Brigitte Kuster, ainsi que dix-huit députés Les Républicains, proposent une loi d’anonymisation des personnes “poursuivies pour un acte de terrorisme ou ayant été jugées coupables d’un acte de terrorisme”.
Faut-il interdire la diffusion du nom de famille et des photos de terroristes ? La question revient sur le devant de la scène à chaque tragédie. Afin de mettre fin à cela, dix-neuf députés Les Républicains ont décidé de déposer une proposition de loi. Cette loi viserait à interdire de diffuser le nom de famille et images des terroristes présumés.
L’affaire Untel, tueur d’enfants juifs à Toulouse. Les frères Untel, tueurs de la rédac de Charlie, le terroriste Untel de l’HyperCasher… https://t.co/kyH5AszXmg
— Gabriel (@zzgab) 6 octobre 2017
Selon Brigitte Kuster et ses acolytes, cela permettrait de limiter “les phénomènes de glorification et de mimétisme”. Ils rappellent dès lors que Daesh utilise les médias pour propager “ses idées et ses méthodes mortifères”. “N’existe-t-il pas un risque d’octroyer à l’assassin une gloire posthume auprès de personnes radicalisées et en quête de modèles ?”, interrogent-ils en exposant les motifs.
Il me semble au contraire essentiel de connaître le profil et les motivations de ceux qui attaquent la France #terrorisme #islamisme https://t.co/tK91Ckayj5
— Thibault deMontbrial (@MontbrialAvocat) 4 octobre 2017
C’est pourquoi, après l’article 39 sexies de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les 19 députés proposent d’ajouter un article 39 septies. “Sauf avis de recherche du ministère de l’Intérieur, est puni de 15 000 euros d’amende le fait de diffuser, de quelque manière que ce soit, le nom de famille et l’image des personnes physiques poursuivies pour un acte de terrorisme ou ayant été jugées coupables d’un acte de terrorisme”, écrivent-ils.
Chez la France insoumise, difficile de se positionner sur cette question précise. Invité du social studio de RTL ce jeudi 5 octobre, le député Ugo Bernalicis dit “comprendre” la proposition mais reste sceptique. “Je comprends car, quand il y a les premières attaques terroristes, il y a un certain voyeurisme de la part des médias qui donne une ambiance franchement anxiogène et glauque”, explique le jeune élu.
Mais cependant, ce dernier n’est pas sûr que “le meilleur moyen soit de faire une loi”. “Je pense qu’il vaut mieux responsabiliser tout le monde et avoir une discussion sur le sujet“, explique-t-il même s’il est d’accord qu’il faut “éviter de faire la publicité de ceux qui commettent des actes terroristes”.
Une loi vraiment nécessaire ?
Selon les députés LR, cette proposition de loi n’entrave en rien “le travail d’investigation des journalistes”. Mais certains spécialistes s’étaient montrés beaucoup plus sceptiques quant à l’utilité de ces restrictions. David Thomson, journaliste et spécialiste reconnu sur les questions terroristes, expliquait en juillet 2016 que “ce choix éditorial destiné à éviter un effet ‘Star Ac’ terroriste’ n’aura pas d’impact sur l’intensité terroriste en France”.
Ce choix éditorial destiné à éviter un effet “star’Ac terroriste” n’aura en revanche pas d’impact sur l’intensité terroriste en France
— David Thomson (@_DavidThomson) 27 juillet 2016
Celui qui est dorénavant correspondant aux États-Unis pour RFI ajoutait que cette “auto-censure des médias” pouvait favoriser “déni et complotisme”. Des propos abondés par Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes. Ce dernier estimait que “l’héroïsation se faisait dans la jihadosphère”.
Les jihadistes méprisent les journalistes et les médias occidentaux, comme dit @_DavidThomson l’héroïsation se fait dans la jihadosphère.
— Romain Caillet (@RomainCaillet) 27 juillet 2016
Et pendant que nous discutons, d’autres agissent et s’organisent.
Je ne crois pas utile de voir la tête du terroriste mais je pense que connaître son nom est utile.
Les Républicains veulent-ils flouter le nom des terroristes pour encore “moins d’amalgame” ?