Les personnes coléreuses sont plus enclines à souffrir de troubles mentaux, selon une étude de TAU

D’après une étude menée par le Dr. Gadi Gilam de l’Ecole de psychologie et de l’Ecole des neurosciences de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction du Prof. Talma Hendler, il existe un lien entre l’activité de la zone du cerveau qui régule la colère et le risque de développer des symptômes post-traumatiques comme les troubles du sommeil, l’anxiété, la mauvaise humeur et l’irritabilité.

Selon les chercheurs, l’étude, réalisée en collaboration avec les Dr. Eyal Fruchter et Keren Ginat du Service de santé mentale de l’armée israélienne, fournit la base d’une future thérapie cérébrale en particulier pour les troubles impliquant une colère incontrôlable.

La colère est une émotion puissante courante dans les situations interpersonnelles qui peut s’exprimer sous forme d’accès de violence verbale ou physique envers l’environnement. Il est donc constamment nécessaire de la réguler et de l’adapter aux normes sociales. Une colère incontrôlée, qui peut prendre la forme de crises de fureur, est le symptôme d’une variété de troubles psychiatriques, comme par exemple le syndrome de stress post-traumatique (TSPT, ou en anglais PTSD, Post-traumatic Stress Disorder). Il s’agit d’un trouble d’anxiété causé par l’exposition à un événement grave, stressant, pénible ou effrayant impliquant une menace physique ou émotionnelle pour la vie ou le bien-être de la personne. Si l’exposition est continue, on parle de « stress chronique », phénomène qui peut également se développer dans des situations telles que les périodes d’examen, un travail stressant 24 heures sur 24 ou une situation économique difficile et continue.

Un lien entre la réponse du cerveau à la colère et les symptômes post-traumatiques

« Nous avons examiné la relation entre la zone du cerveau qui contrôle la colère dans les conflits sociaux et sa capacité à la réguler, et le risque de développer des symptômes de TSPT, comme les troubles du sommeil, les pensées d’anxiété récurrentes, la mauvaise humeur et l’irritabilité » explique le Dr. Gilam.

Pour ce faire, les chercheurs ont mesuré par IRMF (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) l’activité cérébrale de 29 soldats servant dans des unités de combat, au début de leur période de classes et un an plus tard, à la fin de leur formation de combattant, durée pendant laquelle ils sont confrontés à des situations extrêmes telles que la privation de sommeil et des défis de survie. « Les efforts mentaux et physiques continus qui sont exigés d’eux sont susceptibles de causer un phénomène de stress chronique, voire de trouble de stress post-traumatique », explique le Dr. Gilam. « Par ailleurs, nous avons examiné l’activité cérébrale de 17 jeunes d’âge similaire qui se sont portés volontaires pour une année de service (avant leur service militaire), également à deux moments, au début et à la fin de la période ».

L’activité cérébrale a été mesurée au laboratoire du Centre d’étude pour le fonctionnement du cerveau de l’Université de Tel-Aviv, alors que les sujets participaient à un jeu conçu pour éveiller la colère, comprenant notamment des propositions de répartition d’argent entre deux joueurs. Un des deux joueurs (acteur professionnel formé pour la circonstance) présentait à son concurrent des propositions délibérément injuste (un montant plus important pour le proposant), accompagnées de commentaires verbaux énervants (tels que « Ne pleurniche pas »). Les sujets savaient qu’ils participaient à une expérience mais n’étaient pas conscients de la manipulation qu’ils subissaient. Par ailleurs, les chercheurs ont vérifié si les sujets présentaient des symptômes post-traumatiques par un questionnaire, dans lequel on leur demandait, par exemple d’évaluer sur une échelle de 1 à 5 à quel point ils souffraient de difficultés à s’endormir / de rêves perturbateurs récurrents / de transpiration / de palpitations cardiaques etc.

Deux zones du cerveau

« Nous avons constaté, chez les répondants qui ont réagi davantage par conciliation, acceptant plus d’offres et gagnant ainsi plus d’argent, et qui ont parallèlement déclaré avoir ressenti moins de colère, une hyperactivité de la zone située au centre du lobe préfrontal intérieur (Ventromedial Prefrontal Cortex, vmPFC). Cette zone est responsable, entre autres, du contrôle et de la régulation de l’émotion. En d’autres termes, l’activité de cette zone est liée à la réduction de la colère et à la prise de décisions plus mesurées. Par contre, nous avons constaté que les sujets qui ont réagi plus agressivement, rejetant toutes les propositions et signalant plus de colère, présentaient une hyperactivité du noyau appelé Locus Coeruleus LC, qui sécrète le neurotransmetteur norépinephrine, en particulier lors de situations stressantes, et est connu pour être impliqué dans les comportements agressifs ».

La seconde expérience a été menée un an plus tard, c’est-à-dire à la fin de la formation de combat / année de service. « Nous voulions examiner si la période difficile traversée par les soldats affectait leur réponse cérébrale à la colère » explique le Dr. Gilam. « Nous avons tout d’abord constaté à travers les questionnaires que les soldats présentaient une augmentation de symptômes post-traumatiques, mais pas les civils. Nous avons ensuite découvert que les soldats qui avaient une activité de la zone vmPFC plus forte au premier point de l’étude, c’est-à-dire ceux qui présentaient une meilleure capacité de régulation de la colère, avaient moins de symptômes post-traumatiques la deuxième fois (à la fin de la formation de combat). En outre, nous avons remarqué que plus l’activité de la zone LC était élevée, c’est-à-dire plus l’implication de cette zone était grande en réponse à la provocation générée au cours du jeu, plus les soldats éprouvaient de symptômes post-traumatiques.

Les bases d’une future thérapie cérébrale

Selon les chercheurs, ces résultats montrent que les personnes qui parviennent à mieux réguler la colère possèdent un risque plus faible de développer des symptômes post-traumatiques. Autrement dit, elles font mieux face au stress chronique. « Nous avons trouvé un marqueur cérébral qui indique la sensibilité aux troubles psychiatriques. En même temps, nous avons constaté que la réponse du cerveau à la colère augmente avec le stress chronique et accompagne le développement des symptômes. C’est peut-être la raison pour laquelle les patients présentant des troubles PTSD souffrent d’irritation agressive ».

« En conclusion, si nous pouvions améliorer la capacité de régulation de la colère et peut-être même d’autres émotions, nous pourrions rendre les personnes plus résistantes au stress chronique et à ses effets négatifs. En d’autres termes, l’étude fournit la base d’une future thérapie cérébrale, en particulier des troubles impliquant une colère incontrôlable. Nous examinons actuellement dans le cadre d’une poursuite de l’étude, en collaboration avec le Dr. Rani Abend de l’Institut national de la santé mentale, NIMH, aux Etats-Unis, la possibilité d’utiliser la stimulation électrique pour augmenter l’activité de la zone vmPFC de sujets sains afin de réduire la colère et l’agressivité.

Source ami-universite-telaviv

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