Etats-Unis ont décidé de quitter l’Unesco le 12 octobre. L’alliance entre les Etats-Unis et Israël n’explique qu’une partie de la crise avec l’Unesco.
Le départ des Etats-Unis de l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, est-il un nouveau caprice de Donald Trump ? La réalité est plus complexe. Car bien avant lui, un autre président américain, Ronald Reagan, avait déjà retiré son pays de l’institution. C’était le 31 décembre 1984, en pleine Guerre froide, et l’Unesco était alors perçue comme un « nid de communistes » par les Américains. Ces derniers rejoindront à nouveau l’organisation en 2003, sous Georges W. Bush.
Interrogé par l’AFP, l’historien français Bertrand Badie estime que cette politique du retrait pratiquée par l’administration Trump n’est pas nouvelle : « Jamais dans leur histoire les Etats-Unis n’ont avalé le multilatéralisme, analyse-t-il. Du retrait de la Société des nations (SDN) en 1920 à l’introduction du droit de veto dans la charte de l’ONU, cela a toujours été une obsession américaine de ne pas être contraint par des règles multilatérales ».
Avant Trump, Obama
En plus de cette tendance historique, le retrait des Etats-Unis de l’Unesco prend aussi ses racines dans le conflit israélo-palestinien. Le 31 octobre 2011, l’organisation décide d’admettre la Palestine comme membre « à part entière », ce qui constitue alors un pas de plus vers la reconnaissance du pays comme un Etat indépendant.
Le droit de veto n’existant pas à l’Unesco, ni Israël, ni les États-Unis, proches alliés de Tel-Aviv, ne peuvent empêcher cette entrée, approuvée par la majorité des pays membres. Pour « punir » l’organisation, l’administration Obama suspend sa contribution auprès de l’instance culturelle, qui se voit amputée de 20 % de son budget.
La polémique d’Hébron
Cette politique de rétorsion ne va pas empêcher l’Unesco de multiplier les gestes en faveur de la Palestine. En juin 2012, l’église de la Nativité de Bethléem est inscrite au Patrimoine mondial via une procédure d’urgence, devenant ainsi le premier site palestinien classé. Les Etats-Unis se disent alors « profondément déçus ».
En mai 2017, le conseil exécutif de l’Unesco adopte une résolution qualifiant Israël de « puissance occupante ». Puis en juillet dernier, l’organisation déclare que la vieille ville d’Hébron, située en Palestine, est une « zone protégée (…) d’une valeur exceptionnelle ». Un geste vu comme une « souillure morale » par Israël, qui fait valoir l’histoire juive de la ville, et dont l’armée protège à Hébron quelques centaines de colons retranchés dans une enclave, au milieu de 200.000 Palestiniens.
Pour François Heisbourg, conseiller de la Fondation de la recherche stratégique (FRS), la décision de Donald Trump « est une conséquence logique », compte tenu de la position américaine sur la question israélo-palestinienne. « Relativement petite », « ne touchant pas des intérêts vitaux », « l’Unesco est une cible plus facile que d’autres » indique le spécialiste à l’AFP.
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