Trois leçons de la Shoah pour aujourd’hui, par Alain Chouraqui

Alain Chouraqui est directeur de recherche émérite au CNRS, président de la Fondation du camp des Milles Mémoire et Éducation et titulaire de la Chaire Unesco sur « Education à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires ».
Alain Chouraqui, lors d’une commémoration au Camp des Milles. S.G.

« Ceux qui, dans les années 1930, n’ont pas vu le monde aller à la catastrophe n’étaient pas plus stupides que nous. Une grande différence aujourd’hui, c’est que cette horreur moderne a déjà eu lieu, et que nous pouvons mieux comprendre comment elle advint et peut revenir, contre n’importe quel peuple.

L’expérience du pire est un repère fondamental qui nous permet de réagir à temps aux extrémismes, aux racismes et à la xénophobie, aux vagues irrationnelles qui se creusent en période de tempêtes sociétales. On oublie trop souvent que la Shoah est une histoire humaine atroce, mais aussi infiniment utile pour alerter le présent.

Retenons ici trois grandes leçons :

– C’est dans les commencements qu’il faut réagir fermement aux extrémismes, car les résistances sont de plus en plus difficiles voire sanglantes au fil des engrenages. Sur un terreau de difficultés sociales et de crispations identitaires, la recherche de boucs émissaires nourrit des passions racistes qui deviennent vite l’aliment puissant d’exclusions et de violences. En quelques mois la démocratie défaillante a laissé place à l’autoritarisme criminel, aux premiers camps, à la fin de la presse libre, des syndicats et des partis.

– Dans l’histoire européenne, l’antisémitisme a toujours joué le rôle d’un « avertisseur d’incendie » (W. Benjamin) pour la démocratie. Ainsi, la vague de violences antisémites des années 2000 -peu remarquée – annonçait les attentats sur d’autres cibles et sur la population en général, nourrissant un engrenage d’extrémismes identitaires, religieux ou populistes, qui prennent notre démocratie en tenailles.

– Chacun peut résister, chacun peut réagir, chacun à sa manière. Les actes de courage individuels ou collectifs sauvèrent des milliers de vies et constituèrent des obstacles réels devant les politiques criminelles. Ne rien faire c’est laisser faire. Aujourd’hui comme hier. Y compris face au scandale des enfants qui se noient sous nos yeux en Méditerranée. »

Source lamarseillaise

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