Derrière l’affaire Sonia Nour, la banalisation du discours indigéniste, par Amine El Khatmi

Amine El Khatmi revient sur les propos de Sonia Nour, qualifiant de «martyr» le terroriste de Marseille. Un discours «islamo-indigéniste» qui se répand en banlieues avec la complaisance de certains élus.

«Martyr». 6 lettres. 6 petites lettres ont suffi, hier, à déclencher l’une de ces mémorables polémiques dont Twitter a le secret.

«Martyr» donc. Sonia Nour était jusqu’alors l’une des collaboratrices du Maire communiste de La Courneuve, Gilles Poux.

La jeune trentenaire, ancienne de l’UNEF est, à l’image de la plupart des gens de sa génération, une utilisatrice frénétique des réseaux sociaux sur lesquels elle commente l’actualité et donne son avis sur divers sujets. Elle est également Top modèle.

Hier, c’est en s’exprimant sur l’odieux assassinat perpétré dimanche contre deux de nos compatriotes à Marseille que la militante communiste a déclenché un scandale ; «Quand un martyr égorge une femme et poignarde une autre, là ça fait du bruit. Terrorisme, du sang, civilisation, bla bla bla… Par contre, que le terrorisme patriarcal nous tue tous les deux jours, on l’entend moins votre grande gueule» écrit-elle.

«Martyr», le mot ne passe pas. Et pour cause. Fréquemment utilisé par la propagande du prétendu Etat Islamique, le terme renvoie à la notion de «héros», celui qui s’est «sacrifié, a donné sa vie pour la cause», en l’occurrence l’islamisme dans le présent cas.

L’apologie du terrorisme n’est pas loin, la glorification du terroriste transformé en héros évidente. Elles sont insupportables.

Insupportables pour les familles des deux victimes de Marseille d’abord, qui, en plus de l’immense chagrin provoqué par la perte d’un enfant, doivent endurer les commentaires crétins de Mme Nour et de ses nombreux défenseurs désertés par la décence et tentant de relativiser et de justifier l’injustifiable.

Insupportables pour les autres familles des victimes et les blessés des attentats précédents qui doivent bien peiner à comprendre – et nous avec eux – ce qu’il y a d’héroïque à lancer un camion sur une foule sans défense, à décimer la rédaction d’un journal ayant des crayons comme seules armes ou à tirer une balle dans la tête d’un enfant de 4 ans dans la cour d’une école juive à Toulouse.

Le propos de Sonia Nour, s’il est incontestablement choquant, ne doit pas pour autant surprendre. La jeune femme se présente sur la biographie de son compte Twitter comme une «militante décoloniale», autrement dit une sympathisante des idées et des thèses défendues par les Indigènes de la République.

La représentante de ce mouvement raciste, antisémite et homophobe, Houria Bouteldja, n’hésitera d’ailleurs pas à monter au créneau pour défendre la jeune collaboratrice, dénonçant «des méthodes expéditives et lâches, d’une indignité insondable».

Dans un autre message posté sur le réseau social, Nour étrille la France dans un réquisitoire d’une violence inouïe, accusant notre pays d’être «raciste, patriarcal, psychophobe, bourgeois, communautaire, consanguin et maltraitant», avant de lancer en guise de conclusion dans un dernier élan de finesse que cette France, elle «l’emmerde».

La logorrhée indigéniste est parfaitement reconnaissable ; victimisation à outrance, détestation de la France présentée comme un pays «structurellement raciste et islamophobe» et obsession autour du passé colonial pouvant servir de prétexte pour justifier les attentats et le terrorisme.

Dans le présent cas, la réaction ferme et immédiate du Maire PCF de la ville qui a décidé de suspendre sa jeune collaboratrice et de la convoquer devant un conseil de discipline, est remarquable.

Elle l’est d’autant plus que si la famille communiste compte en son sein de fervents républicains, elle est également le lieu de convergence d’élus et responsables politiques qui cachent de moins en moins leur proximité avec les Indigènes de la République, quand ce n’est carrément pas avec les promoteurs de l’Islam politique et de l’islamisme.

En la matière, celle qui fait preuve de la plus grande constance est sans doute la députée Clémentine Autain qui s’est, par exemple, mobilisée de manière très active pour contrer le témoignage de ces femmes se plaignant de ne pouvoir accéder à certains bars de Sevran.

Alors que la féministe qu’elle prétend être aurait dû spontanément se ranger aux côtés de ces femmes et faire sien leurs combats, Mme Autain s’est lancée dans une campagne de dénigrement à leur encontre, les accusant de mentir et allant jusqu’à poser devant les photographes dans l’un des bars en question pour prouver que «non, les femmes ne sont pas interdites dans les PMU de Sevran».

Le même schéma s’est reproduit quelques semaines plus tard à La Chapelle-Pajol lorsque des habitantes du quartier ont dénoncé le harcèlement dont elles se disaient victimes.

Au prétexte que les auteurs supposés des faits étaient des migrants et des «racisés» et que dénoncer leurs agissements contribuerait à accroitre le racisme à leur encontre, certaines féministes ont préféré charger les plaignantes accusées d’être des «militantes de droite» et des «menteuses», l’ancienne porte-parole d’Osez le féminisme, Caroline de Hass, poussant même le ridicule jusqu’à proposer l’élargissement des trottoirs pour éviter qu’hommes et femmes ne se croisent.

Pourtant, il faut n’avoir ni lucidité ni clairvoyance et surtout ne rien connaitre de la réalité du terrain – ou plutôt se borner à ne pas vouloir la voir – pour contester le fait que dans certains de nos quartiers, des pans entiers de l’espace public sont interdits d’accès aux femmes au nom d’une conception rigoriste et conservatrice de l’Islam.

Mais pour Mme Autain, dont le mouvement Ensemble! avait appelé à une réunion avec le très sulfureux Tarik Ramadan, la défense des droits des femmes devient secondaire lorsqu’il s’agit de relativiser des comportements qui sont pourtant contraires aux valeurs de notre pays et à l’idée même que nous nous faisons de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Mais Clémentine Autain n’est pas la seule à se distinguer par sa complaisance et son déni. La nouvelle députée de Seine-Saint-Denis Danièle Obono a provoqué un tollé ce week-end suite à son passage sur le plateau d’une émission politique de BFM TV.

Interrogée pour savoir si un employé masculin de la RATP refusant de prendre son service dans un bus conduit par une femme avant lui pouvait être considéré comme étant radicalisé, Mme Obono a commencé par expliquer qu’elle ne savait pas bien ce que signifiait ce terme, avant de conclure que le comportement de cet employé pouvait relever du sexisme et n’avoir aucun rapport avec la religion.

Questionnée dans la même émission sur le fait de savoir si l’interdiction du port de la burqa dans l’espace public était une décision légitime, la députée insoumise s’est montrée incapable d’avancer une réponse claire.

A Saint-Denis, c’est un élu municipal apparenté au groupe communiste qui fait régulièrement parler de lui. Obsédé par le conflit israélo-palestinien, Madjid Messaoudène ne manque aucune occasion pour critiquer Israël.

Si la critique de la politique menée par le gouvernement d’un Etat est parfaitement légitime – et même nécessaire dans le cas de l’actuel gouvernement israélien – le caractère pavlovien de cette critique, drapée sous les habits de l’antisionisme, cache en réalité une détestation irrationnelle des juifs.

En 2012, au soir de la virée meurtrière de Mohamed Merah dans la cour de l’école juive Otzar Hatorah, Messaoudène s’est fait remarquer par une série de tweets particulièrement ambigus et choquants ; «la campagne du PS suspendue aujourd’hui. Ce qui s’est produit à Toulouse est ignoble mais attention à ne pas avoir d’indignation sélective», «Pas de déplacement de Guéant ni Sarko lors du meurtre des militaires maghrébins, ni de suspension de campagne du PS. Deux poids…» ou encore «l’émission Mots Croisés annulée, à ce rythme on devrait aussi tous arrêter de respirer, de manger et surtout de réfléchir»…

Des propos d’autant plus inacceptables qu’ils émanent d’un élu de la République, tirant sa légitimité du suffrage universel.

Pourtant, le Maire de Saint-Denis qui connait les engagements de son élu n’a jamais pris ses distances avec lui.

De manière générale, les appareils politiques locaux comme nationaux restent le plus souvent inertes face à ces dérapages ouvertement antirépublicains de la part de certains de leurs cadres et élus.

La crainte de froisser un supposé électorat musulman dont le basculement peut dans certains territoires s’avérer décisif pour remporter le scrutin est évident. Mais ce n’est rendre service ni à la République, ni aux musulmans que d’accepter de telles dérives.

Ce n’est pas rendre service à la République que d’introduire l’idée qu’elle serait une addition de clientèles électorales vivant les unes à côté des autres et dont il faudrait satisfaire toutes les revendications alors que la défense du commun n’a jamais été aussi nécessaire et vitale que dans la période que nous traversons.

Ce n’est pas rendre service aux musulmans que d’imaginer qu’ils constitueraient un groupe homogène et uniforme, prêt à se vendre en bloc au politique le plus offrant. Prétendre combattre le racisme et essentialiser les citoyens de cette manière en fonction de leur conviction religieuse réelle ou supposée est une ineptie.

Le Printemps Républicain continuera à se battre contre ces dérapages.

Si les partis politiques traditionnels se refusent pour l’heure à assumer leurs responsabilités en la matière, nous continuerons à œuvrer pour que la réponse vienne des citoyens, de ces millions de français qui refusent de voir leur pays fracturé par la tenaille identitaire et qui placent le triptyque de notre devise républicaine au-dessus de tout.

Le combat ne fait que commencer. Mais il est aussi exaltant que prometteur.

Amine El Khatmi – Conseiller municipal d’Avignon et Président du Printemps républicain.

Source lefigaro

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