Une cellule spéciale pour surveiller les policiers soupçonnés de radicalisation

Une trentaine de policiers sont actuellement dans le collimateur de la police des polices, selon plusieurs médias. Une dizaine d’entre eux sont soupçonnés d’être en lien avec la mouvance islamiste.

Militaires, surveillants de prison, agents privés de sécurité… On le sait, les métiers les plus sensibles n’échappent pas au risque de radicalisation. Il en va de même pour les policiers. Selon le Canard enchaîné, ils seraient «une trentaine» à faire l’objet d’une attention particulière. Une «cellule spéciale» de l’IGPN (la police des polices), créée en 2016, est chargée de les surveiller de près. Il s’agit aussi d’aider les chefs de service à identifier «les pratiques religieuses des agents qui sont incompatibles avec l’exercice de leur mission» ou qui «heurtent le principe de neutralité et de laïcité du service public», tout en respectant le droit des fonctionnaires d’exercer leur religion, expliquait une source policière à 20 minutes fin septembre.

Le profil des agents suivis est varié: sur les trentes fonctionnaires suspectés, une vingtaine d’entre eux présentent une «pratique religieuse un peu dérangeante» et une petite dizaine se trouvent en contact avec des réseaux salafistes identifiés. Toujours selon Minutes , certains sont même fichés au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention d20 e la radicalisation à caractère terroriste), outil créé en 2015 qui recense les individus radicalisés religieusement. En août dernier, ce fichier affichait 18.550 signalements. Mais aucun policier ne fait l’objet d’une fiche «S» ou aurait «des contacts avec des groupes terroristes», note 20 Minutes. Contactée par Le Figaro, la Direction générale de la police nationale (DGPN) dont dépend l’IGPN n’a pas souhaité répondre à nos questions, «compte tenu de la sensibilité du sujet».

Surveillé pour avoir mangé halal

Ces surveillances doivent être déclenchées sur la base de «signes avérés et manifeste de radicalisation». Pour autant, dans la pratique, il n’est pas toujours aisé de cerner les profils véritablement inquiétants. Comme le souligne Le Canard Enchaîné, certains policiers ont peut-être été «un peu vite» catalogués, à l’image de cet agent qui mangeait halal ou de cet élève gardien qui s’est amusé à crier «Allah Akbar» devant ses camarades de classe…

Au gouvernement, le sujet est pris très au sérieux. «Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire radicalisé», déclarait le ministre de l’Intérieur dans une interview accordée début septembre au Parisien . «Jusqu’ici, quand nous découvrons qu’un agent s’est radicalisé, nos marges de manœuvre sont très faibles», justifiait-il. «On peut retirer l’accès à un site nucléaire pour un salarié sur lequel pèsent de tels soupçons. Paradoxalement, cela s’avère plus difficile avec les fonctionnaires et militaires les plus engagés dans le domaine de la sécurité».

Une mesure dans le projet de loi antiterroriste

Pour faciliter les prises de sanction, le gouvernement a déposé début septembre un amendement dans le cadre du projet de loi antiterroriste, qui doit de nouveau être examiné à l’Assemblée nationale ce mercredi soir. Cette mesure permet de muter, voire de radier les fonctionnaires chargés de missions de sécurité, si une enquête administrative conclut à leur radicalisation. Seront concernés les policiers, gendarmes, militaires, douaniers et le personnel pénitentiaire. Cette disposition introduit un changement notable: «Auparavant, l’enquête avait lieu en amont de la prise de poste. Avec cette mesure, en cas de doute ou de soupçons sur un agent, l’enquête pourra avoir lieu au cours de la carrière du fonctionnaire», nous dit une source au Palais Bourbon.

En cas de radiation ou de perte d’emploi, l’intéressé pourra déposer un recours. Dès lors, «il appartiendra à l’autorité de police qui a conduit l’enquête administrative d’apporter au juge tous les éléments permettant de justifier du bien-fondé de la conclusion de cette enquête», a précisé lundi, en commission mixte paritiaire, le sénateur Philippe Bas, rapporteur au Sénat.

Le phénomène n’est pas nouveau. Entre 2012 et 2015, 17 policiers radicalisés avaient été recencés dans les rangs de la police de proximité de l’agglomération parisienne, rapportait Le Parisien l’année dernière. Il s’agissait généralement de «transgressions au principe de laïcité». Ce sont souvent «des fonctionnaires assez jeunes, entrés en tant qu’adjoints de sécurité à la fin des années 2000 et qui ont ensuite réussi le concours interne. Ils sont désormais policiers à part entière, gardiens de la paix ou brigadiers», expliquait l’article, tout en nuançant les faits: le parquet antiterroriste n’a jamais été saisi d’aucune procédure impliquant des policiers. Pour autant, certains ont été condamné pour des faits de droit commun.

* Où sont passés nos espions? Eric Pelletier et Christophe Dubois, aux éditions Albin Michel.

Source lefigaro

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