Les libéraux fédéraux prévoient présenter des excuses au nom du gouvernement canadien, qui en 1939, avait refusé l’entrée à un bateau rempli de Juifs Allemands qui souhaitaient trouver refuge au Canada, a appris La Presse canadienne.
Certains auraient voulu que les excuses relativement au MS St. Louis viennent de concert avec l’inauguration du Monument national de l’Holocauste à Ottawa, qui avait lieu mercredi. Mais finalement, le premier ministre Justin Trudeau ne s’est contenté que d’en faire mention dans son discours.
Lors de la cérémonie, M. Trudeau a dit espérer qu’un tel monument «nous rappelle toujours d’ouvrir nos bras et nos coeurs à ceux dans le besoin».
Le navire qui transportait 900 Juifs avait été refoulé à Cuba et aux États-Unis d’abord. Un groupe de Canadiens avait ensuite essayé de convaincre le gouvernement du premier ministre de l’époque, William Mackenzie King, de le laisser accoster à Halifax.
Bien que les documents historiques démontrent que M. Mackenzie King avait tenté de convaincre Frederick Blair, le directeur de l’Immigration au ministère des Mines et des Ressources naturelles, de prendre en considération leur revendication, ce dernier avait finalement refusé.
Le bateau était retourné en Europe. Certains passagers ont été acceptés par la Belgique, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, mais environ 500 autres sont retournés en Allemagne – dont la moitié n’ont pas survécu à la Shoah.
L’histoire de ce bateau est revenue dans l’actualité plus tôt cette année lorsque les images et les récits de victimes ont circulé sur les médias sociaux après l’adoption du décret migratoire de Donald Trump aux États-Unis, qui interdit l’entrée aux ressortissants de quelques pays.
Le député libéral Anthony Housefather y avait fait mention lors du débat sur le décret migratoire du président américain, affirmant que les Canadiens devaient se rappeler qu’ils ne sont pas à l’abri de telles décisions.
«J’espère qu’un jour, un gouvernement canadien s’excusera pour ce qui s’est passé avec le MS St. Louis», a-t-il déclaré.
Un travail de longue haleine
Depuis ce temps, le gouvernement planche sur des excuses.
M. Trudeau avait laissé entendre plus tôt cette année que son gouvernement irait de l’avant sur cette question. En entrevue avec le New York Times, il avait dit que le Canada devait reconnaître qu’à certains moments dans l’histoire, il ne s’était pas montré accueillant.
Il a soulevé l’incident du MS St. Louis parmi plusieurs autres exemples, dont le refus du Canada d’accepter un navire de sikhs en 1914 ou l’internement de citoyens japonais pendant la Seconde Guerre mondiale – deux cas pour lesquels le gouvernement s’est excusé formellement.
Les libéraux tentent maintenant de déterminer le meilleur moment pour offrir les excuses.
Le monument national enfin inauguré
Un monument consacré au navire appelé La roue de la conscience (Wheel of Conscience) est érigé au Musée canadien de l’immigration du Quai 21, à Halifax.
Il a été conçu par Daniel Libeskind, aussi à l’origine du Monument national de l’Holocauste, qui a officiellement inauguré mercredi après des dizaines d’années de préparation.
Le projet avait été lancé en 2007 par un étudiant de l’Université d’Ottawa qui s’était plaint que le Canada était le seul pays des Alliés à ne pas avoir un tel monument.
Le gouvernement conservateur s’était saisi du dossier. Le projet de loi d’initiative parlementaire avait été le dernier à recevoir la sanction royale avant que les conservateurs ne soient défaits à un vote de défiance en 2011.
Les coûts estimés à 8,95 millions $ sont assumés par le gouvernement et des donateurs privés.
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