Persécutés par Isabelle la Catholique et Ferdinand d’Aragon au 15ème siècle, juifs espagnols et maures n’avaient eu d’autres choix que de se réfugier en Afrique du Nord pour échapper aux tribunaux de l’inquisition ou carrément expulsés. Le texte qui approuve leur expulsion serait justifié par «la mauvaise influence des juifs sur les nouveaux chrétiens».
L’une des villes tunisiennes où juifs et maures se sont installés amenant avec eux la culture, les arts et la civilisation andalouse est Testour où cette cohabitation pacifique entre deux communautés de confessions différentes ne fut jamais perturbée jusqu’à la création de l’Etat d’Israël et l’occupation de la Palestine.
Les juifs tunisiens (Tunes) ont toujours été une partie intégrante de l’histoire millénaire de la Tunisie et leurs contributions aux arts et à la culture n’a d’égale que la dynamique économique qui les distinguait depuis des siècles et surtout dans le commerce….
L’une des figures artistiques juives les plus connues est Habiba Msika, et ce pour nombre de raisons. Cette artiste accomplie originaire de la ville de Testour, qui devint un sex-symbol au début du 20ème siècle animant des soirées dédiées aux jeunes tunisiens issus de la bourgeoisie, fut la maîtresse du prince Foued d’Egypte et connut Pablo Picasso et Coco Chanel qui avait parlé d’elle en ces termes: «Habiba est un tempérament de feu sous ses grâces d’orientale. Elle imposera Paris en Afrique du Nord».
Cette artiste talentueuse, brillante comédienne, a été brûlée vive à l’âge de 27 ans par son amant Eliahou Mimouni qu’elle avait décidé de quitter. Destin tragique pour une femme qui était promue à un brillant avenir dans le monde du théâtre et du chant.
En hommage à la grande artiste que fut Habiba Msika, une maison de culture à Testour a porté son nom pendant des années, si ce n’est que l’on vient tout récemment de découvrir qu’on vient de le remplacer par celui du saint «Ibrahim Riahi». Qui en a pris la décision et pour quelle raison? Des questions qui méritent réponses.
Dans l’attente, ci-après le témoignage touchant de Amina. F, native de Testour et qui a été ébahie de découvrir le nom de Ibrahim Riahi en lieu et place de celui de Habiba Msika.
«De quel droit a-t-on changé le nom de la “Maison de la culture Habiba Msika“ à Testour en la “Maison de la culture Ibrahim Riahi“? En faisant un tour à la médina de Testour pour filmer le teasing d’un événement qui se tiendra là-bas le 29 octobre prochain, j’ai été étonnée de trouver que la maison de la culture Habiba Msika est devenue la maison de culture Ibrahim Riahi. Choquée par cette découverte j’ai même douté de moi-même, moi qui suis originaire de la ville et qui avais passé mon enfance à arpenter les ruelles de cette médina mauresque bercée par l’histoire des Andalous musulmans et juifs chassés d’Espagne pour construire ce qui est aujourd’hui ma fierté.
Je rappelle : La Maison de la culture a toujours été au nom de Habiba Msika et elle est située dans sa célèbre maison (1903-1930) où ses photos et ses affaires sont exposées. La maison a été construite par Liahoo Ben David Mimouni pour sa bien-aimée Habiba Msika est l’exemple même de la femme libre et maîtresse de son destin, cantatrice charismatique et actrice audacieuse. Au début du 20ème siècle, Msika représentait un véritable phénomène de société. A noter que Ibrahim Riahi, né en 1766 à Testour et décédé le 7 août 1850 à Tunis, est un ambassadeur, théologien et saint tunisien et n’a aucun lien avec ce lieu».
Qu’est-ce qui a justifié ce soudain changement d’appellation d’une maison qui plus est appartenait à la défunte?
Les autorités locales et culturelles devraient nous donner des raisons convaincantes sinon cela risque d’être très mal interprété.
A bon entendeur…
Toutes ces histoires nous touchent, de près ou de loin, car très humaine, très réelle, ou très vraisemblable, ce qui les rendent aussi un peu universelle.
Je ne peux pas m’empêcher de comparer, cette tendre et triste histoire à la « Chérie Msika » de Testour en Tunisie, avec celle de Nana (certes, non-juive).
Nana est un roman d’Émile Zola publié par Georges Charpentier en février 1880, le neuvième de la série Les Rougon-Macquart, traitant du thème de la femme libre, qui devint aussi un un sex-symbol à la fin du XIX ème siècle, à travers le parcours d’une lorette puis cocotte dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. Le récit, présenté comme la suite de L’Assommoir, est d’abord publié sous forme de feuilleton dans Le Voltaire du 16 octobre 1879 au 5 février 1880, puis en volume chez Charpentier, le 14 février 1880[1].
L’histoire commence en 1867, peu avant la deuxième exposition universelle[2], et dépeint deux catégories sociales symboliques, celle des courtisanes et celle des noceurs. Zola, chef de file du mouvement naturaliste, prétend montrer la société telle qu’elle était mais choisit aussi ce sujet scandaleux car il fait vendre, 55 000 exemplaires du texte de Charpentier étant achetés dès le premier jour de sa publication[3]. Le personnage de Nana a surtout été inspiré à Zola par Blanche D’Antigny et par Berthe son premier amour, mais le romancier y a aussi mis des éléments de Valtesse de La Bigne, Delphine de Lizy[4], Anna Deslions, Hortense Schneider et Cora Pearl dont il a étudié la vie[5]. Zola fait coïncider la mort de Nana avec le début de la guerre franco-allemande de 1870 qui marquera la fin du Second Empire, chute qu’il ne pouvait prévoir au moment de la rédaction de ses fiches préparatoires en 1868[6].
Permettez-moi encore de souligner,
que de points communs… .
La prochaine fois, j’évoquerai,
une autre Dame (juive), (qui a eu une enfance très difficile, et malheureuse) mais qui sera rebondir.
Elle sera la reine du théâtre, en son temps.
Une telle réputation et une telle aura, auprès des grands de ce monde, qu’elle en deviendra même un personnage avec un poids politique de premier plan… . Une vie, aussi, incroyable.