La percée de l’extrême droite aux élections législatives allemandes n’a peut-être pas été évaluée à sa juste mesure : elle menace la démocratie du pays le plus important de notre continent.
La lutte contre un populisme auquel cèdent divers régimes européens qui y trouvent un palliatif à leurs frustrations doit rester la priorité, même si l’affaiblissement de la chancelière Angela Merkel complique son action politique.
LES MOUVEMENTS populistes, de droite ou de gauche, sont souvent divisés. De même que Florian Philippot a quitté le Front national pour tenter de former une alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, de même Frauke Petri, figure de l’AfD, excédée par la violence des propos d’Alexander Gauland, un autre leader du parti, a annoncé le soir même des résultats des élections au Bundestag qu’elle ne siègerait pas dans les rangs de l’AfD. Mauvais départ pour une formation qui, pour la première fois, envoie un régiment de députés au Bundestag. C’est indubitablement l’immigration qui a donné à l’AfD sa soudaine puissance. Quand Angela Merkel, dans un accès d’humanisme, a décidé d’ouvrir les frontières de l’Allemagne à un million de migrants, elle a déclenché la colère de ses concitoyens. Les électeurs de l’AfD, en tout cas, ne lui ont pas pardonné son geste et le lui ont fait payer très cher. Il est vrai que la chancelière, connue pour son culte du dialogue, prend parfois des décisions brutales, et sans concertation. On se souvient de son abandon de l’énergie nucléaire au lendemain de la catastrophe de Fukushima, qui l’a contrainte à recourir au charbon pour compenser la fermeture de ses centrales.
Ils sont dans les Parlements.
La victoire de l’AfD aux élections de dimanche dernier montre que Mme Merkel, pas plus d’ailleurs que les sociaux-démocrates qui faisaient partie de sa coalition, n’a rien vu venir. Mme Merkel a sans doute pensé que l’accord passé avec la Turquie pour tarir le flux migratoire en provenance du Proche-Orient produisait d’excellents effets et, que la fermeté succédant à la générosité, son peuple ne lui en voudrait pas. Mais, comme en France, l’intolérance pour des immigrés qu’il est difficile d’intégrer provoque en Allemagne une grogne durable. L’immigration est un sujet qui va continuer à peser sur l’Europe. Et, comme il nous est impossible de fermer nos frontières, elle va encore alimenter des postures nationalistes un peu partout dans les pays de l’Union. En France, Emmanuel Macron a beaucoup de mal à se faire aimer de ses concitoyens, mais c’est une star européenne. La plupart des gouvernements des 27, en tout cas ceux qui sont restés très attachés aux principes démocratiques universels voient en lui l’homme qui a empêché Marine Le Pen d’être élue présidente. La victoire de M. Macron en a soulagé plus d’un en France et ailleurs. Mais le boulet est passé très près. Mme Le Pen a obtenu 34 % des suffrages au second tour et l’AfD va occuper plus de 90 sièges au Bundestag. Le poison est une réalité qui envahit déjà nos institutions.
Survivante du stalinisme.
Les déboires de Mme Merkel font de M. Macron le porte-flambeau des démocraties européennes. Tous deux, néanmoins, doivent unir leurs forces. D’une part, Mme Merkel a tout de même gagné les élections. D’autre part, elle doit établir une échelle des priorités. Il est insupportable que le pays qui a enfanté le nazisme oublie si vite son histoire et pense de nouveau à ces solutions qui ont détruit le continent au siècle dernier. La solidité de la chancelière allemande vient aussi de ce qu’elle a survécu à un autre totalitarisme, le stalinisme. Sa première bataille, c’est donc contre l’AfD qu’elle doit la conduire. Le danger populiste n’étant pas moins grand en France, le renforcement des liens franco-allemands que tant de dossiers économiques, fiscaux et sociaux rendent nécessaire, devient un impératif catégorique. Le président et la chancelière doivent à tout prix trouver des solutions communes pour faire reculer l’intolérance, ce qui implique un rapprochement des programmes budgétaires, fiscaux et une politique commune de l’immigration.
La CDU et le SPD jurent, avec une touchante harmonie, qu’il est temps de mettre fin à la coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates. Les deux partis, en effet, ont fait leur plus mauvais score depuis la création de la République fédérale. On voit mal, pourtant, comment une coalition CDU, Verts et libéraux pourrait fonctionner, sauf à imaginer un miracle produit par une de ces négociations dans lesquelles Mme Merkel excelle. Reste à savoir si les deux plus grands partis d’Allemagne ne doivent pas se réunir une fois de plus pour protéger leur démocratie.
Ne pas oublier l extreme gauche , une grande part de la gauche , et ne pas ceder a cette histoire d extreme droite qui n est pas plus antisemite que toute cette « goche » !
Un « accès » d’humanisme ou un « excès » d’humanisme ?
Ils faudrait poser la question aux Allemands qui subissent « l’humanisme » de Mme Merkel plus sûrement qu’elle même à mille lieues du quotidien de son peuple.