Huit ans après avoir obtenu le Lion d’or pour son premier film « Lebanon », l’Israélien Samuel Maoz peut clairement rêver de d’en décrocher un second avec “Foxtrot”! A mi-chemin de la compétition, son deuxième film est en effet l’un des plus impressionnants du festival.
Montagnes russes émotionnelles
« Foxtrot » s’ouvre de façon magistrale par l’exploration de la douleur et le choc d’un couple à qui l’armée israélienne vient apprendre la mort de leur fils. Mais quand on leur apprend qu’il n’est pas mort, qu’il s’agissait en fait d’un homonyme, le film bascule alors sans prévenir vers l’absurde, suivant alors le quotidien morne du jeune soldat cantonné sur check-point perdu dans le désert…
Comme dans « Lebanon », Samuel Maoz creuse la question du destin, du hasard. Pourquoi la mort frappe-t-elle un tel plutôt qu’un autre, à tel moment plutôt qu’un autre? Si « Foxtrot » est un tel coup de poing, c’est que l’Israélien relit les ressorts de la tragédie grecque à travers une mise en scène formellement très audacieuse. Tandis que, maniant avec talent l’art de la transition, il saute d’un registre à l’autre pour faire passer le spectateur par des états émotifs contradictoires: interrogation, rire, larmes… Comme dans la vie en somme.
Guédiguian fait le bilan
L’autre belle surprise du week-end est venue de Robert Guédiguian qui, avec La villa, en revient à son cinéma le plus pur, le plus simple, et retrouve ses acteurs fétiches: Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan. Soit une soeur et deux frères réunis dans la villa de leur père, victime d’une grave AVC pour décider ce qu’ils vont faire de cette maison, symbole de l’utopie du paternel, qui rêvait de faire de ce petit port de pêche une commune libre…
Vingt-deux ans après « Ki lo sa? » — dont il réutilise ici quelques séquences dans une scène bouleversante, où l’on retrouve son trio d’acteurs tout jeunes —, Guédiguian livre un film d’une profonde humanité. Comme personne, le Marseillais sait encore se faire l’écho de la grandeur passée d’une classe ouvrière, fière et digne, aujourd’hui disparue. Même si, face à l’évolution irrémédiable de la société, le cinéaste de 63 ans semble faire le deuil de l’utopie communiste qui l’a toujours porté, pour se recentrer vers le noyau familial. Sa famille personnelle — son film est nourri de souvenirs d’enfance — mais aussi sa famille de cinéma.
Road-trip vers Key West
De retour en Compétition à Venise 10 ans après y avoir décroché le grand prix pour « Ovosodo », Paolo Virzì présentait, lui, The Leisure Seeker, son premier film tourné en anglais. Ou les dernières vacances d’Ella et John, un vieux couple dont le mari souffre d’Alzheimer… Contre l’avis de leurs enfants, ces deux habitants de la région de Boston décident de grimper une dernière fois dans leur vieux camping-car pour mettre le cap tout au sud, vers Key West en Floride. Leur but: visiter enfin la maison d’Hemingway, dont John fut un spécialiste…
Après les épatants « Les Opportunistes » et « La pazza gioia », Virzì signe ici une adaptation étonnamment sage d’un roman de Michael Zadoorian. Les enjeux du film sont en effet assez limités, tandis que le thème de la fin de vie choisie — également abordé chez Guédiguian mais avec autrement plus de retenue — est traité de façon assez convenue. Cette émouvante comédie est néanmoins portée par un duo diablement charismatique: Helen Mirren et Donald Sutherland, irrésistibles !
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