La Lituanienne Juliana Zarchi a été déportée au goulag à l’âge de 6 ans. Elle y est restée neuf années. Arrivée en URSS avec sa mère juive allemande rescapée de la Shoah, elle était pourtant considérée comme nazie.
Au micro de Valérie Nivelon sur RFI, la vieille dame se souvient. Une émission à (ré)écouter sur le site de la station.
Pour Valérie Nivelon, le goulag est « un compagnonnage de dix ans ». Une première fois en 2008, la productrice avait réalisé pour RFI une série d’entretiens avec des survivants de la déportation soviétique, Nos années goulag. Il y a quelques jours, dans La marche du monde, c’est à une Lituanienne, âgée de 6 ans lorsqu’elle a été envoyée au Tadjikistan, qu’elle a donné la parole ; un témoignage inédit parmi les cent soixante recueillis dans le cadre d’un projet international mené par le CNRS, en partenariat avec RFI, avec la collaboration de Marta Craveri, coordinatrice de l’opération et spécialiste du travail forcé soviétique, et Anne-Marie Losonczy, anthropologue, coauteures des Enfants du goulag (éd. Belin). « Une enquête transnationale et un vrai travail scientifique, indépendant de toute politique mémorielle, auquel j’ai apporté mon point de vue journalistique et documentaire, précise la journaliste, attachée à faire connaître ce pan occulté de notre histoire européenne. On commémore toujours la libération de la France et de l’Europe par les Alliés sans avoir à l’esprit que, pour beaucoup d’Européens, la guerre n’était pas terminée en 1944 ou 1945. Un million d’entre eux ont été déportés au goulag. Les derniers sont rentrés en 1991. »
“Toute ma vie, je me suis sentie différente”
C’est en 1944 que Juliana Zarchi est arrivée, avec sa mère juive allemande (rescapée de la Shoah, elle était pourtant considérée comme nazie), dans un village de « relégation », aux frontières de l’Afghanistan. « Les garçons nous jetaient des pierres, se souvient la vieille dame. Ils avaient dû perdre des pères dans cette guerre. » Elle aussi avait perdu le sien et comprenait mal en quoi elle était une ennemie.
Là-bas, esclave parmi les esclaves, elle cultivait le coton sous un soleil assassin – sa peau en a gardé les brûlures à tout jamais. La septuagénaire raconte les paysages, se souvient des récits issus des Mille et Une Nuits que sa mère lui racontait. C’est justement cette mémoire d’enfant que Valérie Nivelon et les chercheuses souhaitaient donner à entendre, se demandant comment, dans ces conditions de solitude et de vulnérabilité extrêmes, on grandit. « Toute ma vie, je me suis sentie différente », reconnaît Juliana Zarchi. Libérée en 1953, à la mort de Staline, elle n’est arrivée en Lituanie qu’en 1961. Eternelle fille de sa mère, elle n’a elle-même jamais eu d’enfant.
Pour en savoir plus cliquer ICI : accés aux au site « Mémoires Européennes du Goulag »
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